lundi 27 avril 2009

FACE A MAIN

J’ai déambulé à la recherche de mon image
Dans les vitrines et les flaques, j’ai cru voir mon visage
Psyché délictueuse, rue des Alouettes : un leurre
Ce n’était qu’un fantôme, dont j’ai vu la pâleur
Au pied d’une glace d’argent rue du Plat d’Etain.
Dans ses aplats déteints j’y voyais deux yeux fins
Qui fixaient le trottoir de la rue du Regard,
Ah ! quand les voies de Paris font des jeux de miroir !
Rue de l’Oculus nos yeux sont le reflet de l’âme
Mais rue de la Mire les égos s’y enflamment…
A Berlin j’ai bien cru que j'avais la berlue
Des masques semblaient sourire, de l'autre côté de la rue :
M'approchant de plus près, j’ai compté des facettes
Bris de verre, bribes de moi, elles n’ étaient pas très nettes !
°°°
Mosa : miroir façon Geiger à la devanture d'un coiffeur dans une rue de Berlin, avril 09.

lundi 20 avril 2009

GEOMETRIE VARIABLE


Cette historiette regorge de termes relatifs à la géométrie spatiale. Mais si certains sont lisibles sans difficulté, 10 d'entre eux sont plutôt bien cachés...A vous de jouer !


La City, quartier d’affaires de la capitale britannique, brille de mille feux ce-jour là. Les vitres aux miroirs troubles semblent répéter à l’infini des nuages d’un blanc laiteux rappelant la peau diaphane des anglaises. Les buildings, écrasants de transparence, offrent des formes anguleuses propices aux plans géométriques. Isobel s’amuse au gré des diagonales à cadrer l’espace dans l’écran de son appareil numérique. Avec ce soleil, nul besoin de monter en ISO, c’est le pied ! L’un des gratte-ciels, semblant s’envoler tel un avion d’acier, trace une ligne verticale vers un point de fuite imaginaire : « Comme sa barre part à l’aile ! » se dit la jeune femme. Les nombreuses solives de métal qui font l’armature de ces montres de verre ne sont pas sans lui rappeler les méridiens et fuseaux qui quadrillent la terre. Elle aperçoit nettement sa silhouette se reflétant dans les carreaux, et fait des signes aux costards-cravate qui passent, lesquels lui répondent d’un clin d’œil. Elle aux anges claironne :

«Quel beau temps gentlemen, souriez, vous-êtes filmés !»

Un petit rappel ironique à toute la clique de caméras qui pullulent dans les rues de Londres.


Mais, déconcentrée par ses propres délires narcissiques, en reculant dans un tournant elle ne voit pas une trappe, pèse trop tard les conséquences de son imprudence, car son appareil photo tombe et se casse avec éclat…«- Hey ! mon Pentax !Gone… » lui répond direct en glaviotant un vieillard décati, l’œil égrillard. Il lui tend avec empressement une poigne secourable pour la sortir de son trou non sans lorgner ses courbes…Isobel voit bien le genre : ce pervers pépère pend dix culs l’air de rien en posters sur les murs de sa carrée…Il tente d’ailleurs de lui coller la main au fessier. Elle hurle. Un bobby ne tarde pas à se radiner pour mater le pépé qui est cuit, latté, râle et trépasse.



La morale de cette histoire c’est qu’il ne faut jamais sous-estimer un angle mort, et encore moins un anglais mort !

Photos : La City de Londres, mars 2009.

lundi 13 avril 2009

TATTOO

Tatoue-moi donc les tétons puisque de moi t’as tout
Petit à petit mes atouts tuent tes traits têtus
En digitales arabesques à tes doigts étendus
Tu tâtes où ça fait mal, tous tes tattoos à mon cou !


Quel mot se cache dans ces volutes ?

Ecrites au bic mes lettres taboues sur toi s’impriment
De ta peau titilleront bientôt la carapace
Devenu tendre tatou à ton tour tu m’enlaces
Etre-totem, je tressaute à tes piques, est-ce un crime ?

°°°

Petits clins d'oeil à
Cali et Anbleizdu qui m'ont soufflé l'idée de ce billet.

Je pars une petite semaine et ne pourrai visiter vos blogs, mais je me rattraperai à mon retour;)
Je vous souhaite à tous un bon week-end Pascal !

lundi 6 avril 2009

Un père hâtif...en CAPITALES !

°°°

Les noms de 15 villes se dissimulent dans cette épopée emplumée…saurez-vous les retrouver ?


C'est l'histoire d'un coq qui adorait parcourir le monde. Volage, il voguait de ferme en ferme dans le monde entier. Avec une poule à chaque port, il voyageait sans chapon et, comme tout grand séducteur, il ne faisait pas d'omelettes sans casser d'œufs ! Il disait à sa cocotte : "ponds dix chéris !", et le lendemain il s’envolait vers un autre trip au lit...L'hiver, lorsque son nid n'était pas assez chaud, il avait recours à des marchands de chaleur, et à coups de "vends, couveur !", il leur volait dans les plumes pour se faire des couettes à pas cher. Prolifique, il semait des petits partout et gardait un œil jaloux sur ses ouailles, auxquelles il piaillait moult conseils. Ainsi, à une biblique poulette un peu trop replète, il conseillait : "jeûne, Eve, et stoppe donc les frites !" A un poussin nippon un peu trop timide, il sifflait : "ose, Aka !" - A son fils rocker anglais qui ne s'éclatait qu'en messes noires, il hurlait : "nique, Ozzie !".

Il ne partait d'une ville que lorsqu'il sentait se sentait grillé...mais comme tout oiseau, il n’était pas toujours très vif. Un jour, voyant que sa progéniture était baguée, il demanda pourquoi il n'avait pas été invité à la noce...mais lorsqu'il entendit le jeune farmer anglais dire à son père "bague, Dad !", il comprit tout et fut très triste. Déprimé, il s'échappa lorsque sa poule aux yeux d'or chinoise lui souffla : "Adieu poulet, quitte tôt cet endroit ye t'en priiie !". « OK, mais occupe-toi bien des mouflets et n’oublie pas, borde Hô et embrasse-le bien fort de la part de son papa !». Le coq en colère reprit toutefois rapidement la plume de la bête. Il partit sans crier gare à Scotland Yard pour y consulter son ami, un célèbre détective, et dénoncer le meurtre en série de ses poussins.

Il lui conta toute l'histoire, mais il y avait tellement de détails et tellement de prénoms que le fin limier lui faisait répéter plusieurs fois. Le détective notait fébrilement tout dans ses carnets, tandis que le gallinacé scandait à intervalles réguliers comme un perroquet : "Stocke, Holmes !, stocke, Holmes !". Et le Sherlock stockait, et le Sherlock stockait, des trucs qui collent au coq encore et encore…Mais, parti dans une logorrhée difficile à juguler, l’emplumé s'exclama : "Je commence à en avoir la nausée de tout ce massacre, j’en peux plus !" Sherlock lui répondit avec un fort accent "coq-né" : "Dans ce cas, tais et wends !" - "Non", répondit l'oiseau, "je ne me tairai pas. Il faut faire la lumière sur cette affaire, c'est pourquoi j'irai où campe Allah" – « May à quoi te sewvirait un pèlewinage là, mec ? » Le coq, buté, ne répondit pas. "Ok, vas-y, monte et vis des hauts…et des bas ! Je te pwéviens, tu wisques de laisser des ploumes dans ce bad twip", fit le détective. « Tiens, pwends le guaïde du Poulard, et avant de pawtir, lis-le please !». - « Merci, je te revaudrai ça, fit son pote ». Sur ce, l’oiseau fit une volte face qui fut aussitôt stoppée par Sherlock : "Hey ! May ne te taille, paye ton coupe au moins !". Ils allèrent donc s’en jeter un au bar en face de chez Coq & Colas. Ce faisant, ils aperçurent Nick Park du haut de la terrasse et lui firent un signe amical : « Monte, réal ! ». Mais le réalisateur, à l’instar de sa création, s’enfuit à grand vitesse…

enseigne, Paris 18ème