dimanche 10 février 2008

  • Bowling for...

Les boules. Et dire que c’est sur des astres que l’on vient au monde et que l’on passe le plus clair et le plus sombre de son temps. Ces sphères ne cessent de révolutionner au sein d’un univers empli à l’infini de choses en forme de globes oculaires aveugles, dans un ballet de lumière sans fin d’ampoules qui finissent toutes par griller un jour. La rotondité qui fait partie intégrante de la matière nous envahit au point qu’on peut la perdre. Oui, on peut perdre la boule. Parce que là-dessus nous roulons notre bosse, chaque jour, sans savoir ce qui pourrait advenir de cette existence peuplée de ventres ronds qui perpétuent l’avenir incertain de milliers de fœtus. Un jour j’ai été moi aussi dans un œuf, roulée en boule dans une chaude matrice sans savoir que j’écrirais ces lignes bouleversées…Et je ne sais toujours pas où je vais : mystère et bout de l’homme, je ne connais que trop bien mes limites, et ce sont elles qui me réduisent à zéro.

Ce chiffre circulaire, symbole du néant et du commencement, n’est pas sans me rappeler la forme des testicules paternels hors-bites, sans parler des mamelons qui m’allaitèrent. Ces zones rondes ont été à l’Origine de mes bulles d’interrogation : l’Omega de mes inquiétudes et l’Onomatopée de mes étonnements. Depuis, je n’ai eu de cesse d’attraper la balle au bond à toute occasion pour comprendre ce cercle vicieux qu’est la vie. En vain. Mes atermoiements demeurent stériles et je m’égare sans trouver de but valable ou de justification à ce tournis universel. Pourtant d’autres s’y sont usé les rotules, courbant l’échine à force de courir après eux-mêmes. De siècle en siècle, continuant sans relâche de remplir le temps, ils sont des milliards d’êtres humains à aimer, haïr, tuer, soigner, souffrir, avoir des orgasmes, et sans jamais dans ces moments-là, sans doute, se demander pourquoi ils sont là, et pourquoi certains de leurs semblables finissent par péter un boulon.

Parce qu’il faudrait être terriblement inconscient pour ne pas se demander ce qui se trame derrière ce cycle inéluctable, issu d’un chamboulement chaotique. Bosse, baise, boulotte et picole sans abus sinon tu finiras aussi obèse qu’un obus !, nous dit-on. Si boulot tu n’as pas, ciboulot tu perdras ! Hélas, pétris par le système, pour gagner leur croûte certains se font rouler dans la farine et ne se font pas que des copains. Effet boule de neige, ce sont ceux-là qui mériteraient d’être traînés dans la boue mais qui s’en sortent bille en tête. Et nous ? On la boucle. Saura-t-on jamais ce qui nous anime ? L’amour est cyclique, la beauté sociale actuelle blackboule les rondeurs, notre planète s’use à force de ne pas tourner rond…et certains êtres sont des perles. Arrêtons-nous un instant, et reposons-nous sur ce que nous avons. Les boules ?