samedi 20 décembre 2008

REGARD

Paris 20ème, à la Forge. Peinture murale de Wanda Savy (2007).

***

Un message envoyé par des prunelles écloses
Plus fort avec l'été qui leur envoie ses flammes
Souvent inconscient, parfois il indispose
C'est le regard osé des hommes sur les femmes.

Il juge et postule tant il se croit sans tache,
Ses idées, son confort, ce à quoi il s'attache,
Il exclut et condamne avec des préjugés :
C'est un certain regard sur une peau basanée.

Un miroir sans tain, c'est un visage sans fard.
Il faut toute une vie pour connaitre le nôtre
Celui qui nous anime hors de la vue des autres
C'est le regard sur soi, qu'il importe d'avoir...

Toi, je te vois, mais je ne te regarde plus,
Et je lance parfois des œillades obliques
Baladeuse, aujourd'hui sur de nouveaux déclics,
Ailleurs, je contemple ces êtres qui te tuent.

***


Je ne résiste pas, je rajoute celui-ci trouvé aujourd"hui dimanche : il illustre à merveille "le regard sur une peau basanée"...et surtout il est MA-GNI-FI-QUE !!! (l'artiste s'appelle SWING)

***
Je profite de l'occasion pour vous indiquer l'ouverture récente de deux blogs consacrés à des hauts lieux du graffiti : La Forge et La rue Denoyez, par Thias, qui tenait déjà un blog sur la Rue de l'Ermitage et qui est membre de notre blog Photograff Collectif. Il y a de petites merveilles, allez voir !

samedi 13 décembre 2008

EXCLUSIF

Deux grandes nouvelles aujourd'hui ! D'abord, c'est l'anniversaire de Tatiana, aka la Tigresse du goulag, la Manouche, Taterproof, Tat à l'Oeil et j'en passe et des meilleures ! Et pour lui souhaiter dignement son anniversaire, voici mon cadeau, une photo d'une superbe grenouille par Ludwig (celle-là aucun du Collectif ne l'a je pense) car je sais qu'elle les adore :

HAPPY BIRTHDAY TAT !!!
et
Judgi's Blog présente :

"LES PARAPLUIES BLEUS ou LA PIRE HUMIDE DU LOUVRE"
---
Le premier roman-photo en style télégraphique !!!


THE END

Bon, j'ai pas la photo de l'emballage...DOMMAGE !
Oui je sais, j'ai pas fait dans la dentelle alors pour me rattraper, voici :
>>>>>>>>>>>

LA VERSION PARASOL

L'ombrelle c'est l'ombre d'elle, les vents taillent ses dentelles.
*
Merci à Paris-Emoi pour ces portraits et les bons moments passés au Père-Lachaise sous le soleil exceptionnel de ce début novembre.
*
Son aile est gansée : l'art scénique éveille, danse-t-elle ?

Je remercie également ces deux inconnus qui m'ont servi de modèles à l'insu de leur plein gré; bien sûr, mon interprétation est toute subjective et je vous laisse libre d'imaginer un autre scénario !

lundi 8 décembre 2008

De lourdes portes en fer
Dessinent tes tranchées
*


rue Saint-Maur (Chantier Vivant)
*
Des voutes à pois de verre
Abritent tes pavés

(je me rappelle plus...9ème je crois:)
*
Comme j'aime tes travers
Et tes milliers de traits


Les carreaux des impers
Sont ta croix à porter


rue de l'Oratoire
*

Des grilles et des rollers
Font des ombres rayées


rue de Rivoli
*

De grands panneaux ouverts
A relire zébrés


Palais-Royal
*

Des rues d'or en barres fières
De leur papier haché


I am a man (l'Atlas) bd. Ménilmontant - montage
*


Palais-Royal, près des colonnes de Buren
*

Paris tu m'es capital, c'est vrai,
Et je lis tes ratures !

*
Et en ce moment sur le blog du Piéton de Charonne, une photo d'actualité avec un texte que j'ai écrit pour deux Gérard.
A vous de voir...

lundi 1 décembre 2008

JEU DE DAMES, JEU D'ÂMES

Pour commencer ce mois de décembre dans une ambiance festive, retour à la poésie ! Noël approche, avec ses dîners en famille, ses jeux de société au coin du feu, et le champagne à la carte;) Un peu de lèche-vitrine à J+25 et l'ouverture des cadeaux !

*
Dans un jeu de cartes à jouer, pas de place au hasard
La blonde est à la rousse ce que la brune est à la noire

Vitrine de Noël des Galeries Lafayette (2008)

POCKER ou JOCKER ?

***

Pallas est dame épique, avec elle tu t’empales
Si t’as pas l’as elle passe sur tes rêves d’eau pâle
Déesse de la guerre, sa saison est l’hiver
Et les froids qui te piquent sont les pieux de l’enfer !

Un écu protecteur, vermillon comme l’automne
Pourrait bien t’épargner de rester sur le carreau...
Les losanges de Rachel sont les anges des maux
Ils sont la taie de soie qui veille sur ton somme.

Judith est l’âme de cœur battant d'un été d'ailes,
Comme pour Cupidon, l’amour est son ardeur
Elle tend de sa main blanche un bijou, une fleur :
Aux jeux de la passion, combien de bagues a-t-elle ?

Argine est l’anagramme du latin regina
De cette Reine sans nom, c’est le trèfle l’emblème
Il sacre le printemps de ses trois pétales blêmes
Mais dame ! on lui préfère de loin les quadrifolia.

Clin d'oeil à quelqu'un qui se reconnaîtra s'il passe par là...

mardi 25 novembre 2008

LES 7 PECHES CAPITAUX SELON EMMANUEL LACOSTE

Sticker de vitrine par Miss Bers et Charlotte de And us* (www.andus.fr)

Jeudi 20, j'étais au vernissage d'un pote. Emmanuel Lacoste revisite Les 7 péchés capitaux avec une conception de la joaillerie-sculpture de haut vol. Cinq mois de travail acharné pour réaliser un ensemble d'une puissance graphique sensationnelle. Les matériaux sont nobles, la sobriété des matières donne une maturité symbolique à l'ensemble, avec une touche d'humour qui ne vous échappera pas. Je vous propose mon décryptage d'une oeuvre qui m'inspire ! Tous les mannequins sont en résine et ont été reponcés pour prendre la forme souhaitée, puis repeints en blanc. Chaque sculpture est à la fois épurée et sophistiquée; la punition qu'encourt celui qui s'adonne au péché est induite par l'utilisation présupposée du bijou.




La Luxure : selon moi, cette interprétation est assez féministe. Il s'agit là d'un bijou féminin d'une grande délicatesse. La structure métallique autour du verre est en laiton (pour le modèle d'expo - le bijou définitif sera en or jaune) : on glisse un doigt audacieux dans un fourreau de dentelle, dans une verge en verre. C'est la femme qui pénètre l'homme en somme...et la verge est fragile. Une fois introduite, elle peut se briser !



La paresse : qui se frotte à la flemme s'y pique : ce petit coussin de plumes d'oie rehaussé d'argent chromé a l'air bien confortable, mais à y regarder de près...les aiguilles de métal en son milieu et dans les angles laissent présager un sommeil épineux !



L'envie : ce morceau de fromage en plaqué or sur une fort délicate tapette à souris en bois est tentant, mais parfois il faut savoir se restreindre sous peine de se faire pincer...


Les photos réduites se "pixellisent", cliquez dessus pour avoir les photos nettes

L'avarice : cette sphère de vermeil, qui contient des pierres fines et des cristaux, avec ce tour de cou orné de vison, est raffiné à souhait mais...la fortune, lorsqu'on la garde pour soi, n'est-elle pas un boulet étouffant ? L'argent fausse les rapports humains...



L'orgueil : quelle femme ne rêve pas de posséder le plus gros solitaire de la planète ? (réponse...moi;). Blague à part, c'est un symbole universel, signe extérieur de richesse par excellence...plus le diamant est gros, plus l'égo a des chances de l'être...eh bien cela tombe bien car ce solitaire d'argent a pour facettes des miroirs. Vous avez dit narcissique ?



La gourmandise : or blanc et citrine ornent des lèvres qui semblent sur le point de succomber...La jolie Anne pose pour moi. Pour l'occasion, des sucettes identiques à la forme de celle-ci avaient été confectionnées.



La colère
: rouge est sa couleur. Rubis, titane, or blanc et cuir de caïman sont les ornements de ces poings américains/pendants d'oreille. Chic et choc terrible : le sang des lobes arrachés peut s'écouler sur ce cou blanc s'ils venaient à être utilisés...

***
Pour le plaisir des sens, je vous invite à aller voir l'expo de Manu qui dure jusqu'au 20 décembre à la Galerie D-ROOM. Moi, j'y retournerai peut-être le 6 pour la Saint-Nicolas et les manalas (petits pains traditionnels confectionnés en Alsace la veille de la Saint-Nicolas). La gourmandise est un péché, je sais !


Emmanuel Lacoste

mardi 18 novembre 2008

Miss.Tic & Rimbaud à la Galerie W, X, Y, Z...


Rimbaud par Troy Henriksen, Galerie W.
*
Vendredi soir dernier, j'étais avec Tat à un vernissage de Miss.Tic à la Galerie W. Entre deux petits fours et quelques coupes de champagne, nous déambulions parmi les gens et admirions les aphorismes de la Miss écrits sur de grandes toiles noir et blanc (l'occasion pour moi d'illustrer mon propos de quelques-uns des pochoirs préférés de ma collection). A l'étage, d'autres oeuvres sont exposées, dont des portraits d'Arthur Rimbaud. Vous connaissez mon admiration indéfectible pour ce poète. C'est alors que je remarque que l'un des portraits d'Arthur est caché derrière d'autres toiles. Je m'exclame que c'est dommage de l'avoir caché. Une voix s'élève derrière moi : "Vous avez dit Arthur Rimbaud" ? Oui, je l'ai dit. "Alors j'ai quelque chose qui pourrait vous intéresser...". Et un jeune homme me tend un CD sous blister avec écrit en lettres d'or le nom de mon poète favori ! Je me déleste promptement d'un billet pour acheter à Raphael Didjaman le CD dont il a composé la musique et dont il est aussi le producteur. Il est accompagné de son ami Simon Zed alias Lino Zapette, mime-clown, qui raconte "Angoisse" d'une voix saccadée et inquiétante à souhait sur le CD.



Nous parlons art de rue et, comme un hasard ne vient jamais seul, Raphaël et Simon connaissent bien Ali Fekih, que j'ai eu l'occasion de rencontrer avec Tat et Paris-Emoi à Beaubourg (vous trouverez des photos de ce danseur hors du commun sur leurs blogs ainsi que sur celui d'Henri ; également, des photos de Paris-Emoi dans la nouvelle monographie de Miss.Tic "Femme de l'être", et anciennement dans "Parisienne"). Sur l'album, je vous invite à écouter la voix de stentor de Jean-Claude Dreyfus sur "Vénus anadyomène", son interprétation est d'une ironie mordante et jubilatoire. La voix de hache d'Arthur H, profonde et sinueuse, nous plonge dans le tunnel d'un oeillet violet sur l'Idole, tandis que Desireless, dans le moindre de nos désirs et fidèle au tube qui l'a rendue célèbre, nous emmène en voyage au travers de "Sensation" avec un phrasé qui vous porte aux nues. Le timbre espiègle de Sapho nous titille - non, on n'est pas sérieux quand on a 17 ans, et l'on se souvient de nos premiers émois d'ado dans son "Roman". Denis Lavant s'avance dans un texte difficile, mais son Bateau Ivre vogue au gré d'un timbre puissant, aussi changeant que les éléments qui l'animent. Je pourrais vous parler de toutes les interprétations mais 20 titres ça fait beaucoup ! Bref, c'est un album à écouter allongé, zen, pour se concentrer/recentrer pleinement sur les textes. Petit bémol toutefois sur "Le bal des Pendus"; l'interprétation monocorde et la voix ont un timbre qui n'évoque pas d'écho en moi...une écoute pénible, comme une note discordante dans cet enchaînement harmonieux. Mais l'ensemble est d'une poésie profonde, d'une émotion qui vous fait frissonner, sourire, méditer, respirer, rêver...De plus, l'album est admirablement illustré par Ida, une artiste-peintre dont le talent m'a scotchée (retrouvez des photos de ses toiles en cliquant sur SITE OFFICIEL). Une émission radio de 45mn sera consacrée à cet opus le 8 décembre prochain sur Nova (101.5) et les artistes seront à l'antenne à partir de 22h. Raphaël prépare un second hommage à Rimbaud avec d'autres artistes. Voilà une belle rencontre riche en signes qui me fait dire que, décidément, dans la vie, il y a des coïncidences qui vous laissent...cent voix.


[Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme].

In Sensation. Ces vers se sont gravés dans ma tête dès la première lecture.


[Quand sera brisé l'infini servage de la femme,
quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète, elle aussi !]
*
Lettre à Paul Demeny dite "du Voyant".
Arthur était un visionnaire !

mercredi 12 novembre 2008

Un JEU de METAL où JE M' ETALE
*
Je voudrais :

Croiser l'étain plutôt que le fer avec toi

Acheter un silence d'or au prix de ta foi

Avoir l'odeur d'un don de soi
Plutôt que celle de ton argent qui n'en a pas

Garder pour toi un coeur nickel et fort
Au lieu d'avoir si peur qu'il ne batte plus en corps

Trouver que la chaleur de plomb de mon aimant
Est celle d'un adoré qui m'attire et me prend


Et la plume de sa main de platine et d'alu,
Qu'elle tourne plus doucement que celle qui me tue

Que le bronze soit plus sonore qu'un cuivre
Pour ériger mon corps en statue qui se livre

A mes flancs que ton chrome adoucisse le mercure
Caressant mes laitons sous cette température

Que l'airain de ces reins ressoudés au titane
Soit plus vif que l'épée qui me transperce l'âme


Et je voudrais tellement que mes nerfs bien trempés
Supplantent ton acier bien trop froid pour rêver :

Tu ne tends qu'une oreille à ma plainte de vermeil
Dont le vernis s'écaille à force de ces veilles

Car enfin je ne dors que pour rêver de toi
Pour combien de temps encore ? je ne le sais pas.

***

Photos : CARRE 1 - Mémorial des déportés au Père-Lachaise, "Fontaine Emergeante" par Chen Zhen Paris 13ème, détail "Soul II" par Jaume Plensa et "Priscilla" par Joana Vasconcelos, Fiac 2007. CARRE 2 : toile d'araignée (Normandie, la Vieille Lyre) Expo 400 ml aux Métallos (bombe aérosol compressée par Native), Jérôme Mesnager (Neuilly), oreille, détail d'une rampe à la Défense.

NB = Ceux qui ont FREE comme opérateur rencontrent en ce moment des problèmes d'affichage de photos sur ce blog, ce qui est dû à un dysfonctionnement entre Free et Lycos. Le problème a déjà été signalé par les freenautes et les techniciens de Free planchent dessus. Pour l'instant je charge directement les photos via blogger et il faudra donc attendre que le problème soit résolu pour que toutes les photos du blog soient de nouveau visibles.

mercredi 5 novembre 2008

LE CROQUE MORT

Chanson d'automne, paroles Chrixcel, musique ??? ben qui veut !;)

°°°°°°°°°°°
On m’appelle le croque-mort
Surtout me demandez pas pourquoi
Y paraîtrait comme ça que j’mords
Pourtant croyez-moi c’est pas l’cas !


Moi la vieille carne m’fait pas d’effet
J’préfère de loin la bonne chair fraîche.
C’est quand je bosse au Père-Lachaise
Que j’mate les filles à la peau de pêche...

Celles-là j’en fais bien mon casse-dalle
Je les chauffe au crematorium
Et il faut dire qu’en général
Ca les fait tomber dans les pommes
(mhmm c’est bon les pommes au four…)

C’est qu’la nature m’a fait bel homme
Et mon métier fait fantasmer
Ben ouais les femmes moi je les tombe
Aux mises en bière pour les griser !

On m’appelle le croque-mort
Surtout me demandez pas pourquoi
Y paraîtrait comme ça que j’mords
Pourtant croyez-moi c’est pas l’cas !

Dans ma rubrique nécrologique
Il n’y a que des corps qui se pintent
Vous m’direz au fond c’est logique,
Même ivre-mort j’use des feintes !

A celles qui veulent voir leur cher Jim
A sa sublime voix sur fond d'orgues
Je souffle que la Mort y sonne
Elles me disent tout bas : "J'imagine" !

Mais y a pas de fumée sans feu
Fallait s’douter qu’y aurait un os
C’était bien trop beau pour durer
La concession à perpétuité !

Un jour la mort m’a rattrapé
Celle-là je l’avais oubliée !
J’étais alors très emballé
Par une dame fort décomposée...

Mais par mes traits je vous rassure !
J’vous l’ai dit, j’aime pas la peau mûre…
C’est que j’venais juste d’expirer
Dans un coït un peu musclé !

On m’appelait le croque-mort
J’faisais des films d’art et décès
Je méritais la Palme d’Or
Au lieu d’quoi j’ai fini fauché !

*
Et puisqu'on parle d'emballage : j'ai découvert au Père-Lachaise une étrange façon de préserver la chair/pierre avec ce film plastique…une «œuvre» que n’aurait pas renié Christo ! Mais savez-vous pourquoi ? Moi, je ne sais pas...

jeudi 30 octobre 2008

VADE RETRO CRUCIFIX, ET VENGE ELYSEE !
(billet tendance X-FILES;)

J'habite dans un quartier populaire de Paris aux noms désepérément mystiques. Cela m'a frappée d'emblée lorsque je suis venue m'y installer début avril 2007. D'abord, les noms de voies tournent autour de la même thématique religieuse (impasse du Curé, marché, impasse, rue, boulevard et avenue de la Chapelle, rue et square de la Madone...en plus de l'Eglise Sainte Jeanne d'Arc et celle de Saint-Denys de la Chapelle.) Je suis moi-même rue de l'Evangile, au numéro 13. Une rue qui se termine, non loin de là, par la présence du tout dernier calvaire de Paris (cf. photo ci-dessous).

"Pâle dans son lit vert où la lumière pleut..." Rimbaud, le Dormeur du val.

Alors, quand on s'appelle Christ-elle et que l'on considère tous ces éléments ensemble, on trouve que cela fait de drôles de coïncidences. Et puis, lorsqu'un matin, en sortant de la douche en tenue d'Eve, on aperçoit sur la vitre embuée de la salle de bains une croix inversée jamais remarquée jusque-là, on commence à trouver ça carrément bizarre. Surtout quand on est forcé d'admettre que ladite croix est indélébile ! Elle est comme faisant partie intégrante de la vitre, impossible de l'effacer de l'intérieur comme de l'extérieur, elle revient !!!! Aaaaaaaaaaaah ! Diable, je suis athée rets , HELP ! Un exorciste, viiiiiiiite ^^;) Exhortons-nous au calme plutôt. Et tentons de creuser un peu tous ces signes exacerbés d'une étrangeté présupposée.

Vitre de ma salle de bains - contraste légèrement accentué (les
taches sur la vitre ne partent pas)
- ce qu'on voit en arrière-plan
sont les croisillons de la fenêtre du vis-àvis
.

La croix inversée n'est pas seulement un signe sataniste à la base, elle est aussi appelée "croix de Saint-Pierre". En effet, selon une théorie que j'aurais tendance à controverser en raison de son côté tête à queue, Pierre aurait souhaité être crucifié à l'envers en signe d'humilité, se jugeant indigne d'être occis jésuistiquement, ce qui expliquerait la genèse de ce symbole. Ah la la, ces martyrs, prêts à tout pour leur salut éternel ! Rappelons à ce titre que le terme "évangile" signifie le plan de sauvetage de Dieu, qui consiste en la vie, le sacrifice expiatoire et la résurrection du Christ. Evangile vient du mot grec ευαγγελιον qui signifie « bonne nouvelle ». La bonne nouvelle c'est que Jésus est le messie et qu'en ayant foi en lui tout humain peut accéder au repos élyséen après sa mort physique. Ce n'est qu'à partir du IIe siècle que le mot désigne l'un des quatre récits de la vie de Jésus.

Alors, avec cette apparition inopinée sur ma vitre, telle une nouvelle fenêtre vers la spiritualité - ou le vide -, avec cette croix, est-ce que j'y crois ? Moi qui n'aime les édifices religieux que pour les orgues et les vitraux, les saints que lorsqu'ils tuent des dragons, les symboles que lorsqu'ils jonchent les cimetières ? Certes non, car si je suis une tête de mule, je ne suis sûrement pas celle du pape. Mais il en faut peu à l'humain pour croire aux miracles, notre société étant fortement ancrée dans les conceptions assez Lourdes d'un judéo-christianisme qui a l'Adam dur. La visite du pape à Paris n'est pas loin, et je me gaussais alors des slogans anticléricaux des colleurs de stickers "Remballe ton Pape" et de leur réflexion selon laquelle "les jeunesses hitlériennes sont révolues, mais la vieillesse papale continue"...Récemment encore je lisais la très pertinente formule de Frez "(...) devenu écrivain, le premier des catholiques ne sera guère qu'un pape auteur" et lui répondais : "Papiers de pape hier, papoter de papes au thé, on peut tout faire mais la question est de savoir si un sous-pape peut être notre soupape et franchement là j'ai quelques doutes...". Rappelons in fine pour rigoler que le mot papule désigne une sorte de verrue, et que celle qui répond au pieux pseudo d'Eve Angeli*, chanteuse estampillée "starac", est loin de l'immaculée conception que l'on se fait d'une enfant de chœur. Plus sérieusement, les évangéliques constituent l'une des branches les plus conservatrices du protestantisme et forment une communauté assez significative dans la vie politique américaine (cf. élection de Bush)...et gagnent des galons en France. Pas très ragoûtant tout ça;-).

*Aparté : L'Eve cathodique a un blog qui s'intitule "Mes Evangélismes"...euh plutôt roses à vrai dire, allez-y ne vous faites pas prier, "Eve Angélisez-vous" mais ATTENTION, je vous préviens c'est violent et ça fait mal aux yeux. Admirez surtout la déco, le contenu est à l'avenant...c'est-à-dire d'une simplicité biblique. Allez, c'est pas parce qu'on fait des jeux de mots au ras de la moumoute avec son nom qu'on est forcément une lumière;-) j'en sais quelque chose !

jeudi 23 octobre 2008

R.A.T.P. : Recyclage d'Amoureux Transis en Poubelle

Quand je prends le métro, c’est vraiment parce que je ne peux pas faire autrement. Un soir mon compte Velib a été bloqué pour raison technique, c’est donc en trainant les talons que je me suis engouffrée dans ce mortel couloir. Mais j’oublie trop souvent que dans le métro, on voit des tas de choses intéressantes, et que ce n’est pas seulement le meilleur endroit pour se faire peloter à chaque rame en période de pointe.

A travers sa campagne de sensibilisation pour la propreté, la RATP nous offre le loisir de réfléchir. Ces petits écriteaux appelés "pendentifs" peuvent se révéler de savoureux petits bijoux de philosophie, quand ils n'ont pas de portée commerciale. Mais, à l’instar de ce train d’enfer, c’est parfois une philosophie qui déraille. Jugez plutôt sur la photo. Ces quelques lignes d’un pessimisme standard sont là pour illustrer un certain propos. Grosso modo, le civisme «clean», ça passe par un geste simple, ne pas laisser ses kleenex ou autre batifoler n’importe où. Jusque-là je suis d’accord à 100%, la saleté de notre métro étant une véritable honte, surtout quand je pense aux pauvres employés de la RATP qui doivent se taper la mouscaille des autres. Il n’y a rien qui m’horripile davantage que de voir des gens qui n’ont aucun respect pour leur environnement.

Mais moi, quand on me parle d’hygiène constante et d’amour éternel, ça ne me fait certainement pas penser à la poubelle. Alors que doit-on comprendre ? Que l’amour fusionnel est bon à mettre aux ordures ? Que, dans cette société du tout-jetable où l’on nous bassine avec le développement durable, les amours romantiques sont comme de vieux chewing-gums trop mâchés ? D’un côté, nous devons privilégier une consommation équitable, écologique et reconvertible, et de l’autre on nous oblige à bouffer de l’emballage plastique et autres cartonnages superflus. Il faudrait savoir !
Pourtant, ce couple bien propre sur lui qui dort paisiblement enlacé sur un matelas, est-il fou de s’aimer et d'espérer un avenir commun ? Est-ce dépassé aujourd’hui de croire que l’amour durable, le plaisir équitable et le conjoint non-recyclable existe ? De nos jours, environ 1 mariage sur 3 se finit par un divorce, peut-être parce que le mariage est devenu une hérésie dans cette civilisation consumériste. Néanmoins ce n'est pas parce que je pense que les liens affectifs doivent idéalement être libres de tout contrat que cela me permet de ne pas respecter l'autre. C’est tellement facile aujourd’hui de prendre un objet ou un individu puis de le jeter quand on s’en lasse et qu'on ne s'enlace plus. Peut-on ainsi parler d’un être humain, avec qui on a vécu une histoire et qui nous a aidés à nous construire ? Je trouve ce raisonnement de bazar terrible, tant il est le triste reflet de notre civilisation. Et je le trouve d’autant plus détestable qu’il s’affiche effrontément au dessus de la tête des passagers, sans doute inconscients de la portée du message qui se décille à leurs yeux endormis.

Bravo Messieurs de la RATP, bravo au pubeux anonyme auteur de ces lignes dignes des pires magazines de psy à deux sous. Merci pour ce message qui, je n’en doute pas, va grandement améliorer le niveau de réflexion de ceux qui ne pensent pas.

La philo amoureuse selon la RATP (citation que je créée de toutes pièces pour la circonstance) :
"Si t'en as marre de ton mec [ta meuf], c'est qu'il [elle]
est devenu[e] rasoir : jetable."

***
Et pour détendre l'atmosphère, rigolez un coup avec le Ch'timisator : franchement drôle, grâce à cet outil vous pouvez traduire toute votre page web en ch'ti !!!

mercredi 15 octobre 2008

LE TYPE AU GRAPHE


Un p'tit croquis par votre serviteuse, histoire de justifier un peu le sous-titre de ce blog. C'est d'après une publicité de la poste australienne, qui m'a tellement tapé dans l'œil que j'ai failli en devenir borgne;). Je me verrais bien dans les bras d'un homme en lettres, à défaut d'être une femme de lettres...

***
T'es
lovée dans les pattes de mouche d'un mobile homme...
Une missive ondulée marque
l'étreinte de votre correspondance
Apparente aise, chère Anne !
Pour des pleins & déliés tu t'inscris en cursive
couchée sur le papier :
D'un regard italique tu soupires
une ,,,,virgule,,,, impatiente,
Faisant mine de lettre tu tends d'un trait
ta petite lèvre, la levrette,
Et soulignes une police qu'il encre de sa plume.
Tu tisses un atoll en crochet avec ta petite tête, la tétine,
Mais l'homme d'écriture n'est guère plus qu'une rature
Aussitôt effacé par quelque écrit vain.
Disparue, la petite espérance ! L'esperluette a pris la marge !

& & & & & &

Autrefois espace d'union elle devient # croisillon # :
ah, quand l'amour se barre !
Mais chère Anne, hél*as t'es risque*-tout !
Car c'est bien connu : la version mâle
de la voyelle s'appelle le voyou...
Tantôt capital, tantôt majuscule,
Un type au graphe souvent change de casse
et se la joue bien basse !

***
publicité originale

DEVINETTE : Si Anne est un préfixe, quel est le prénom du "type au graphe"? La réponse est dans le texte ! Texte qui m'a été inspiré par cet excellent poème de Raymond Queneau :

Le début et la fin

Au petit jour naît la petite aube, la microaube
Puis c’est le soleil bien à plat sur sa tartine
Il finit par s’étaler, on le bat avec le blanc des nuages
Et la farine des fumées de la nuit
Et le soir meurt, la toute petite crêpe, la crépuscule

Jaume Plensa, Soul II, Les Tuileries, expo FIAC 2007.
***
P.S. = Et comme trop d'annonces tue l'annonce, je ne vous avais pas avisés en son temps de ma participation au concours lancé par la géniale Cali Rezo via son site Les Petits Poucets, sur lequel l'artiste invite périodiquement ceux souhaitent réagir sur ses oeuvres. Il s'agissait là de produire une création sur le thème des fantômes, en illustration à l'une des toiles de la dame. Mon poème s'intitule L'enfantôme.