mardi 25 novembre 2008

LES 7 PECHES CAPITAUX SELON EMMANUEL LACOSTE

Sticker de vitrine par Miss Bers et Charlotte de And us* (www.andus.fr)

Jeudi 20, j'étais au vernissage d'un pote. Emmanuel Lacoste revisite Les 7 péchés capitaux avec une conception de la joaillerie-sculpture de haut vol. Cinq mois de travail acharné pour réaliser un ensemble d'une puissance graphique sensationnelle. Les matériaux sont nobles, la sobriété des matières donne une maturité symbolique à l'ensemble, avec une touche d'humour qui ne vous échappera pas. Je vous propose mon décryptage d'une oeuvre qui m'inspire ! Tous les mannequins sont en résine et ont été reponcés pour prendre la forme souhaitée, puis repeints en blanc. Chaque sculpture est à la fois épurée et sophistiquée; la punition qu'encourt celui qui s'adonne au péché est induite par l'utilisation présupposée du bijou.




La Luxure : selon moi, cette interprétation est assez féministe. Il s'agit là d'un bijou féminin d'une grande délicatesse. La structure métallique autour du verre est en laiton (pour le modèle d'expo - le bijou définitif sera en or jaune) : on glisse un doigt audacieux dans un fourreau de dentelle, dans une verge en verre. C'est la femme qui pénètre l'homme en somme...et la verge est fragile. Une fois introduite, elle peut se briser !



La paresse : qui se frotte à la flemme s'y pique : ce petit coussin de plumes d'oie rehaussé d'argent chromé a l'air bien confortable, mais à y regarder de près...les aiguilles de métal en son milieu et dans les angles laissent présager un sommeil épineux !



L'envie : ce morceau de fromage en plaqué or sur une fort délicate tapette à souris en bois est tentant, mais parfois il faut savoir se restreindre sous peine de se faire pincer...


Les photos réduites se "pixellisent", cliquez dessus pour avoir les photos nettes

L'avarice : cette sphère de vermeil, qui contient des pierres fines et des cristaux, avec ce tour de cou orné de vison, est raffiné à souhait mais...la fortune, lorsqu'on la garde pour soi, n'est-elle pas un boulet étouffant ? L'argent fausse les rapports humains...



L'orgueil : quelle femme ne rêve pas de posséder le plus gros solitaire de la planète ? (réponse...moi;). Blague à part, c'est un symbole universel, signe extérieur de richesse par excellence...plus le diamant est gros, plus l'égo a des chances de l'être...eh bien cela tombe bien car ce solitaire d'argent a pour facettes des miroirs. Vous avez dit narcissique ?



La gourmandise : or blanc et citrine ornent des lèvres qui semblent sur le point de succomber...La jolie Anne pose pour moi. Pour l'occasion, des sucettes identiques à la forme de celle-ci avaient été confectionnées.



La colère
: rouge est sa couleur. Rubis, titane, or blanc et cuir de caïman sont les ornements de ces poings américains/pendants d'oreille. Chic et choc terrible : le sang des lobes arrachés peut s'écouler sur ce cou blanc s'ils venaient à être utilisés...

***
Pour le plaisir des sens, je vous invite à aller voir l'expo de Manu qui dure jusqu'au 20 décembre à la Galerie D-ROOM. Moi, j'y retournerai peut-être le 6 pour la Saint-Nicolas et les manalas (petits pains traditionnels confectionnés en Alsace la veille de la Saint-Nicolas). La gourmandise est un péché, je sais !


Emmanuel Lacoste

mardi 18 novembre 2008

Miss.Tic & Rimbaud à la Galerie W, X, Y, Z...


Rimbaud par Troy Henriksen, Galerie W.
*
Vendredi soir dernier, j'étais avec Tat à un vernissage de Miss.Tic à la Galerie W. Entre deux petits fours et quelques coupes de champagne, nous déambulions parmi les gens et admirions les aphorismes de la Miss écrits sur de grandes toiles noir et blanc (l'occasion pour moi d'illustrer mon propos de quelques-uns des pochoirs préférés de ma collection). A l'étage, d'autres oeuvres sont exposées, dont des portraits d'Arthur Rimbaud. Vous connaissez mon admiration indéfectible pour ce poète. C'est alors que je remarque que l'un des portraits d'Arthur est caché derrière d'autres toiles. Je m'exclame que c'est dommage de l'avoir caché. Une voix s'élève derrière moi : "Vous avez dit Arthur Rimbaud" ? Oui, je l'ai dit. "Alors j'ai quelque chose qui pourrait vous intéresser...". Et un jeune homme me tend un CD sous blister avec écrit en lettres d'or le nom de mon poète favori ! Je me déleste promptement d'un billet pour acheter à Raphael Didjaman le CD dont il a composé la musique et dont il est aussi le producteur. Il est accompagné de son ami Simon Zed alias Lino Zapette, mime-clown, qui raconte "Angoisse" d'une voix saccadée et inquiétante à souhait sur le CD.



Nous parlons art de rue et, comme un hasard ne vient jamais seul, Raphaël et Simon connaissent bien Ali Fekih, que j'ai eu l'occasion de rencontrer avec Tat et Paris-Emoi à Beaubourg (vous trouverez des photos de ce danseur hors du commun sur leurs blogs ainsi que sur celui d'Henri ; également, des photos de Paris-Emoi dans la nouvelle monographie de Miss.Tic "Femme de l'être", et anciennement dans "Parisienne"). Sur l'album, je vous invite à écouter la voix de stentor de Jean-Claude Dreyfus sur "Vénus anadyomène", son interprétation est d'une ironie mordante et jubilatoire. La voix de hache d'Arthur H, profonde et sinueuse, nous plonge dans le tunnel d'un oeillet violet sur l'Idole, tandis que Desireless, dans le moindre de nos désirs et fidèle au tube qui l'a rendue célèbre, nous emmène en voyage au travers de "Sensation" avec un phrasé qui vous porte aux nues. Le timbre espiègle de Sapho nous titille - non, on n'est pas sérieux quand on a 17 ans, et l'on se souvient de nos premiers émois d'ado dans son "Roman". Denis Lavant s'avance dans un texte difficile, mais son Bateau Ivre vogue au gré d'un timbre puissant, aussi changeant que les éléments qui l'animent. Je pourrais vous parler de toutes les interprétations mais 20 titres ça fait beaucoup ! Bref, c'est un album à écouter allongé, zen, pour se concentrer/recentrer pleinement sur les textes. Petit bémol toutefois sur "Le bal des Pendus"; l'interprétation monocorde et la voix ont un timbre qui n'évoque pas d'écho en moi...une écoute pénible, comme une note discordante dans cet enchaînement harmonieux. Mais l'ensemble est d'une poésie profonde, d'une émotion qui vous fait frissonner, sourire, méditer, respirer, rêver...De plus, l'album est admirablement illustré par Ida, une artiste-peintre dont le talent m'a scotchée (retrouvez des photos de ses toiles en cliquant sur SITE OFFICIEL). Une émission radio de 45mn sera consacrée à cet opus le 8 décembre prochain sur Nova (101.5) et les artistes seront à l'antenne à partir de 22h. Raphaël prépare un second hommage à Rimbaud avec d'autres artistes. Voilà une belle rencontre riche en signes qui me fait dire que, décidément, dans la vie, il y a des coïncidences qui vous laissent...cent voix.


[Je ne parlerai pas, je ne penserai rien,
Mais l'amour infini me montera dans l'âme ;
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, heureux- comme avec une femme].

In Sensation. Ces vers se sont gravés dans ma tête dès la première lecture.


[Quand sera brisé l'infini servage de la femme,
quand elle vivra pour elle et par elle, elle sera poète, elle aussi !]
*
Lettre à Paul Demeny dite "du Voyant".
Arthur était un visionnaire !

mercredi 12 novembre 2008

Un JEU de METAL où JE M' ETALE
*
Je voudrais :

Croiser l'étain plutôt que le fer avec toi

Acheter un silence d'or au prix de ta foi

Avoir l'odeur d'un don de soi
Plutôt que celle de ton argent qui n'en a pas

Garder pour toi un coeur nickel et fort
Au lieu d'avoir si peur qu'il ne batte plus en corps

Trouver que la chaleur de plomb de mon aimant
Est celle d'un adoré qui m'attire et me prend


Et la plume de sa main de platine et d'alu,
Qu'elle tourne plus doucement que celle qui me tue

Que le bronze soit plus sonore qu'un cuivre
Pour ériger mon corps en statue qui se livre

A mes flancs que ton chrome adoucisse le mercure
Caressant mes laitons sous cette température

Que l'airain de ces reins ressoudés au titane
Soit plus vif que l'épée qui me transperce l'âme


Et je voudrais tellement que mes nerfs bien trempés
Supplantent ton acier bien trop froid pour rêver :

Tu ne tends qu'une oreille à ma plainte de vermeil
Dont le vernis s'écaille à force de ces veilles

Car enfin je ne dors que pour rêver de toi
Pour combien de temps encore ? je ne le sais pas.

***

Photos : CARRE 1 - Mémorial des déportés au Père-Lachaise, "Fontaine Emergeante" par Chen Zhen Paris 13ème, détail "Soul II" par Jaume Plensa et "Priscilla" par Joana Vasconcelos, Fiac 2007. CARRE 2 : toile d'araignée (Normandie, la Vieille Lyre) Expo 400 ml aux Métallos (bombe aérosol compressée par Native), Jérôme Mesnager (Neuilly), oreille, détail d'une rampe à la Défense.

NB = Ceux qui ont FREE comme opérateur rencontrent en ce moment des problèmes d'affichage de photos sur ce blog, ce qui est dû à un dysfonctionnement entre Free et Lycos. Le problème a déjà été signalé par les freenautes et les techniciens de Free planchent dessus. Pour l'instant je charge directement les photos via blogger et il faudra donc attendre que le problème soit résolu pour que toutes les photos du blog soient de nouveau visibles.

mercredi 5 novembre 2008

LE CROQUE MORT

Chanson d'automne, paroles Chrixcel, musique ??? ben qui veut !;)

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On m’appelle le croque-mort
Surtout me demandez pas pourquoi
Y paraîtrait comme ça que j’mords
Pourtant croyez-moi c’est pas l’cas !


Moi la vieille carne m’fait pas d’effet
J’préfère de loin la bonne chair fraîche.
C’est quand je bosse au Père-Lachaise
Que j’mate les filles à la peau de pêche...

Celles-là j’en fais bien mon casse-dalle
Je les chauffe au crematorium
Et il faut dire qu’en général
Ca les fait tomber dans les pommes
(mhmm c’est bon les pommes au four…)

C’est qu’la nature m’a fait bel homme
Et mon métier fait fantasmer
Ben ouais les femmes moi je les tombe
Aux mises en bière pour les griser !

On m’appelle le croque-mort
Surtout me demandez pas pourquoi
Y paraîtrait comme ça que j’mords
Pourtant croyez-moi c’est pas l’cas !

Dans ma rubrique nécrologique
Il n’y a que des corps qui se pintent
Vous m’direz au fond c’est logique,
Même ivre-mort j’use des feintes !

A celles qui veulent voir leur cher Jim
A sa sublime voix sur fond d'orgues
Je souffle que la Mort y sonne
Elles me disent tout bas : "J'imagine" !

Mais y a pas de fumée sans feu
Fallait s’douter qu’y aurait un os
C’était bien trop beau pour durer
La concession à perpétuité !

Un jour la mort m’a rattrapé
Celle-là je l’avais oubliée !
J’étais alors très emballé
Par une dame fort décomposée...

Mais par mes traits je vous rassure !
J’vous l’ai dit, j’aime pas la peau mûre…
C’est que j’venais juste d’expirer
Dans un coït un peu musclé !

On m’appelait le croque-mort
J’faisais des films d’art et décès
Je méritais la Palme d’Or
Au lieu d’quoi j’ai fini fauché !

*
Et puisqu'on parle d'emballage : j'ai découvert au Père-Lachaise une étrange façon de préserver la chair/pierre avec ce film plastique…une «œuvre» que n’aurait pas renié Christo ! Mais savez-vous pourquoi ? Moi, je ne sais pas...