mardi 20 octobre 2009

C'ETAIT IL Y A 155 ANS

Hier, 20 octobre, c’était le jour anniversaire de la naissance de Rimbaud (né en 1854)…j’ai loupé le coche, et me voilà donc au pied du mur. Je publie donc ce billet à la date d’hier et remercie Gérard Lavalette (aka Le Piéton de Charonne) pour l’envoi de ses photos de portraits muraux glanés au fil de ses balades. En prime, quelques autres photos de ma collection, et surtout du portrait que Dja’louz a peint sur le mur de mon salon.


Montage avec les archives de Gérard Lavalette





Quoi de plus adapté qu’un mur pour apposer sa tête d’ange ? Ernest Pignon-Ernest a été l'un des premiers à coller des portraits de l"homme aux semelles de vent" dans les grandes villes à la toute fin des années 80. Il subsiste une fresque à Belfort, malheureusement très vieille et qui mériterait une restauration.



E. P.-Ernest à Belfort (detail)


D'autres artistes continuent de poser régulièrement son effigie urbaine, notamment Zilda à Rennes, NiceArt et Pedro à Paris...


Rimbaud & Iggy Pop - Nice Art, Paris 4°


Pedro - devant la Fondation Cartier, Paris 14°


Nice Art, Paris 4°

Il existe également un appel à art postal sur le thème de Rimbaud en ce moment, à l'initiative de Bérangère Delli.


Voici ce que le poète dit de ce mot « mur », synonyme à la fois de silence, de rempart, de séparation et d’incompréhension…Mais paradoxalement lieu de communication, d’expression et de liberté, comme le suggère si bien le langage des plateformes web, où l’on peut écrire sur un « wall ". Pour Rimbaud, le mur renvoie tantôt à un ciel tonitruant qu’il tend à pourfendre, tantôt à une paroi glauque et pleine d’aspérités, le réceptacle suintant de la maladie et de la difformité…

Dans le Bateau ivre, le poète est « Libre, fumant, monté de brumes violettes, [troue] le ciel rougeoyant comme un mur ». Dans Les Assis, les vieillards à la messe ont « Le sinciput plaqué de hargnosités vagues/ Comme les floraisons lépreuses des vieux murs ; (…) « cognant leurs têtes chauves/ Aux murs sombres, plaquant et plaquant leurs pieds tors ». Dans Jeune Ménage, « Dehors le mur est plein d'aristoloches où vibrent les gencives des lutins » [NDLR : les aristoloches sont des plantes toxiques et cancérigènes]. Et dans Les Veilleurs, « sur les pans de mur où le vent froid se joue/ Où subsistent parfois des lambeaux de papier », il clame « Ah ! c’en est trop, croulez murailles et parvis ! ».


Palaiseau

Pour Rimbaud la liberté passe notamment par l’abattage des murs…tandis que moi, j'ai fixé son image sur le mur lisse et blanc de mon quotidien. C’est ma façon de matérialiser la place qu’Arthur a toujours eue dans ma vie, dans mes pensées...le lire et le relire est à chaque fois une découverte. Au passage, Le "Magazine Littéraire" du mois de septembre dernier (n°489) y consacre un dossier auquel les exégètes rimbaldiens les plus calés en la matière ont collaboré. Chaque année un festival rend hommage à Rimbaud à Charleville autour d’un thème lié à sa poésie : cette année c’est l’errance. Ses oeuvres sont au programme actuel de l’agrégation externes de lettres modernes et classiques, entrainant et de nombreuses parutions d’essais et d’actes de colloques.


Les Frigos - Paris 13°

Bref, Arthur n’a pas fini de faire parler de lui, pour mon plus grand bonheur...et ce n'est pas fini;-) ! Puisqu’on parle de mur, j’en profite pour signaler l’ouverture d’un nouveau blog porté par le PGC, le MUR d’Oberkampf, en lien avec l’Association le MUR.