Je suis femme tronc, clouée au saule je t’enlace pour t’insuffler ma sève,
Je verse un sérum lacrymal sur tes scarifications, tranches de douleur :
Ton écorce écorchée, c’est comme ma peau qui s’enlève,
Dans mes veines coule la haine de tes bourreaux de bois sans cœur
Personne ne peut plier leur volonté dans leur boulot en chaîne,
Mais ils se plantent !
Tes râbles cassés à l’aune de ton charme pourtant si fort et envoutant,
Me font mal. Noyée, je lis la sentence des hommes qui gravent tes souches
Rien ne frêne l’holocauste, les mutilations de tes branches en sang…
Parfois je rêve que je marche à tes côtés, toi déraciné, moi si près que je touche
Tes pieds déterrés fuyant les vils, autour de moi, et qui m’entraînent et m’effeuillent.
Si seulement tu pouvais fuir très loin, toi qui me donnes l’air, et que je cueille !
If only…tu réchauffes mes hivers, tu meubles ma vie tristement vide :
Sans toi je ne suis rien ; mais peu à peu tu seras rayé de la terre, fossile à vif.
L’arbre est une matière d’âme, sans armes. Puissent les êtres xylocides
Se rappeler de ce qui les fait exister, tant sont énormes leurs états végétatifs…