mercredi 30 mai 2007

DE CATACOMBES EN CATA...STROPHES !


Epitaphe gravé sur le fronton d'une chapelle du Père-Lachaise : cette strophe se compose de 2 octosyllabes et de 2 alexandrins. En fait de décomposition charnelle, je me propose de continuer mon œuvre de recomposition textuelle (cf. le sonnet de mon billet du 15 mars dernier où vous je faisais part de la découverte d’un quatrain similaire au-dessus d’une porte). On y décèle encore, coïncidence étrange, la même thématique : les bruits de la terre défient les mystères de la mort. A ceci près que vous noterez que les premières lettres de ce quatrain sont l’anagramme des mots AMER, RAME, MARE, et ERAM ! Une contrainte supplémentaire dont je ne saurais faire fi…mais au fait, savez-vous qui se cache derrière les initiales V. H. ? Saurez-vous retrouver le poème original ? Facile, alors à vos claviers !

Rêvant de ces grands espaces,
Autrement que sur ces terres gravées de mille noms
Maintenant j’ai pu faire corps avec l’horizon
Et j’y cours pour y trouver ma place…

Amour, ton silence me dépasse,
M’éloigne trop de ton cœur, hélas sans raison
En t’aimant j’ai tué toute passion, c’est trop con !
Regarde-toi dans la glace :

Miroir de marbre qui casse
Avec joie je me souviendrai de ce frisson
Regard fatal, en un seul coup de mon canon
Extatique, las, tu trépasses !

(chrixcel)


(V.H.)

mardi 22 mai 2007

DE CHAIR(E) EN PIERRE

J'avais profité du pont du 8 mai pour faire une escapade dans la région du Mont Saint-Michel. Le premier volet sera consacré à cet étonnant poème sculpté par un abbé nommé Fouré (1839-1910) pendant près de 25 ans, connu sous le nom de "Rochers de Rothéneuf". Devenu sourd-muet, le grand gaillard d'église se retire dans la paroisse de Rothéneuf à l'âge de 54 ans et cisèle 500 m² de douleur granitique tout aussi percutants que des pages écrites au burin. Chef d'oeuvre d'art brut, disent les uns, création naïve, dirons d'autres. Peu importe l'étiquette qu'on lui met, cette puissante allégorie de la comédie humaine, née de l'isolement et de l'imagination fertile de son créateur, nous étonne par son côté atemporel. Muré dans un silence pétrifié, l'abbé martèle sans relâche les rebords qui l'emmurent, faisant surgir près de 300 figures aux yeux de mica ! Le sel et l'air marin ont certes quelque peu altéré les visages de cette tribu de flibustiers bretons du 16ème siècle qui a réellement existé et vécu là, sans compter les dégradations dues à la guerre et au vandalisme. Dommage, le temps était couvert et mes photos ne rendent pas justice à ces statues qui ont su résister pendant 125 ans...

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Granidrome
Plage de Rothéneuf

Des faces effacées aux traits de granit nous avons gravi, ricochant tel un lancer de dés au fil des agrégats de sable mouillé. Sur cette grève rebattue par un vent au rire quasi graveleux, nous en avons gratté des paragraphes pour trouver ces statues de grabataires. Pesés, nos quelques grammes d'âme disparurent sous nos cheveux d'algues. Notre quête était aggravée par l'émergence d'un graphisme épuré et vivant, buriné à la fois par un grand escogriffe en soutane et par le sel et les embruns. Agrafées en roche dans une structure grasse et généreuse, des grappes de mica poussaient comme des graminées au soleil. Nous buvions ce vin, et ces instants de félicité grappillés à la mer qui nous avait iodé le sang; la vie s'était graduellement muée en nous en granulés d'hémoglobine : nous étions en somme devenus des graffiti d'étoiles se détachant sur un ciel grenat, et nous congratulions en coeur cette nature qui pourtant nous avait réduits à quelques ridicules gravillons éphémères gravitant autour de ces sublimes éléments gravés. Leurs reflets nous offraient gracieusement ce Graal qui nous avait jusqu'alors toujours apparu en filigrane, enfoui sous les gravats épars de nos dés gradés. Ce Graal, c'était le rire grave de la grève.


lundi 14 mai 2007

LE TRAC ERODA L'ADORE CARTEL
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L'oulipien Luc Etienne a composé le poème montré sur le lien de Fatrazie http://www.fatrazie.com/acrostiche.htm intitulé PEREC, CE REPERE en hommage à Georges Perec. Perec était un palindromiste acharné, d’où ce poème posthume entièrement construit sur cette célèbre figure qui se lit dans les deux sens, comme le mot « kayak ». Cette performance relève d’une double contrainte, celle de l’acrostiche double et d’un carré «palindromique», chaque "côté" étant constitué par le palindrome lui-même. Je vous propose, sur le même principe, un texte illustrant un graf de l’artiste Native, détail (photographié ce dimanche) d’une magnifique fresque sur un mur perpendiculaire à la rue Ramponeau dans le 20ème à Paris (merci Francis pour le tuyau !).
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