dimanche 27 janvier 2008

DESASTRES DES ARBRES

Je suis femme tronc, clouée au saule je t’enlace pour t’insuffler ma sève,
Je verse un sérum lacrymal sur tes scarifications, tranches de douleur :
Ton écorce écorchée, c’est comme ma peau qui s’enlève,
Dans mes veines coule la haine de tes bourreaux de bois sans cœur
Personne ne peut plier leur volonté dans leur boulot en chaîne,

Mais ils se plantent !

Tes râbles cassés à l’aune de ton charme pourtant si fort et envoutant,
Me font mal. Noyée, je lis la sentence des hommes qui gravent tes souches
Rien ne frêne l’holocauste, les mutilations de tes branches en sang…
Parfois je rêve que je marche à tes côtés, toi déraciné, moi si près que je touche
Tes pieds déterrés fuyant les vils, autour de moi, et qui m’entraînent et m’effeuillent.

Si seulement tu pouvais fuir très loin, toi qui me donnes l’air, et que je cueille !
If only…tu réchauffes mes hivers, tu meubles ma vie tristement vide :
Sans toi je ne suis rien ; mais peu à peu tu seras rayé de la terre, fossile à vif.
L’arbre est une matière d’âme, sans armes. Puissent les êtres xylocides
Se rappeler de ce qui les fait exister, tant sont énormes leurs états végétatifs…


samedi 5 janvier 2008

UN PLAN POUR 2008 ?

La RATP affiche ses voeux sous la forme d'un plan de métro revisté. Parisienne en pleine "Béatitude", je me situe pile poile ente la "Célébration" et l'"Extase"...et vous autres Parisiens ? Cliquez pour voir en plus grand ! Moi, je me contenterai de vous la souhaiter meilleure que la précédente...


Combien de noms de stations cachées dans ce poème ?

Métro de mes trots, mais trop maître à maux
Dans ton air mélangé à tes vagues rames, oh,
Tes rails ternes que je suis sans pouvoir l'éviter
Guettée par l'ennui sans gaîté je dois léviter

Quand tes strapontins claquent en un bruyant opéra
Tu ouvres grand tes coulisses, on sent de grands volutes
Des poussières s'agitent, à force de vols luttent
Un transport si commun au coeur des miasmes humains

Agresse mes narines : des effluves j'en hume, hein !
Dans cette agitation aucun son ne concorde :
Correspondances, échanges ? ce beau troc a des rots,
On gobe l’indifférence et contemple ceux qui s'abaissent

A quoi bon échanger quand personne ne l'ouvre ?
Arborant de laids hâles on sent que tes barres baissent
Je vois les rails : deux rivaux, lits pour souris blanches...
Les rats ont droit de cité laissant partout la marque

De leur passage : on voit des rais aux murs salis
Les spots blafards qui clignent en cours de route
Embrochant mille visages de pantins en déroute.
Ce chemin vers un train d'enfer de ma bourse je paie le port

Des wagons courant nulle part dont personne n'est dupe
L'expérience du dégoût suit bien sa descente : écoutez !
Le lâche appel d'un paumé nous annonce que le pire est né
Il dit que sa vie est trop chère, n'en pouvant mais nie le montant
De sa peine : un monceau de misère qu'il n'y a qu'à déplorer...