mercredi 29 septembre 2010

DOGGY BAGUES, KESAKO ?
OOOOOOOOOOOOO
J’avais déjà il y a quelques années (!) parlé sur ce blog de ma collection de bagues et de la symbolique du majeur levé.
Henri Kaufman fait du 2 en 1 puisqu’il m’a demandé de m’exprimer sur ce que représente pour moi le fait de mettre telle ou telle bague à un doigt donné. Je me suis donc intéressée à fond à ce sujet passionnant, puisant dans la documentation qu’Henri m’a donnée et sur Internet. J’avais dit en plaisantant à Henri que le jour du tournage de la vidéo je viendrai avec mon «doggy bagues»…et je ne croyais pas si bien dire !

C’est avec surprise que j’ai découvert que le mot « bague » est un dérivé de bagage (cf. bag = sac en anglais). Mot qui n’est d’ailleurs pas à confondre avec son homophone « baguage » qui consiste notamment à mettre des anneaux aux pattes des dindons. Ce qui intéresse particulièrement Henri, c’est de savoir ce qui se cache derrière la symbolique des bagues et dans quelle mesure elles peuvent trahir l’état d’esprit d’une personne, son humeur du moment, ses préoccupations, voire les rapports de séduction qu’elle entreprend avec les autres, de manière plus ou moins consciente…

Tout le monde connaît la signification de l’alliance, ce cercle sans début ni fin qui symbolise la pérennité d’une relation. Porté de tous temps à l’annulaire gauche par les mariés, il renverrait à la veine qui mène au cœur selon les anciens Grecs, puis les Romains (vena amoris). Le succès de l’anneau «Trinity» (3 anneaux) lancée par Cartier et créée par Jean Cocteau s’explique par le fait qu’elle est une forme de matérialisation de la "sainte trinité" rappelant le salut ecclésiastique (index, majeur, annulaire levés).

J’ai trouvé toutes sortes d’interprétations selon les bagues et leurs usages : par exemple les bagues au pouce seraient plutôt portées par les gays. Au 19ème siècle, le port d'une bague portée à ce doigt par une femme signifie qu'elle soutient le mouvement féministe. Les féministes se faisaient souvent faire le portrait en portant ostensiblement une bague au pouce. Les bagues au pouce seraient un signal que les porteurs veulent se distinguer de la masse. Ce qui est certain, c'est qu'à l'origine dans le milieu gay hard, elle symbolise le port d'un cockring.

Elles seraient portées à l'index par les esprits «cartesiens» et les «meneurs», au majeur (medius), les «calmes» et «émotionnellement vulnérables», et à l'annulaire par les «conviviaux». S’agissant de l’auriculaire, plusieurs significations sont données. Les francs-maçons portent leurs bagues à ce doigt. Le design de ces bagues est souvent inspiré des "bagues surprises" du 17e siècle. Celles-ci étaient dotées d'un petit logement recouvert d'un opercule à charnière permettant de dissimuler un objet magique ou un autre petit objet témoignant de l'appartenance à une société secrète. Les chevalières sont des bagues à armoiries portées à ce doigt-là par les nobles anglais.

A la fin du 18e siècle vient s’ajouter une autre nouveauté: les bagues dites à regard dont les pierres forment une sorte d’acronyme. Lues dans un certain ordre, les premières lettres des pierres forment un mot : Lapis-lazuli, Opale, Vermeil (autre nom du grenat) et Emeraude suggèrent le mot “LOVE”. Je ne connaissais pas ce système mais ça me donne un nouveau prétexte pour m’acheter une new bague ! Il ne me reste plus qu’à en trouver une avec Citrine, Hématite, Rubis, Iolite, et une pierre ou un métal qui commence par X pour faire Chrix mais j'ai pas trouvé ;-)

De manière prosaïque, quand une bague me plaît, au moment de l’acheter il ne reste pas toujours toutes les tailles alors je la mets où je peux, du moins où va ma préférence c'est-à-dire soit annulaire soit majeur. Il m’arrive rarement de mettre des bagues à l’index ou à l’auriculaire, et jamais au pouce elles me gênent (sans doute parce que dans le cas de l’auriculaire et le pouce, ces deux doigts étant chacun à l’extrémité de la main, les recouvrir c’est un peu se refermer et j’ai besoin de sentir mes mains libres d’un côté comme de l’autre). C’est donc plus une question de confort que de signification…Je mets rarement 2 bagues à une main (sensation d’encombrement) et si je le fais, jamais sur 2 doigts qui sont côte à côte. Pour la pierre, c’est la couleur de mes vêtements et de mon maquillage. Ce sont donc des considérations purement esthétiques qui déterminent mon choix !
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Les explications en live filmées par HK :
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Les vidéos de PPC & HK sont disponibles sur les sites respectifs de ces messieurs, et offrent un regard éclairé en 7 questions/7 minutes sur des sujets aussi variés que la façon de récupérer son ex, réussir une bonne poignée de mains ou gérer son stress au bureau ! Regardez-en une chaque matin, ça vous fera commencer la journée avec le sourire !

lundi 13 septembre 2010

Locus Solus
(2)

J’avais prévu de visiter Brighton le lendemain de notre expédition à Owling Manor, mais je ne pouvais rester sur ma faim. L’image du vieux piano au beau milieu de cette ferme vide me hantait. J’avais dit à Andrée combien ce serait génial de la filmer en train de chanter et de la photographier en Barbara Hendrix dans ce lieu décalé, et elle était d’accord avec moi : il fallait y retourner ! Levées à 6 heures, arrivées vers 9, nous avions toute la journée pour nous amuser dans la campagne anglaise.



C'est sous un soleil éclatant que nous sommes arrivées à Owling Manor. L'exploration a commencé par le jardin, où la nature a parsemé le terrain de multiples herbes folles et plantes de toutes sortes.



Ce petit bassin m'a frappée par la quasi régularité des 8 arbustes poussant autour. Ils donnent un semblant d'ordre dans ce fatras de verdure.



La façade en briques rouges de la maison est ornementée de trèfles sculptés.



Vue du toit.



La première vue que l'on a en entrant dans la maison est cet escalier où subsiste encore un tapis rouge et un puits de lumière de forme ovale.



Les vestiges d'une vie passée sont disséminés dans les pièces au gré du passage des visiteurs qui, comme nous, s'en donnent à coeur joie, déplaçant les objets au gré de leur envies. Ici, le tag "LIAR" est le seul de la maison. Il est d'autant plus étrange de le trouver ici, car son double-sens est bizarrement pertinent. En anglais "liar" signifie à la fois "menteur" et "allongé", et renvoie tour à tour vers le mensonge de la mise en scène et la dormeuse imaginaire qui a laissé ses escarpins au pied du lit...



Dans la chambre d'à-côté, le désordre ambiant se reflète dans le miroir d'une large armoire.



La cuisine n'a rien à envier au reste des pièces encombrées de nombreux objets d'un quotidien révolu, et dont la troublante présence semble nous impliquer dans une proximité, une intimité presque dérangeante tant elle est poussiéreuse et ébréchée.

Il ressort de mes recherches que le manoir appartenait à un couple franco-hispano-anglais. Le propriétaire, fils d’une duchesse espagnole, est né en 1913 en France. Il épouse une anglaise en 1957 à Londres.



Potier, il était également peintre. Sa femme cultivait diverses espèces d’orchidées au manoir. Quant à la maison, elle daterait de 1904.



Pour une raison ignorée, elle fut abandonnée par ses occupants avec tout son contenu (peintures, vaisselle, meubles, vêtements, etc…). Comme si un drame soudain ou une lubie avait forcé le couple à partir sans même faire ses valises...

La maison et son terrain sont actuellement en vente pour une somme de 3 millions de livres et selon des sources non confirmées, la propriétaire qui serait toujours vivante aurait 104 ans ! Le couple n’ayant pas eu d’enfants, le manoir revient à une nièce bien négligente.



Parmi tous les objets, livres, prospectus qui traînaient, j’ai trouvé une édition française de 1932 des Impressions d’Afrique de Raymond Roussel (1877-1933). Elle m’attendait je crois. De son temps Raymond Roussel était un écrivain décrié et incompris. Admiré des oulipiens et des surréalistes, il aimait particulièrement manier la «langue des oiseaux», autrement dit l’homophonie. Pour l'anecdote, il y a un double-sens dans son titre : les «Impressions d’à fric», furent publiées à compte d’auteur. Dans la perspective de vous livrer les miennes, j'ai emporté celles-ci avec moi comme souvenir.


Message d'accueil...

Il nous restait à Andrée et moi une dernière chose à faire avant de partir. Retourner à la ferme abandonnée.



Voici le vieux piano tel que nous l'avions trouvé la veille, vers 20 heures. A l'heure où nous y sommes retournées le lendemain, autour de 15 heures, il était plongé dans l'obscurité. Il nous a fallu une bonne demi-heure pour le déplacer de quelques mètres et ainsi gagner en luminosité. Le pauvre piano était tellement en miettes que nous avions peur qu'il ne se transforme en tas de poussière.



Mais nous étions suffisamment motivées pour marquer la note finale de cette aventure, sachant que nous ne reviendrions pas de sitôt dans cet endroit. Dans sa robe de velours, Andrée, en chantant là ses plus belles arias classiques, a redonné en quelque sorte une seconde vie au vieil instrument dont la voix s'était tue depuis bien longtemps. Dans cette campagne anglaise silencieuse, l'"Urbex Singer" avait encore fait une touche !

samedi 4 septembre 2010

OWLING MANOR
(1)

Londres, 30 août 2010. Mon amie Andrée et moi partons ce jour-là à la découverte d’un étrange manoir victorien abandonné. Nous ne nous doutons pas encore qu’y arriver sera un véritable parcours du combattant. Les tracas commencent lorsque, après avoir pris nos billets, nous nous trompons de quai. Le train part dans 3 minutes, il est environ midi. Je commence à courir, persuadée qu’Andrée me suit. C’est là que je la perds. Le hic, c’est qu’elle m’a affirmé être partie sans son téléphone portable…alors après plusieurs minutes de recherche je finis par demander à ce qu’une annonce soit faite dans toute la gare pour qu’Andrée me retrouve au point d’accueil…sauf que pendant ce temps là elle a pris le train en direction de la ville où nous devons aller pour faire le changement, ce que je finis par savoir en vérifiant mes SMS, car finalement, elle a bien son portable ! Nous finissons par nous retrouver sur le quai de la gare. Une heure de perdue. Toujours dans le rush, je demande à un employé de la ligne où part le prochain train pour Dovecourt, notre destination. Il me dit quai 3 dans 3 minutes. Nous voilà donc dans le train. On commence à se prendre la tête à propos de l’incident, pendant au moins une bonne demi-heure, puis le temps passe, passe, passe…le contrôleur arrive et nous dit qu’on n'est pas dans le bon train ! Stupeur, stress, énervement, il est 14h30, mais le contrôleur est sympa, ne nous fait pas payer d’amende (on a fait l’équivalent de deux fois le trajet prévu) et nous ne nous laissons pas décourager…on refait le chemin inverse et on repart. Avec tous ces contretemps, nous arrivons à Dovecourt à 17 heures !

Selon le plan que nous avons, le manoir se trouve à une bonne demi-heure de marche, il ne faut donc pas lambiner…mais le plan que j'ai imprimé indique une route qui ne s'arrête pas à l'endroit indiqué, le gars de l’auberge du patelin nous dit que c’est la première à gauche alors que c’est la deuxième…Nous sommes à l’orée d’un bois, et il est 18 heures.



On rencontre un type sur la route qui nous dit « oui, Owling Manor c’est à un mile de là, une maison très mystérieuse, il faut passer au-dessus d’une barrière, traverser un champ pour y arriver… », on fait tout ça mais on trouve toujours pas ! Entre-temps, on a couru dans les ronces, les orties, moi stressée de voir la lumière tomber, Andrée plus zen que le dalaï-lama ...elle est d'ailleurs d’une patience exemplaire et je lui décerne une médaille pour me suivre dans cette galère avec le rush que je lui impose…



Puis, une habitante du coin nous dit que c’est la porte d’après sa maison…on grimpe au-dessus d'une barrière, dans la boue et les orties, et on explore un corps de ferme…je me dis que ce sont sûrement les dépendances du manoir…



Mais à part ce vieux piano moisi, rien ne ressemble de près ou de loin à un manoir ici…ce n’est pas la bonne friche ! Nous venons de perdre une heure supplémentaire.


Alors on fait demi-tour, on retente la porte d’en face, redemande aux habitants de la maison d'à côté qui nous disent "vous pouvez pas le rater si vous suivez le chemin bordé de sapins", mais on ne trouve pas le chemin et, à bout de nerfs, crevée, en sang, démangée par les orties anglaises qui sont décidément plus belliqueuses que chez nous, au moment ultime de baisser les bras, le chemin est là sous mes yeux...



Quand nous arrivons Owling Manor, il est 20 heures. Malgré la lumière qui faiblit, nous faisons tout de même un tour rapide, histoire de prendre quelques photos. La maison est beaucoup plus ravagée que ce que j'ai pu voir sur le net. Mais elle reste néanmoins étonnante, de par son architecture biscornue.



Le salon et ses fauteuils jumeaux, au rez de chaussée.



Le puits de lumière au milieu de la maison.



Il est clair que des mômes du coin sont venus faire des fêtes au vu des cadavres de bouteilles que nous avons trouvé, certains s'amusant à faire des mises en scène comme pour accentuer le côté singulier et l'atmosphère glauque de la demeure. Une toile avec un portrait de femme déchiré, un balai de sorcière et une robe noire mitée composent les ingrédients d'un mauvais film d'horreur de série B.



L'un des habitants du manoir était sûrement le peintre qui a représenté cette femme brune au regard étrange sur plusieurs toiles et esquisses trouvées dans la maison. Cette pièce devait être son atelier.



Sur le toit, de nombreuses tourterelles ont élu domicile et ont contribué à ravager le plancher vermoulu du 3ème étage. Le temps presse et il nous faut rentrer...Andrée et moi ne nous imaginons pas une seconde rester dormir cette nuit dans cette lugubre maison et nous décidons de lever le camp. C'est à ce moment-là qu'Andrée se dit inspirée pour chanter a capella une aria dans ce lieu paisible et désolé...



Je filme la scène, comme dans un rêve...la voix d'Andrée s'élève et c'est alors que les ululements des chouettes lui répondent en coeur...il fait presque noir, on ne voit rien mais il nous reste le son de cet interlude bizarre d'un chant "at nightfall" devant un manoir peut-être hanté ! J'avais presque peur qu'Andrée éveille les esprits par son chant puissant et aigu, mais quand la nuit est venue, c'est dans l'apaisement que nous avons pris le chemin du retour. Qui a dit que la musique adoucit les moeurs ? Il faut savoir qu'Andrée observait le jeûne et qu'elle n'avait ni bu ni mangé de la journée...cette femme presque quinquagénaire est surhumaine !

*

J'étais certes frustrée de ne pouvoir explorer plus en détail Owling Manor, mais finalement très contente de ma journée avec Andrée, devenue pour l'occasion une "URBEX* SINGER" plus qu'honorable ! Il ne me restait que ces rares clichés de mauvaise qualité mais les souvenirs étaient là pour pallier à ma déception. A moins...à moins que le sort n'en décide autrement...

TO BE CONTINUED

*Urbex = contraction anglaise de urban exploration (exploration urbaine)