samedi 22 décembre 2007

Prenez un poème connu, et retravaillez-le en remplaçant à peu près tous les mots par leur contraire. Vous obtiendrez un tout nouveau poème dont la signification étrange vous étonnera. Voici "Les antagonismes", d'après le sonnet des "Correspondances" de Baudelaire, tiré des FLEURS DU MAL.

LES ANTAGONISMES

La Société est un lieu de tristes apodes
Etouffant parfois des mutismes trop clairs;
La femme y reste parmi des terrains vagues de codes

Dont elle ignore les cécités étrangères.


Comme de courts silences qui de près se séparent
Dans une lumineuse et frivole dispersion
Etroite comme le jour et comme la confusion,
Les miasmes, les pâleurs et le calme déparent.


Il est des relents chauds comme les âmes des aïeux,
Rudes comme les basses plaines, secs comme les déserts,
- Et d'aucuns, aériens, misérables et piteux,

Ayant la discrétion des êtres aux œillères,
Comme la bile, la sueur, le plastique et l'affront
Taisent le flegme de la chair et de la raison.

noms de rues en versus

Les correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

Il est des parfums frais comme des chairs d'enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
- Et d'autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l'expansion des choses infinies,
Comme l'ambre, le musc, le benjoin et l'encens,
Qui chantent les transports de l'esprit et des sens.

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JOYEUX NOEL A TOUS !

samedi 15 décembre 2007


Métro ligne 12, je rentrais chez moi. Je ruminais ma semaine pas très enthousiasmante, les gens pas très souriants au regard d’herbivores, la lumière des néons pas très agréable qui nous rendait blafards et tous ces « pas très » que j’avais envie d’envoyer paitre…pourtant, j’aurais bien aimé aller paitre quelque part, si toutefois paitre signifiait bien être en paix. Mais j’étais d’humeur vacharde et surtout en train de me demander si je n’allais pas prendre un de ces jours la clé des champs quand j’en aurai le courage et laisser derrière moi cette friche qu’était ma vie. Au bout d’un moment, dans le flux du troupeau qui s’agglutinait sous mes yeux, je levai mon regard vers le slogan publicitaire d’un site de vente sur Internet sur laquelle on lisait en caractères gras : DEVENEZ RADIN.

Un impératif qui semblait signifier qu’en ces temps de crise le fait de vouloir faire des économies s’assimilait à de la pingrerie. Une propagande stupide qui parlait aux stupides. Dans une société excessivement individualiste où les mots « pouvoir d’achat » étaient devenus le seul credo d’un gouvernement en faillite, cette réclame avait quelque chose de déplacé et de honteux. J’imaginais les mendiants réfugiés du métro passer de wagon en wagon avec au-dessus de leur tête ce cri de ralliement qui suggérait agressivement aux usagers de devenir radins. Parce qu’on vit parmi d’autres individus, on est toujours le
rat d’un autre, mais on oublie souvent que l’on peut subitement se trouver en rade un jour. Et cette formule de pubeux ne voulait rien dire.

Puis, je vis une main rapide s’emparer de l’affiche pour la retirer de son socle. Un homme jeune, dont le visage en alerte et l’expression narquoise détonnait parmi les ectoplasmes de la rame, replaça l’encart qui ne comportait plus que le mot DEVENEZ. Devenir, promesse d’avenir. Je souriais, presque heureuse de contempler là l’écho de mes atermoiements existentiels, tout en percevant avec une acuité toute nouvelle ce message d’appel à la conscience. Dans ce seul verbe, il y avait tout l’espoir et tous les sens de notre venue au monde. Et peut-être que tout simplement, ce seul verbe, ce verbe seul même, était la clé de tout.

mercredi 5 décembre 2007

Griffonnons un peu de franglais

Le texte ci-dessous se lit indifféremment en anglais et en français. Il s’agit d’une performance – qui m’a bien retourné le cerveau –, il ne faut donc pas s’étonner du caractère complètement insensé et saugrenu des deux textes obtenus. Je dirais que le texte anglais se tient mieux que le français, mais dans les deux cas ils font travailler l’imaginaire !

A main griffonné, arme pour ingrats

Arrivé d'un touchable novice,

Assuré, notable tocard à petits sous

On a plané, base donnée : Togo à bout.

Intimes mygales, lovés on part formés…

Ô thé pur posé attablé,

Outrage ! Grief à part, à son canap' est lié

Hâlés agents assis, tant son corps est âgé.

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A main griffon near me pouring rats

Arrived untouchable, no vice as sure...

Not able to card a pet - it's so us!

On a plane, based on need to go about.

In times my gales, loves on part for me, so the purpose?

Out rage, grief apart : a son, can a pest lie?

At tables, hales a gent’s assistants, on corpse stage.


Traduction
Un griffon principal près de moi versant des rats / Arriva intouchable, pas de vice, c’est certain. / Incapables d’identifier un animal domestique, ça nous ressemble tellement ! / A bord d’un avion, basés sur le besoin d’aller partout. / Aux temps de mes tempêtes, amours en partie pour moi, mais dans quel but ? /Sans colère, mis à part le deuil, un fils, une peste peut-elle gésir ( infinitif dans "ci-gît") ? /A des tables, tiraillent les assistants d’un type sur la scène du cadavre.

Griffons : av. Pierre de Serbie, bd . Sébastopol, Bastille, Opéra (Paris)

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Parce que j'adore, j'ajoute un encart spécial pour Fanny (Disturbers),
créatrice entre autres de magnifiques objets en colle :

DISTURBERS expose ce week-end : VENEZ NOMBREUX !!!