mardi 28 juillet 2009

MAIL-ART DOISNEAU/PREVERT

Ce n'est pas la première fois que j'évoque sur ce blog l'art postal et les trèfles à quatre feuilles, qui sont un peu ma mascotte car j'ai pour "don" d'en trouver très facilement. En voici réunis sur une enveloppe A4 à l'attention de Christine, qui m'a envoyé ce très beau spécimen intitulé "LA VOIE EST LIBRE".

Je prends pour acquis que cette enveloppe est une porte ouverte à la créativité, le bonheur et l'aventure ! Christine me rapelle dans sa lettre qu'un mail-art call sur le thème DOISNEAU/PREVERT court en ce moment. A mon tour de lui répondre sous la forme d'une composition poétique, dont je reporte ici les mots :


Dans un Pré vert, j’ai trouvé des trèfles à quatre feuilles
Il y en avait autant que dans mes rêves étoilés
Et quand j’ai vu à Rome ces amoureux s’embrasser
J’ai pensé que Doisneau, dès le premier coup d’œil

Aurait aimé les voir sous ces parasols verts
Symboles de chance, de foi, d’amour et d’espoir
Puissent-ils t’apporter ce que tu rêves d’avoir
Car chaque trèfle vaut une parole d’inventaire.

Pour l'anecdote, ce fut en trouvant un trèfle à quatre feuilles dans le jardin de sa maison d'Omonville-la-Petite (Manche) que Prévert avait décida de l'acheter. L'écrivaine Louise de Vilmorin en avait fait son emblème, qu'elle dessinait dans sa correspondance.


Christine Leroy et Roswitha Guillemin animent les ateliers "Complètement timbrées", et lancent régulièrement des appels à mail art.

mardi 21 juillet 2009

Comme vous l’avez remarqué, je suis en mode « vacances » sur ce blog. L’expo du PhotoGraff Collectif (voir billet de Tat ici et le billet du PGC sur l'expo ici), le nettoyage du vieux théâtre graffé de l’Ermitage et un mariage en Italie ayant capté toute mon énergie ces dernières semaines, ce blog tourne au ralenti. Alors, qu’est-ce qui a bien pu me faire sortir de mon trou ? Eh bien, une simple vision, un instantané de rue.

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Je ne vais pas vous parler graffiti non, ou peut-être que si mais sous la forme de l’évocation d’un pot de peinture…Chaque matin je passe en Velib devant Beaubourg, et c’est là que j’ai surpris une scène tristement cocasse. Avec un certain recul, je me retrouve soudain plongée dans une scène de théâtre. Un travesti se remet du rouge à lèvres avant d’aller traîner sa misère, sans doute à la recherche de quelque passe tandis qu’un SDF donne sa pitance vide à ses frères de grisaille que j’appelle la vermine ailée.

Je fais une série de clichés, pas trop près…et puis la perruque blonde se retourne et fixe mon objectif. Là, quand je vois cette photo (malheureusement un peu sombre), je me sens comme une voleuse. Ce regard me perturbe, et je m’interroge. Cela demande une certaine audace de diffuser une image dont l’impact émotionnel peut déranger. La captation de la détresse humaine a parfois trait au voyeurisme, surtout quand cela touche de près la prostitution. Lorsqu’on dit PRENDRE quelqu’un en photo, ce n’est pas rien. On prend un peu de son âme aussi, et là je me fais surprendre à prendre. J’imagine à ce moment-là ce qui doit passer dans la tête de ce personnage qui, las de vendre son corps au rabais, se voit « shooté » comme un phénomène de foire…semblant anéanti, il s’est assis sur les toilettes, la tête baissée pour cacher sa souffrance.

L’incongruité de la scène a surtout fait travailler mon imagination, tant elle pourrait être le calque de celle d’un quotidien moderne caricatural, dans laquelle un couple se prépare avant d’aller bosser, la femme à sa toilette et l’homme à donner la becquée aux marmots avant de les accompagner à l’école. Sauf que là, le foyer se limite aux frontières d’une plaque d’égout fixée au pavée au milieu d’une flopée de pigeons et le miroir sale d’une sanisette, renvoyant à la face des passants le revers d’une médaille souillée de fientes. L’image de ce couple d’infortunés restera gravée dans mon esprit comme le symbole d’une farce sociale où la cruelle réalité du monde se reflète dans chaque geste blessé, dans chaque visage oublié, dans chaque instant ignoré de la vie de ces marginaux. Eux et nous marchons sur des fils parallèles qui ne se rencontrent jamais autrement qu’au détour d’un fait divers, lorsqu’il y a un mort…

Voilà. Maintenant je retourne à ma vie à moi, pour vous signaler au passage que le dévernissage de l’expo du PGC à la galerie Confluences, 190 bd de Charonne à Paris 20ème, a lieu ce vendredi 24 juillet à partir de 18h30. WELCOME !