mercredi 26 septembre 2007

Illusions visuelles

Voici le décryptage du cliché que je vous ai soumis la semaine dernière, et que j'avais pris alors que je me promenais dans un chemin arboré. En levant les yeux, le profil à la branche s'est immédiatement détaché bien nettement sur le ciel à mes yeux, ce profil que seul Frez a pu identifier et qu'on pourrait presque qualifier d'hitchcockien. Peu nombreux sont ceux qui ont pu visuellement isoler dans leur esprit ce visage de sa réalité première, comme si leur oeil manquait d'un élément crucial de décodification. J'ai fait l'expérience de présenter cette photo imprimée à cinq personnes différentes et c'est au bout d'un certain temps de concentration que l'une d'elle a pu identifier le profil caché. En revanche, et c'est là que cela devient intéressant, un second visage, cette fois-ci formé par les feuilles en bas à droite, apparaît à l'image, que je n'avais pas vu et qui a été perçu par une autre personne.


Merci Naya ! ton lutin m'a donné envie d'observer ce cliché (décidément très riche) en profondeur...je devais être fatiguée pour ne pas avoir vu cette ménagerie ! un singe, un renard, et je vois bien ton lutin avec ses bras mais je lui trouve plutôt un air de raton laveur...et puis encore d'autres figures...bah ! c'est la preuve que personne ne voit pareil : de quoi faire psychoter les plus tordus d'entre nous !

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Je crois tout simplement que je possédais cette clé visuelle, sans doute préalablement enregistrée dans mon cerveau comme une donnée qui a pu immédiatement retraiter l'image de façon subjective. C'est ce qui explique qu'un certain type de cadrage ou de photos nous plaît plus ou nous "parle" plus, car il appelle certainement dans notre cerveau une multitude de micro-détails engrangés ici ou là lors de nos "balayages oculaires". Pourquoi ainsi voit-on ce que d'autres ne voient pas ? Du fou au flou, il n'y a qu'un "L" me direz-vous : cela va même plus loin si l'on pense aux fantômes et autres goules issus de l'imagination humaine; ce qui m'amène à cette fameuse clé visuelle issue de mon propre conditionnement : l'affiche d'un film que j'ai pu voir à de nombreuses reprises dans le métro ou dans la rue. Prémonition !



Je suis passionnée de ces illusions qui jouent sur une lecture plurielle de l'image, à l'instar de ces dessins ambigus où les figures et le fond se fondent l'un dans l'autre et sont interchangeables. Observez les nuages, les écorces des arbres, les plis d'un drap froissé...la matière nous parle et nous l'interprétons. Des exemples déjà vus mais qui font toujours autant d'effet :
http://www.charlatans.info/illusions&paradoxes.shtml

mercredi 19 septembre 2007

Pourquoi pas...*


Une piscine se construit rue Denoyez !
Alors pourquoi pas...

Une église de Mormons rue du Progrès ?
Un asile pour hystériques rue Ordener ?
Une association de suicidaires rue Aimé-Lavy ?
Le pays des merveilles square Alice ?
Un refuge d'analphabètes rue des Abbesses ?
Une école de rhumatologues passage Alombert ?
Une usine de miroirs rue des Alouettes ?
Des pannes de courant rue Ampère ?
Des cours privés de sécurité routière impasse d'Angers ?
Le point de départ de l'infini rue de l'Arrivée ?
Une boutique de produits amincissants rue Auber ?
Le siège social de l'ANPE rue de l'Avenir ?
Un fabricant de parapluies rue de la Baleine ?
Une prison rue Barrault ?
Un hôtel d'étudiants allemands rue des Bauches ?
Un escadron de soldats rue Beautreillis ou rue de la Bidassoa ?
Un conglomérat de poufiasses place de Bitche ?
Une amicale des amateurs de roquefort rue Bleue ?
Un sexologue rue des deux boules ou rue de la bourse ?

Et si rue Malebranche...on voyait ceci : un mâle est caché dans les branches sur cette photo (sans trucage !) Saurez-vous le retrouver ?

*merci à la bien-nommée Flo pour l'info sur la piscine !

mardi 11 septembre 2007

ETES-VOUS SPAMOPHOBE ou SPAMOPHILE ?

Le mot spam est tiré d'un sketch des Monty Pythons dans lequel ce dernier, désignant un jambon en boîte un peu cheap, est prononcé un nombre impressionnant de fois dans le menu. Il s'agit de la contraction de SPiced hAM, une marque créée en 1937. Le sketch est une illustration comique du caractère indésirable et rébarbatif de ce jambon ayant été utilisé par l'intendance des forces armées aux USA pour la nourriture des soldats. Ces derniers considéraient cette nourriture comme un infâme brouet rébarbatif (voir article Wikipedia), d'où la véritable mise en boîte de ces spams que les québécois appellent les "pourriels". Il faut dire que les sollicitations incessantes faites aux internautes masculins afin qu'ils élargissent leur pénis peut en tout état de cause finir par leur courir sur le haricot...D'autant plus que l'idée que la taille de leur engin améliorerait sensiblement leur sex-appeal se répand comme une traînée de poudre de viagra sur le net !

Puisque j'évoque la "boîte de spam", certains d'entre vous ont peut-être reçu dans leur boîte des messages en anglais contenant des textes étranges. Proses qui interpellent car certaines peuvent, bien que destinées à attirer l'attention du premier quidam soucieux d'acquérir une verge atteignant le 69 sur l'échelle de Richter, se révéler tout à fait poétiques...Au début, j'ai pensé que les spammeurs utilisaient des textes d'auteurs connus mais apparemment il n'en est rien ! Il existe même des sites qui se sont pris d'une véritable passion pour ces "poetic spams"...(ex. http://www.poeticspam.com/ ou http://www.emailpoetry.com/home.php). J'ignore par quel mystère ces curieuses piles de mots sont créées, mais parfois elles oscillent entre Mallarmé et Lautréamont, rendant leur traduction hasardeuse par leur côté hermétique et elliptique. Ma traduction est donc très subjective...j'ai gardé le sens général du texte (pour peu qu'il y en ait un !) mais en essayant de faire rimer le tout. En fait ces textes me rappellent Les 1000 millards de poèmes de Raymond Queneau. C'est le hasard qui génère les textes avec des vers mélangés qui reviennent tout le temps. On peut observer le même phénomène avec ces spams, dans lesquels on retrouve une ou deux phrases disséminées dans un texte à chaque fois différent, ce qui peut expliquer l'hypothèse d'une poésie automatisée.

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Traduction

En descendant la longue route du gris fondu des choses
Se tient l'Archange Hiver : les ténèbres sur son dos s'exposent
Ecoutons-le, près du feu crépitant en fumoir
S'estomper et mourir ce soir
Je me suis un peu égaré depuis ce coeur froid et dur
Qu'y a t-il dans les profondeurs de ces murs
en sommeil ? Une écolière en vacances bâille aux corneilles
Tout près, au bout du chemin menant à deux choses
Sur la route hivernale de la ferme Saint-Simon explose
Sa voix claire malgré son âge, puissante d'éloquence et d'éveil
C'est comme si j'arrivais à un second seuil
De là-bas. En avant...
Au milieu de l'obscurité, sur ce pôle, s'élève le noir
Ce monde ne resterait-il pas à confortablement se voir
Courir, comme du temps des abeilles, cherchant là
Des bourgeons naissants de lilas verts qui ne survivront pas
Gaspillage exsangue où ces flamboyants sondeurs sont partis
Mais je ne peux dire si c'est le calme ici
Et les esquifs du monde à la dérive continuent leur roulis las

Down the long course of the gray slush of things
Archangel Winter, darkness on his back
To listen, by the sputtering, smoking fire,
Dim, and die tonight?
I've drifted somewhat from the distant heart
What is there in the depths of these walls
snoozing. A schoolgirl on vacation gapes,
Close at the end of distance the two Chose
The winter road from the St. Simeon farm
Clear-voiced despite its years, strong, eloquent
It is as though I were at a second threshold.
From there. Toward . . .
Amid the gloom, there, on the pole, stands black
Would their world not remain comfortably
To run, as in the time of the bee, seeking
Green lilac buds appear that won't survive
Pallid waste where no radiant fathomers,
And up there I cannot tell if it is still
And the worldsskiffs rudderless, rolling on

mercredi 5 septembre 2007

THE DOOR
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Fermée, c'est le seuil mystérieux du tout ou du néant
Ouverte, éventuellement à toutes propositions...
Cochère, couve une étreinte, expression de passion
Coulissante elle est sourde aux sensuels glissements
D'intérieur : une serrure palpitante à deux doigts de céder
Blindée malgré tout, ses crans résistent aux à-coups
De sortie ou d'entrée, de quel jeu de clés user ?
De prison aimable, bien que prise on s'en fout
Battante, mieux vaut la vitrer que la claquer,
Fenêtre sur cour on y voit bien des choses bouger
Dérobée aux verrous et des menottes aux poignées
De séparation à double tour aucun pène n'y cède
Grinçante pourtant : le son d'un secret intermède...
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Voilà pour une rentrée plutôt chaude afin de compenser notre triste été...triste été relatif puisque c'est en sillonnant les rues de notre belle capitale que ces portes ont égayé quelque peu mes pérégrinations...en voici une sélection.
Spéciale dédicace à Mister K. (qui se reconnaîtra) dont c'est l'anniversaire aujourd'hui !