mercredi 30 avril 2008

Il y a quelque temps je vous faisais part dans un précédent billet de la construction d'une piscine rue Denoyez. J'avais alors imaginé toutes sortes de combinaisons possibles mais je n'avais pas pensé à celle-là : un "siestodrome" existe rue Taitbout (cf. article in Télérama - sortir)...et grâce aux Pages Jaunes j'ai pu identifier un otorhino rue des Belles-Feuilles, un architecte passage du Chantier, une société de ramonage rue Chaudron, un huissier qui s'appelle Pincemain rue Juge, une boîte de désinsectisation rue Papillon, quatre agences du pub rue Lamarck, trois boutiques de prêt-à-porter rue Mabillon, deux horlogers rue du Cherche-Midi, une entreprise de reproduction de clés (Cordoclés) boulevard Sérurier, une boutique de téléphonie qui s'appelle "Phone Pas Cher" rue du Cher et une quinzaine de médecins et un hôpital (Sainte-Anne), rue de la Santé. Entre outre, le siège de l'Association Nationale des Chasseurs de Gibier d'Eau (ANCGE) se trouve...avenue des Chasseurs !


Un jour il pourrait nous arriver d(e)...

Rester zen rue Affre
Aller au chaud rue Basfroi
Mandater un cartographe passage de l'Atlas
Catapulter le siège du PSG rue de l'Arsenal
Prévoir une session de rattrapage rue du Bac
S'emmerder rue Cambronne
Echarper un âne rue Bonnet
Demander du feu rue Briquet...
et écraser sa clope rue des Cendriers
Se passer un coup de peigne rue de Brosse...
et aller chez un coiffeur afro rue Barbanègre
Rouler des pelles rue Rataud
Se balader en fauteuil roulant rue Malassis
Gérer des dégâts rue des Eaux
Planter du maïs transgénique rue Biot
Calculer un géomètre rue de L'Echelle
Rédiger un pamphlet antispams rue de Lourmel
Installer un bac à sable rue des Arènes
Faire un Halley-retour rue de la Comète
Tourner un film de fesses rue de la Lune
Rencontrer un clown rue de la Boule-Rouge
Se prendre une balle en pleine tête rue Boulitte*


MAIS AUSSI DE

S'aveugler rue Véron

Appeler les pompiers rue Brulon

Recevoir un uppercut rue Bignon

Faire un croche-patte à un éclopé rue Boiton

Filer tout droit rue Tournon

Pousser des trucs rue Tiron

Rester brave rue Rampon...

(* bullit = balle en anglais)

Je profite de ce billet pour vous faire part de la toute nouvelle création aujourd'hui (par mes soins pour les photos et la mise en ligne^^) du blog La Galerie d'Aurélie, où vous pourrez admirer les oeuvres de la demoiselle éponyme, et de la mise en lien ici du blog Anti-Radins en réaction à la publicité d'un site de vente en ligne dont le slogan m'avait et vous avait fait réagir dans un précédent billet : "DEVENEZ RADIN". Admirons au passage le cran d'Atarax, qui prend de sacrés risques pour transformer les affiches dans le métro !
Ses nouveaux slogans : DEVENEZ CALIN, MALIN, LAPIN...à suivre.

mercredi 23 avril 2008

TROIS FINS POUR TAT
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Un blog c'est avant tout un espace interactif. C'est pourquoi quand Tat m'avoua avoir apprécié mon texte précédent mais avoir déploré une fin si tragique, j'eus l'idée d'en rédiger trois fins alternatives. Je peux tout à fait comprendre qu'une âme romantique ressente un certain désappointement à la découverte que derrière ce Néron se cache un vulgaire "floral killer". Alors laquelle préférez-vous ?
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*Poétique*

Sitôt pâmée, Rose émergea de vapeurs colorées,
Savourant la tendre sentence de son jardinier.
Après avoir effeuillé son corps et arrosé son pied
Il lustra ses pétales d'huiles, et sa chair nacrée
Prit un éclat essentiel : son coeur moussait
De mille fragrances, dont l'odeur dégagée
Avait la puissance d'un gaz délétère et moisi :
Empoisonné le Néron nu ne nargua pas la nuit.
Il trépassa. La rose repue raisonna en rebelle
Et trouva qu'elle était de loin la plus "éthernelle".
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*Polémique*

Le hic avec les mecs c'est qu'une fois qu'ils ont trempé leur tige il ne pensent qu'à trouver d'autres pots pour planter leur mauvaise graine. Et Néron, pour sûr, est un mec, et la naïve fleur blanche n'avait pas flairé le pot-au-roses, un comble ! Sa cueillette finie, le gougeat se dirigea vers la salle de bains, s'admira dans le miroir en bombant le torse et en se pétant quelques bourgeons au passage, puis sortit sans même un regard en arrière. Ouais, il aimait les belles plantes. Mais lui préférait l'ambiance "jungle" à celle de l'air du temps qui passe, il était pas du genre à s'éterniser auprès d'une fleur qu'il trouvait déjà fanée une fois humée. Parce que : qui dit jungle dit forêt, et qui dit forêt dit touffes, glands, et ça tire là où les satyres s'attirent : la flore, la faune et la foune. Il avait un projet vergétal des plus complets : décapuchonner des Capucines, engloutir des Eglantines, émarger des Marguerites, anémier des Anémones, faire jaser les Jasmines, violer des Violettes, enjamber des Angéliques, mettre les Hortenses hors tension, provoquer l'ire des Iris, véroler les Véroniques, égarer des Garances, bref, travailler (pour) des Prunes...Il n'excluait que deux espèces dans cet ambitieux palmarès : les cactées et les plantes carnivores. Se faire bouffer par une femelle, ça, jamais ! Surtout, pas se planter...et quand à se faire piquer, le plus tard sera le mieux ! Son annonce dans le courrier des métronautes était éloquente : "Vertes où mûres, j'aime toutes les belles gousses. Tu es piquante, mais pas trop, viens te cultiver avec moi : je suis le pote âgé qui te fera pousser des tournesols dans la tête. Car j'ai l'expérience de toutes les saisons. Si je butine le vétiver en hiver, je récolte les pivoines hébétées en été, et si je labourre les champs de friponnes en automne, je taille les filles de vingt ans au printemps. Pousser les nénés dans les orties, oui, me faire envoyer sur les roses, non ! Si pour toi la passion rime avec moisson, alors j'ai les effets de serre qu'il te faut." Le margoulin, avec un peu de chance, tombera sur une belle orchidée qui lui en fera voir de toutes les couleurs...
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*Politique*

Dans le silence d'une chambre d'hôtel, on entend de frénétiques "Hue ! Hue !..." Une fois son affaire ficelée, Néron laisse sa maîtresse se reposer et se rhabille à la hâte. Mais dans un mouvement précipité, il fait tomber un vase qui éclate en mille morceaux sur le sol. Néron n'a même pas le temps d'enclancher le pène de la poignée de la porte en catimini. Suite au bris de verre, la maigre et sèche Rose brusquement s'éveille et se met dans tous ses états :

"- Regarde-moi ce bordel, ce truc en crystal a vécu au moins cinq républiques ! Tu ne pourras jamais le remplacer !" En fait de crystal, la crise s'étale quand Néron réplique :
"- C'est quand même pas de ma faute si tu t'es tapé tant de présidents avant moi, eux ils avaient les moyens de te payer ta verroterie. Tu sais le salaire de ministre c'est une vue de l'esprit, moi je suis qu'un pauvre fauché...
- Fauché, ouais, tu crois pas si bien dire, souviens-toi du vase de Soissons...
- Est-ce une menace ? non contente de m'avoir fait perdre la tête, tu voudrais aussi me la faucher ?
- Je n'ai pas ce courage, mais cela mettrait peut-être un peu de "putsch" dans notre relation, qu'en penses-tu ?
- Je pense que tu as la folie des grandeurs. De nombreuses femmes tentent de faire tomber des têtes au gouvernement, en dépit d'un patronyme monarchique.
- Mon ambition n'est pas de rester toute ma vie pute de député...
- Pourtant ça fait 25 ans que tu couches avec eux et la démagogie; la seule chose que t'as réussi à faire c'est des bâtards...elle est dure, la balade, dure...
- Eh ouais, que veux-tu, les chiens font pas des chats. Et à ce propos maintenant que j'y pense, je suis enceinte. Je vais mettre au monde la fine fleur de la diplomatie...
- Et après, y se passe quoi ? Assez parlementé, je t'interdis de garder cet enfant. De plus je doute qu'il soit de moi.
- Brillant..." fit-elle, narquoise. "Un simple test ADN suffira pour prouver mes dires, mais on peut organiser un référendum si tu préfères : Rose doit-elle ou non tenir sa langue ?
- Tu pètes un câble ! je veux éviter tout scandale. C'est juste que ton plan me fait pas fantasmer, et je ne saurais tolérer un plan qui n'est point carré. Si ma femme sait ça elle me tue.
- On récolte ce qu'on a semé...nous naissons libres et égaux en droit, pfff foutaises ! je te tiens : où tu raffermis tes rangs et accepte de compter un partisan de plus dans ton sillage, où tu joues contre moi et t'as perdu ta campagne d'avance. Ca marchait peut-être avec Marianne mais là c'est moi qui tient la barre : autrement dit, tu chies, tu raques.
- OK, je capitule. Mais au moins Marianne a une qualité que tu n'auras jamais : quand son chat bande, elle masse". Elle rit et rétorque :
- Sénat porte coi !" Fin des (d)ébats.

Et hop, un peu de pub de dernière minute : je vais courir le lire mais en attendant, merci de diffuser autour de vous, les bénéfices sont intégralement reversés à une association caritative !

Livre Coeur de blogueurs


Recommandé par des Influenceurs

mercredi 16 avril 2008

V – Ode et aura

(La Rose au Néron)

Le matin, dans le bus, Rose lisait avidement la rubrique du quotidien gratuit Metro qui s'intitule "courrier du coeur". Les bluettes des métronautes étaient dans l'air du temps. Tour à tour touchante et ridicule, cette page distillait de brèves histoires de rencontres furtives, de déclarations à des inconnus croisés par hasard et de moments de doute, lorsque le transport en commun n'est pas forcément réciproque. Rose souriait à la lecture de certains encarts et se disait qu'un jour, elle aussi aurait peut-être quelque chose à écrire dans cette feuille de chou. L'instant arriva un soir sans crier gare puisque c'est à Austerlitz qu'elle fit une rencontre. Il s'était agi tout d'abord d'un voyage olfactif, à l'aune d'un bouquet au bout d'un quai. Un parfum étrange, mélange de pain d'épices, de patchouli et de safran, lui avait ravi les narines et elle s'était alors affolée : l'odeur se dirigeait vers le train Corail dans lequel elle s'apprêtait à monter. Rose s'engouffra dans le train le tarin dressé, tandis que, le train pressé, l'odeur s'engouffrait dans le tarin de Rose, puis dans le wagon, puis dans le compartiment pour finalement s'arrêter juste en face de la cible, assise à la place n° 5 : c'était un homme en habit rouge d'une quarantaine d'années.

A priori rien dans son allure n'inspirait quoi que ce fut de particulier, mais le charisme de l’individu l'avait faite littéralement saliver, de sorte qu'elle était restée en odoration devant lui. Il est de ces êtres que l'on "reconnaît" comme étant de notre monde ou de notre univers intérieur, sans raison logique, peut-être comme si une discrimination par le fantasme s'opérait insidieusement sans que nous en ayons totalement conscience. Rien ne pouvait alors expliquer ce sentiment d'attirance, de curiosité, d'empathie, de désir même pour l'autre. Ils parlèrent longuement, toutes distinctions odorifiques confondues. Tous deux se sentaient bien ensemble et c'est sans complexe aucun qu'il lui proposa d'aller dîner le soir même au sortir du train. Elle accepta, toutes obligations envolées, comme balayées par le magnétisme sensuel de son compagnon de voyage, quand elle réalisa soudain qu'il ne lui avait toujours pas dit son nom. Ils arrivèrent à leur destination, dans une petite bourgade au fin fond des Pyrénées et firent halte dans un restaurant qu'il avait choisi pour sa carte. Une fois installé, il lui dit :

"- Je propose le potage aux truffes en entrée, l'escalope panée en plat principal et de choisir un vin au pif.


- Très bien, tout me va. Mais dis-moi un peu, comment t’appelles-tu ?


- Truffes, pané et pif, tout ça nous permet d'entrer dans le vif du sujet. Je m’appelle Néron et je suis nez arôme. Loin d'avoir le caractère de cet illustre empereur latin, je suis plutôt le roi des rhinocéros (mon appendice n'est ni rond ni long, mais crochu). C'est drôle, toi tu as le nez retroussé, presque corps nu...c'est la première chose que j'ai remarquée chez toi."


Le Néron avait bien flairé la Rose. Elle répondit :


"- Peut-être sommes-nous nez coordonnés...et quelle est ta profession ?


- Justement, la forme de mon détecteur nasal facilite mon travail, un peu comme ces insectes dont la trompe s'abreuve au pistil des fleurs, car je suis parfumeur-compositeur. J'ai créé des fragrances pour Thierry Remugler, un déodiorant pour Christian, des parfums pour Azzarôme, Cacharelents, et j'ai contribué aux essences de Diezel...Mais pour moi, à l'instar du Grenouille de Süskind, nulle sudation n'a d'égale que celle de la femme : nulle eau n'est plus suave que celle de ses larmes, car l'émanation de son âme est aussi subtile qu'une effluve-fleuve de ses yeux.


- Tu me liquéfies sur place, je crois que mon siège est humide...je suis émue jusqu'aux larmes ! Je fume tes paroles comme l'opium, mais quel pouvoir as-tu donc sur moi ?


- Laisse-moi prélever ces gouttes suprêmes, dont le sel agrémentera ton parfum de rose...ce faisant, il sortit de la poche intérieure de sa veste une pipette et préleva un peu de liquide lacrymal.


- Je boirai ce doux poison plus tard, lorsque ta charmante tête reposera sur mes genoux. Maintenant, dit-il doucement, il me reste une dernière rose à cueillir, me l'offriras-tu ?


- Oui, mon loulou", déclara-telle, comme sous hypnôse...


"- Je te sang toute à moi..."

La langue est une traîtresse à double tranchant. Ainsi Néron prononçait des mots que Rose interprétait comme elle l'entendait. Quelques instants plus tard, ils se retrouvèrent allongés nus, dans une chambre d'hôtel qui sentait le musc.


"- Ô Néron, dis-moi des parfums ! Que t'évoque l'encens ?


- J'y sens tes sens en essences...


- Le jasmin ?


- J'y aspire tes mains !


- Et le romarin ?


- J'adore cet arôme à reins !


- Mimosa...


-... ce qu'à toi mon hymne osa ...


- L'ylang-ylang ?


- Je me languis de ta langue, ta langue est mon île et tu me la délies...


- La cardamome, l'aimes-tu ?


- Oui car dame, mon âme est démone !


- Verveine ?


- Je boirai tes vertes veines, mon trésor...


- Et la coriandre ?


- Mon corps y entre...


- Violette ?


- Vois, je viole ton être !


- Et le vétiver ?


- Source de faits divers, c'est l'éther qui vous fait toutes taire...


- Et la cannelle ?, fit-elle dans un soupir.


- Qu'elle canne !", lâcha-t-il dans un râle triomphant.


Et, quand la Rose fut pâmée par les vapeurs de l'éther, à cette ultime sentence, Néron trancha sa nuque. Ensuite, il effeuilla son corps avant de l'embaumer, et le vida tout entier de sa sève, qui s'écoula de ses veines ouvertes. Aryballes et alabastres, flacons d'huiles mystérieuses, furent remplis de tous les sucs de la morte déflorée. Puis il posa la tête coupée sur ses genoux. L'eau sauvage de ses yeux brillait d'un éclat diabolique tandis qu'il enveloppait le crâne cramoisi. Il baptisa son nouveau projet "Les sens de Rose"…pauvre Rose dont, malgré l’annonce de sa disparition, les restes ne furent jamais retrouvés. Rose la capiteuse décapitée gisait quelque part dans une terre infertile, et ne refleurissait qu'au creux du cou des femmes qui portaient son parfum secrètement délétère. Un parfum dont le succès fut redoutable et immédiat. Un an plus tard, dans la rubrique du cœur des métronautes, on pouvait lire :


"Gare Saint-Lazare, tu portais un habit rouge, de taille moyenne, la quarantaine, un parfum envoûtant rappelant fortement celui de la rose. Lorsque je t'ai vu, j'ai perdu la tête, depuis je ne pense plus qu'à toi. Je suis une grande tige blonde, la peau très pâle, un peu dure de la feuille mais si tu cries assez fort "Marguerite !" devant le monument aux morts, tu pourras m’y cueillir. Viens m'effeuiller jeudi 11, à 11 heures. Sois ponctuel, je ne prendrai pas racine".

Un sourire gourmand aux lèvres, Néron referma le journal, perdu dans ses pensées. Modeste, il songea à appeler son prochain parfum "Eau d'as"...

lundi 7 avril 2008

FRUIT DEFENDEUR


L’étymologie du mot avocat n’a jamais manqué de susciter une certaine curiosité chez moi, curiosité d’autant plus exacerbée par le fait d’en côtoyer et d’en consommer depuis un certain nombre d’années. Mon premier vient du latin advocatus, ad, à, et vocatus, appelé : littéralement « celui qui est appelé au secours ». Mon second provient de l’espagnol aguacate à son tour tiré du mot nahuatl ahuacatl, « testicule », en comparaison avec les formes du fruit et de l’organe. Ces homonymes parfaits acceptent donc deux étymologies radicalement différentes.

Pourtant, quelques analogies entre le fruit défendu dans les régimes et le « fruit défendeur » peuvent être mises en évidence. Tout d’abord, quel que soit l’avocat que vous prenez, si vous le coupez en morceaux et que vous le laissez à peine une semaine « aux frais » il peut rapidement s’avarier et devenir marron. Cela s’explique par le fait que si l’un est bourré de lipides, l’autre, loin de se limiter aux cordons de ses bourses, est souvent bourré de liquide. Je ne parle bien sûr pas de ceux qui défendent la veuve et l’orphelin…ceux-là souvent ont bien du mal à joindre les deux bouts ; ils gagnent péniblement leur pitance en se coltinant telle cliente violée tour à tour par ses 17 cousins, son grand-père et son hamster, et qu’on a amputée d’un bras suite à une chute de 38 étages dans l’escalier de l’HLM d’où elle vient de se faire expulser pour prostitution. Avocats, à vos cas ! Ces affaires ne sont pas celles des ténors du business, qui se sucrent allègrement à chaque deal en gonflant leurs honoraires exorbitants et dont le pouvoir n’a d’égal que leur égo parfois surdimensionné (rappelons-nous que c’est ainsi que l’avocat fait son gras). Malheureusement, pour la plupart, même s’il n’est pas bon de mettre toutes les huiles dans le même panier, nombre de ceux qui passent associés de leur cabinet deviennent parfaitement incomestibles : ils vocifèrent, légifèrent, et finissent létifères : le légal rend létal à force de trop l’étaler, et je ne parle pas de guacamole. Mais laissons les plaidoirires à ceux que le ridicule ne tue pas…

Certains, plus ou moins arrivés à maturation, ont fait ou font actuellement partie de l’état, à la tête d’une véritable avocratie. Si la France offre un exemple particulier puisque, sur ses vingt-trois présidents de la République à ce jour, on dénombre onze inscrits au Barreau*, il faut croire que leur culture est juteuse puisque les Etats-Unis comptent 70% des avocats dans le monde. D’autres personnalités bien connues du gouvernement actuel français ont exercé ou exercent toujours, notamment Corinne Lepage, Christine Lagarde, Dominique de Villepin, Ségolène Royal ou Marine Le Pen. Il ne faut pas chercher loin pour trouver la raison d’une telle pléthore : à force d’engrais et d’arrosages excessifs, l’avocat pousse comme le chiendent ! Ensuite, qu’y a-t-il de plus tentant que de faire son droit pour ensuite en oublier tous les travers une fois au gouvernement ? Les travers du droit…étrange expression qui s’illustre à coups de passe-droits, d’emplois fictifs, d’escroqueries et de dissimulation…


Nonobstant tout jugement sans appel, peut-on faire le procès verbal d’un individu selon sa profession ? Même si celle-ci n’a pas bonne presse, assurément non. La robe ou la perruque ne font pas plus la femme que l’homme lorsqu’il s’agit de prêter serment devant la Loi. Une cause est une cause, et si je ne plaide pas particulièrement celle des avocaillons et autres bonimenteurs de barre, j’avoue toute honte bue que je m’en délecte en mousse ou en tartare. Comme on dit dans le jargon populaire, y’en a des pourris, y en a des bons.

*Jules Grévy, Adolphe Thiers, Vincent Auriol, René Coty, Gaston Doumergue, Armand Fallières, Emile Loubet, Alexandre Millerand, François Mitterand, Raymond Poincaré, Nicolas Sarkozy.