mardi 26 mai 2009

3 COLLAGES de RUE MEURT D'ART DANS LE 10ème à Paris

Les fées-murs de Rue Meurt d'Art
*


Le dimanche 24 mai fut une journée riche en créativité, en rencontres et émotions-émulsions murales. Rue Meurt d'Art, dont j'avais parlé déjà sur ce blog et dont vous trouverez une interview détaillée sur le PGC, nous invitait à l'une de ses sessions de collage festif dont il est un des rares artistes urbains que je connaisse à promouvoir. Au total nous étions une quarantaine à le suivre dans l'aventure, sous un soleil de plomb ! Le square St-Laurent peut se targuer d'accueillir deux nouvelles Louise Brooks, actrice fétiche et muse de l'artiste...et comme le hasard fait souvent bien les choses, je pourrai couver les jumelles du regard et ainsi m'assurer de leur fraîcheur en dévalant la rue du Faubourg St-Martin tous les matins en Velib. Ce faisant, en tournant la tête vers la gauche, je jetterai un petit coup d'oeil à Franz, qui toise pour l'heure les passants rue des Recollets, et assister à sa métamorphose.


"Danse avec les Louise"

La performance s'est poursuivie au square Villemin avec d'autres intervenants. Pour ma part j'y ai lu mon poème dédié à Louise, écrit spécialement pour l'occasion (je le reproduis ci-après). A suivi une mini-pièce sur le thème de la Métamorphose de Kafka, mise en scène par Baptiste MALLEK avec les comédiens Bernard et Raphaël MALLEK, Morgan DERRIEN, et Nicolas BINSSE. Ce billet est l'occasion pour moi de remercier tous ceux qui ont fait le déplacement, qui sont restés jusqu'au bout, les amis photographes qui étaient présents et qui pour certains m'ont envoyé de belles photos : Tat, Francis, Thias (le PGC crew), Pascal, Gérard Laurent, Henri, Lydie et j'en oublie sûrement. Enfin, un grand BRAVO et MERCI à Jean-Marc et à sa famille pour l'organisation de cette superbe journée !

Les fémurs de Rue Meurt d'Art

°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°°
LOULOU

Louise, belle garçonne au cou ruisselant de perles fines
Celles de nos yeux en ce jour te rendent un hommage...

Les années folles furent l'écrin de tes somptueux corsages
Quand ton carré d'ébène embrassait tes plus belles mines

Mais l'outrage à ta vertu subi à ton jeune âge
Fit de toi cette obstinée Vénus inaccessible.

Aux loufiats d'Hollywood qui te prirent pour cible
A ceux-là tu faisais les yeux noirs sans ambages,

Louvoyant pour avoir un seul de tes regards, moi
Je dessine bien souvent tes portraits noir et blanc...

L'ouvroir de mes rêves s'étend à tout ton cinéma
Lourds d'heures muettes qui semblent défier le temps

Lou-ange, Lou-démon, au fil de tes longs-métrages
Sous ta pose superbe, d'en bas je te contemple,

Femme de la toile tu es le canevas d'un mur-temple :
L'oubli s'estompe, pour laisser place à ton image.
O-O-O
ANNONCE : Pour ne pas être en reste, Jean-Marc nous prête son atelier de Colombes le 13 juin prochain pour une expo-photo-poèmes, à l'occasion d'une autre session de collages urbains. Vous y verrez le travail de Paris-Emoi et de Tat à l'Oeil, que j'illustrerai de mes mots. Nous ferons suivre une invitation bientôt !

vendredi 15 mai 2009

MOURIR DE RIRE


Par deux fois cette semaine dans le métro, on m’a demandé ou suggéré de sourire. La première fois, un homme noir un peu agé, entrant dans la rame, s’est mis à nous dire combien il était important de sourire. Bien entendu, sa petite prestation en a mis quelques-uns en joie. L’homme était élégamment vêtu, les traits fins et avenants, la silhouette longiligne. Avec sa cravate, ses chaussures bien cirées, son costard impeccable et sa canette de bière à la main, il avait de l'allure. Son discours, loin d’être décousu, était plein d’espoir et d’humour. C'est vrai, les gens ont toujours l’air un peu déshumanisés dans le métro. Ce thème, en pleine période de crise, peut sembler incongru, et pourtant il était écrit au-dessus de ma tête il y a quelques jours encore.

J’avais déjà parlé dans un précédent billet du détournement de la pub de Priceminister «Devenez Radin», et cela me rassure de voir que cette affiche continue de faire réagir. Le message "devenez malin, arrêtez de travailler, de consommer et profitez de la vie", peut sembler facile et pourtant…comment, tout en étant différent, peut-on y rester indifférent ? La crise économique ne laisse personne de bois, elle devient même un argument de vente et de persuasion politique. Elle a bon dos, la crise. En attendant, ceux qui en ont plein le dos et qui trinquent sont ceux qui perdent leur emploi, n'ont pas une salaire qui fait trois fois leur loyer et qui croulent sous les débordements des plus riches. C'est sûr tout ça ne fait rire personne, et je ne suis pas dans la tête des gens qui prennent le métro pour savoir ce qu'ils endurent dans la vie. Je peux l'imaginer seulement...il y a tellement de raisons d'être malheureux.



J'ai de la chance, et je la mesure, car pour l'instant j'ai un toit sur ma tête et un boulot. Mais il y a de plus en plus de chômeurs, pas assez de logements, et de plus en plus de gens en situation irrégulière. Le gouvernement dit "qu'il y travaille". Mais ce sont toujours les mêmes problèmes, les mêmes rengaines électorales qui reviennent de mandat en mandat et au bout du compte on n'en sort pas, pendant que d'autres s'en mettent plein les poches alors même qu'ils ont mis leur entreprise en péril (cf. Société Générale). Je n'ai pas besoin de lire les journaux pour savoir que ça ne va pas, il suffit de regarder autour de soi, dans la rue, pour s'en rendre compte. Le mot "crise" est souvent le corollaire de termes plutôt négatifs...crise de larmes, d'épilepsie, d'urticaire, de nerfs, d'"hystérire"...Oui, je veux bien d'une crise de rire, et pas à coup de "lol" ou de "mdr" au bas des mails ou des SMS comme c'est la tendance. Je parle d'un rire conscient, salvateur, constructif. Cet homme si sympathique qui rit avec sa bière à la main, il a bien raison. Et j'aurais bien trinqué avec lui, même si cela m'attriste de penser qu'il boit comme un trou pour s'en sortir, justement de ce trou, sans savoir sans doute qu'il ne fait que s'y enfoncer.


lundi 4 mai 2009

DOIGT D'HONNEUR

L’origine du doigt d’honneur, gestuelle autrement appelée de nos jours « fuck » remonterait à quelques milliers d’années. Le digitus impudicus, bien qu’ayant de très loin trait au romanesque, apparaît déjà dans la littérature de la Rome Antique.
Pendant la fameuse guerre de 100 ans opposant l’Angleterre et la France, les irréductibles Gaulois coupaient l’index et le majeur des archers britanniques prisonniers, ce handicap les empêchant de tirer. Avant une bataille, les archers anglais narguaient leurs adversaires en brandissant l’index et le majeur comme pour les inciter à venir les leur couper. Le geste leur est resté aujourd'hui.


Collages Ludo (Nature's Revenge) et Lyl (ST Sticks) - Pix cxl Thias


Le doigt médian levé comme possible analogie avec le phallus pourrait expliquer également son caractère osbcène. Ce que j'appellerais le « digiphallus » tient symboliquement à la fois de l’insulte, de la provocation, de l’hostilité ou encore de la rébellion contre l’ordre établi. Plus généralement, entre nous, on l’utilise plus pour signifier un break dans la conversation, dans un jeu de répliques où celui qui perd face à l’attaque verbale de son interlocuteur n’a d’autre alternative que d’élever ce doigt « fourre-tout » plutôt que la voix, ce qui veut dire tout et rien à la fois…


Graffs Agence 11 et Koca (95C) - Pix cxl Paris-Emoi

Ce geste apparaît également abondamment dans le street art...en ce moment au canal St-Martin le gigantesque Goldorak de Pimax nous nargue de son "Fulgoro-Poing ephémère" (allusion au Point Ephémère), passage des Récollets un grand collage de Nature's Revenge (Ludo) semble faire passer un message écologique qui ne manque pas de piquant, tandis qu'une sorte de punk fluo peint à la Forge (rue Ramponeau) abordait le visiteur à l'entrée il y a quelques mois...


Pochoir Goldorak par Pimax et tracé de Provok - Pix cxl Tat

En définitive, chaque doigt de la main a un usage phatique, populaire ou social : l'expression "mise à l’index" est le pendant d'une fonction directive, l’auriculaire dont le nom est tiré du mot oreille semble le plus pratique pour se gratter le tympan, l’annulaire, support du statut marital est une sorte de doigt dans l’engrenage (°:°), et le pouce signifie la positive attitude ou « stop ». Je ne m'étalerai pas plus ici sur les multiples usages que l'on peut faire de nos phall-anges, mais tout ça me donne envie de manger des Fingers, moi, pas vous ?

Petits clins d'oeil @ Tat et @ TWO;)...et au PGC crew !