Comme vous l’avez remarqué, je suis en mode « vacances » sur ce blog. L’expo du PhotoGraff Collectif (voir billet de Tat ici et le billet du PGC sur l'expo ici), le nettoyage du vieux théâtre graffé de l’Ermitage et un mariage en Italie ayant capté toute mon énergie ces dernières semaines, ce blog tourne au ralenti. Alors, qu’est-ce qui a bien pu me faire sortir de mon trou ? Eh bien, une simple vision, un instantané de rue.
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Je ne vais pas vous parler graffiti non, ou peut-être que si mais sous la forme de l’évocation d’un pot de peinture…Chaque matin je passe en Velib devant Beaubourg, et c’est là que j’ai surpris une scène tristement cocasse. Avec un certain recul, je me retrouve soudain plongée dans une scène de théâtre. Un travesti se remet du rouge à lèvres avant d’aller traîner sa misère, sans doute à la recherche de quelque passe tandis qu’un SDF donne sa pitance vide à ses frères de grisaille que j’appelle la vermine ailée.
Je fais une série de clichés, pas trop près…et puis la perruque blonde se retourne et fixe mon objectif. Là, quand je vois cette photo (malheureusement un peu sombre), je me sens comme une voleuse. Ce regard me perturbe, et je m’interroge. Cela demande une certaine audace de diffuser une image dont l’impact émotionnel peut déranger. La captation de la détresse humaine a parfois trait au voyeurisme, surtout quand cela touche de près la prostitution. Lorsqu’on dit PRENDRE quelqu’un en photo, ce n’est pas rien. On prend un peu de son âme aussi, et là je me fais surprendre à prendre. J’imagine à ce moment-là ce qui doit passer dans la tête de ce personnage qui, las de vendre son corps au rabais, se voit « shooté » comme un phénomène de foire…semblant anéanti, il s’est assis sur les toilettes, la tête baissée pour cacher sa souffrance.
L’incongruité de la scène a surtout fait travailler mon imagination, tant elle pourrait être le calque de celle d’un quotidien moderne caricatural, dans laquelle un couple se prépare avant d’aller bosser, la femme à sa toilette et l’homme à donner la becquée aux marmots avant de les accompagner à l’école. Sauf que là, le foyer se limite aux frontières d’une plaque d’égout fixée au pavée au milieu d’une flopée de pigeons et le miroir sale d’une sanisette, renvoyant à la face des passants le revers d’une médaille souillée de fientes. L’image de ce couple d’infortunés restera gravée dans mon esprit comme le symbole d’une farce sociale où la cruelle réalité du monde se reflète dans chaque geste blessé, dans chaque visage oublié, dans chaque instant ignoré de la vie de ces marginaux. Eux et nous marchons sur des fils parallèles qui ne se rencontrent jamais autrement qu’au détour d’un fait divers, lorsqu’il y a un mort…
Voilà. Maintenant je retourne à ma vie à moi, pour vous signaler au passage que le dévernissage de l’expo du PGC à la galerie Confluences, 190 bd de Charonne à Paris 20ème, a lieu ce vendredi 24 juillet à partir de 18h30. WELCOME !
Je fais une série de clichés, pas trop près…et puis la perruque blonde se retourne et fixe mon objectif. Là, quand je vois cette photo (malheureusement un peu sombre), je me sens comme une voleuse. Ce regard me perturbe, et je m’interroge. Cela demande une certaine audace de diffuser une image dont l’impact émotionnel peut déranger. La captation de la détresse humaine a parfois trait au voyeurisme, surtout quand cela touche de près la prostitution. Lorsqu’on dit PRENDRE quelqu’un en photo, ce n’est pas rien. On prend un peu de son âme aussi, et là je me fais surprendre à prendre. J’imagine à ce moment-là ce qui doit passer dans la tête de ce personnage qui, las de vendre son corps au rabais, se voit « shooté » comme un phénomène de foire…semblant anéanti, il s’est assis sur les toilettes, la tête baissée pour cacher sa souffrance.
L’incongruité de la scène a surtout fait travailler mon imagination, tant elle pourrait être le calque de celle d’un quotidien moderne caricatural, dans laquelle un couple se prépare avant d’aller bosser, la femme à sa toilette et l’homme à donner la becquée aux marmots avant de les accompagner à l’école. Sauf que là, le foyer se limite aux frontières d’une plaque d’égout fixée au pavée au milieu d’une flopée de pigeons et le miroir sale d’une sanisette, renvoyant à la face des passants le revers d’une médaille souillée de fientes. L’image de ce couple d’infortunés restera gravée dans mon esprit comme le symbole d’une farce sociale où la cruelle réalité du monde se reflète dans chaque geste blessé, dans chaque visage oublié, dans chaque instant ignoré de la vie de ces marginaux. Eux et nous marchons sur des fils parallèles qui ne se rencontrent jamais autrement qu’au détour d’un fait divers, lorsqu’il y a un mort…
Voilà. Maintenant je retourne à ma vie à moi, pour vous signaler au passage que le dévernissage de l’expo du PGC à la galerie Confluences, 190 bd de Charonne à Paris 20ème, a lieu ce vendredi 24 juillet à partir de 18h30. WELCOME !
12 commentaires:
Photo choc qu'il faut me semble t-il montrer. c'est en plus d'une piqûre de rappel sur la misère humaine, une façon de leur rendre hommage.....
Je ne suis pas d'accord avec toi sur les fils parallèles qui ne se rencontrent jamais.... Les gens de la rue, font partie de mon univers, des gens devant lesquels je passe chaque jour, au fur et à mesure, il y a les sourires, puis les hochements de têtes et viennent les mots....
Tout peut basculer en si peu de temps pour chacun de nous.. n'oublions pas....
Merci pour ce billet parenthèse au milieu de tout ce beau, de nos grands projets ;)
j'aime quand tu viens nous raconter la fragilité et les contours de l'être ^^
j'aime tes cris écrits et ton regard pesant-pensant.
B.
No comment.
Rien à ajouter à ça.
(mais je le dis quand même - je laisse trace)
Merci pour la photo !! Le lampadaire m'a été très utile !! ;D
Incroyable photo.
Je souffre à la lecture de tes mots.
Merci pour cet instant "apnée", je retourne moi aussi à ma journée...
PS: joli lampadaire ...qui était quand même le motif de ma venue ^^
Tat> tu as raison bien sûr, mais c'est parce qu'on est habitués à côtoyer les gens de la rue aussi qu'on a l'impression d'être plus proches d'eux, contrairement à d'autres qui ne les regardent pas, absorbés par leurs propres préoccupations...aussi parce que toi et moi vivons dans des quartiers populaires où nous voyons la misère tous les jours...à force ça donne envie d'en parler, de la montrer du doigt, une façon de ne pas "oublier" comme tu dis...
Lunaba, PP, Frez> loin de moi l'idée de gâcher vos vacances dans la liesse estivale ambiante...mais c'est juste un rappel...
Tef> merci de ton passage et de ne pas t'être "arrêtée au lampadaire":)
Un très joli récit !
J’ai beaucoup de mal à prendre les gens en photo dans la rue, pourtant il y a plains de scène de rue photogénique, mais je me demande quelles réactions ils vont avoir si je pointe mon appareil vers eux, alors je laisse tomber.
bonne vacance a toi ;-)
ton questionnement est tellement pertinent... ce genre de choses m'est arrivé très récemment avec prise de tête à la clé...
Et qu'as-tu fait alors, quand il t'a regardée ? Je ne peux m'empêcher de me poser la question...
Cela m'arrive souvent d'être attrapé au moment ou je prends mon cliché. Tu t'habitues! La première fois ça te fait tout drôle, ensuite tu improvises selon la façon dont tourne la situation ;-)
Zygene>> J-2, je te les souhaite bonnes aussi;)
DDC> je me suis figée, l'ai regardée dans les yeux, puis j'ai renfourché mon Velib et suis partie...
Henri, oui je suppose que toi ça t'arrive plus souvent qu'à moi, t'as de l'entrainement !
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