dimanche 24 septembre 2006

Prose fromagère

Je me sens mimolette aujourd'hui…un peu comme passée à la raclette. J’ai l’impression que je ne vaux pas mieux qu'une vieille croûte moisie, devant ce seul fait accompli : je vieillis, et le temps m'est comté...Je suis si fatiguée, c’est l’époisses ; et, mental à plat, je me morfonds comme un morbier sur son lit de paille, et ma bataille de reblochon se soldera d’un somme. Je rêverai encore de cet homme qui, beau, fort, a su égayer mon automne : Eh dame ! c'est qu'il était tel un roc fort, un étal sur lequel je pouvais me reposer. Mais goût d'aventure, quant à lui, il en faisait ses affaires de cœur, oh quels caprices odieux ! M'aimait-t-il ? C'est un munster, une énigme aux trous béants de gruyère : je n'en ferais pas tant de tommes ni tout un fromage s’il ne m’obsédait pas tant. Qu’il me dise « cheese ! » et je souris, ou « camembert ! » et je me tais. Je faisselle qui obéis, sans qu’il débourse un effort. Masse d’âme à penser, masse d’amour à donner, j’ai la patte molle, et suis un bas-bleu : pâte cuite entre ses mains, comme je rêve qu’il me pasteurise, me pétrisse, m’en fourme ! Mais ce songe de cheddar ne saurait se déguster que fondu, et si fondue je suis, c’est à corps et à brie ! Or je me fais du sang caillé pour celui qui me fêta, un soir seulement, moulée à son corps je me revois fermentée de soupirs fondants et d’effluves rances de cave…à présent mon cœur est de brique et mes larmes coulommiers.

dimanche 17 septembre 2006

Bonjour à tous,

Voilà près de 3 mois que je n'ai pas remis les "doigts" ici, 3 mois que je suis en panne sèche d'inspiration. Ce que j'écris est nul, convenu, sans saveur. Alors j'attends, j'attends que ça me revienne...il faut dire que j'ai un peu lâché le clavier pour retourner un peu à la vraie vie, bassement terrestre, qui me retient de ses chaînes en brimant ma capacité de créer. Alors je n'ai pas visité vos blogs, ou très peu, non pas par manque d'envie car j'y pense souvent, mais par flemme, par lassitude. Ce passage à vide, j'espère qu'il ne durera pas, et que je retrouverai le goût de l'écriture ludique, du vers tortueux, de la rime assassine.

J'étais d'ailleurs flattée d'être "googlelisée", en tapant mon nom, un poème que j'avais mis sur mon blog a été publié sur le site de Fatrazie : http://www.fatrazie.com/autresholorimes.htm Pour ceux qui ne connaissaient pas encore mon patronyme, voilà qui est fait:-) Je n'ai d'ailleurs pas été informée de cette publication, mais ça ne fait rien. Ca fait toujours plaisir.

Une nouvelle page se tourne dans ma vie et c'est la raison pour laquelle je risque de ne pas souvent prendre le temps de revenir. Mais j'essaierai de vous donner ici quelques poèmes ou dessins en pâture...pour qu'au moins ce blog vive chichement mais survive. Si vous avez des idées de contraintes littéraires, des suggestions, des défis à relever...ça pourra peut-être me motiver ? En ce moment je suis très "coeur de pierres"...alors je ne suis pas tout à fait venue pour rien. Voici un poème un peu facile, un peu cousu de fil blanc...mais c'est tout ce que j'ai pu cracher pour l'instant...

Gemmes

Gemme l'émeraude, ce serpent en maraude
Il fait pâlir d'envie : le péridot s'érode

Gemme ce cristal, qui sous ses airs d'opale
Transcende les mystères de fantômes au teint pâle

Gemme la belle améthyste, véritable élitiste
Dont la couleur mystique ravit le symboliste

Sur l'ongle d'un rubis au reflet cramoisi
Le grenat s'évanouit en goutte de sang tari

Devient résine d'ambre, et se câbre, et se cambre
Agrume ocre incrusté de zestes de citrine

Le quartz rutile et la nacre s'irise, si fine,
Au vent leur feu s'échappe, vibrant comme des membres ;

Lorsque perle et onyx rivalisent dans le noir
C'est une nuit de saphir sur fond d'étoiles à voir,

Mais si bien malachite ne profite jamais
Et que la pierre qui roule n'amasse pas la mousse

L'argent lunaire imprime sur ma triste frimousse
La marque de l'hiver : c'est un diamant glacé.

Statue de sel quand l'érosion l'agate,
Je suis ce zircon froid dont les couleurs s'effacent

Le lapis de mes yeux est un lac sur ma face :
Mort, l'éclat turquoise d'une oeillade délicate

Qui sculptait autrefois ton corps laiteux de jade
Tu étais mon frisson, mon topaze, mon corail

Mais notre amour fossile a péri, camarade :
Car j'ai enfoui tes "j'aime" au fond de mes entrailles.