samedi 16 décembre 2006

II. Le goût de la rupture


Cher Gustave,


Après avoir goûté de ton être et avoir tenté de ne pas trop vite m'en repaître, je t'écris ces quelques lignes pour te dire que je souffre en ce moment d'une indigestion. Mon diététicien me conseille fortement de privilégier les légumes et de freiner sur la viande. J'essaierai cependant d'être un peu plus explicite sur mes préoccupations gustatives et pour cela, il me faut dresser le bilan alimentaire de nos pénuries inavouées. Moi, je suis la reine des idées âcres et du ton acide : frigide, j'en conviens. Toi, tu es le roi du grain de sucre charnel et du collé serré salé : un con sensuel.

A l'évidence nos assaisonnements diffèrent, ce qui ne joue pas en notre saveur lorsqu'on veut s'entendre : mon piment choque tes tanins câlins, et ma peau métallique grince au moindre de tes coups de langue. L'autre nuit, tes papilles ont salivé, j'étais dégoûtée : tes papillons sales y végétaient, dégouttaient... et quand tu donnes ta langue au chat - oserais-je l'avouer ? - je périclite au risque d'en perdre tout appétit et mon point G, Gustave, ne répond pas à ton initiale initiative. En vérité mes mamelons d'amidon, lorsque tes mains malhabiles en malaxent la mie, demeurent néanmoins mous. Oui, j’en ai soupé de tes sauces buccales, aussi ai-je essoré toutes tes salades : je n'ai pas voulu boire tes paroles insipides, pas plus que je n'ai pu relever ta fadeur d'égout. Cet aveu de désamour me laisse hélas un arôme indéfinissable dans la bouche. Tu trouveras mon ton bougon de bon goût, savoure-le bien : la dé-gustation, pour moi ça veut dire que je suis dé-gustée de toi. Crois bien qu'il m'en goûte de te dire tout cela, et que mes mots amers sont le fruit de mon humeur citron et de ma rage d'orange. J’avais stupidement imaginé que ton illustre prénom te prédisposait à l’art, mais ce que j’ai cru se révèle bien trop cuit, à présent que j’ai égoutté tes fadaises. Les agrumes de l'amertume sont un acide qui ronge : c'est la faute que j'ai eue en laissant trop se mêler nos deux langues, de m'être trompée… ah, beurk ! tu n’es pas un gus de goût !



Mosaïque des Gusta (-ve, -v, -f,) : Eiffel (ingénieur), Courbet (peintre) , Flaubert (écrivain), Mossa (peintre), Klimt (peintre), Moreau (peintre), Caillebotte (peintre), Mahler (compositeur) et Doré (graveur).

mardi 5 décembre 2006

EPITAPHE POUR HELOÏSE & ABELARD

Abélard, chanoine de Notre-Dame de Paris, était âgé de 37 ans quand il rencontra Héloïse, de 17 ans sa cadette. Il était déjà un théologien réputé et le chanoine Fulbert l'avait choisi comme précepteur pour sa nièce, elle-même particulièrement douée pour les études et l'écriture. Leur amour fut des plus tragiques : contraint par l'oncle d'Héloïse à épouser son amante après qu’elle fut tombée enceinte, Abélard fut ensuite émasculé par les sbires de l’oncle. Ils furent séparés et se retirèrent dans des monastères. Leurs dépouilles furent transférées au Père-Lachaise au 19ème siècle (cf. gravure d’un illustre inconnu - Londres, 1831 - et ma photo ci-dessus, prise en novembre 2002). Les deux amants, morts il y a de cela plus de 800 ans, se sont écrit de très longues et belles lettres d'amour qui font encore aujourd’hui l'objet de nombreuses controverses, le doute planant sur l'authenticité de ces missives. Sur l’invitation d’Eva Lunaba, j’ai composé une épitaphe imaginaire en hommage à cette passion hors du commun. Jouant sur l’homographie (mots qui s’écrivent pareil mais de sens différents) et l’homophonie, j’essaie dans la contrainte d’une dizaine de lignes suggérée par Eva d’y glisser quelques clins d’œil en rapport avec la vie du théologien et de son élève.


Abélard, ô rite aimé, vois comme émérite je m'abbesse à toi
Abaissées d'air, tes lettres éternelles soufflent au couvent de mes feux
Feux qui couvent avec l'ardeur stérile d'un bien triste pieux
Pieu où je gis dans un linceul de lettres de toi tombées là :
La tombe du Père-Lachaise qui nous unit à Paris est un grand livre,
Livre-moi tout entière, ouvre mes pages, bois-les et sois-en ivre
Avant que notre amour érodé à jamais au monde ne se ferme
Serre, cueille ma main gravée sur cette dalle de pierre ferme,
Tombe-moi à perpétuité, fais-moi la concession de ton flanc beau,
Et par-delà la mort dis à ceux qui passent près de notre flambeau
Comment nous fîmes front devant l'autel de nos corps mon cher,
Mon cher amant...il n'y eut rien d'autre qui vaille le détour que ta chair !

mardi 28 novembre 2006


I – LE TOUCHER

Tout est parti d’un contact vu, simple effleurement sur un cou entouré d’un bras. Et soudain, tu t’es présentée à moi, douce bise aérienne, comme toutes les fois où tu te fonds dans le décor le temps d’un geste anodin ; un peu plus long que les autres, un serrement de main : un serment sans demain. Geste machinal quand le buraliste fait tinter dans ma paume la monnaie de ma pièce et me tend le paquet de cigarettes. Un frôlement de doigts aux ongles en deuil qui, l’espace d’un instant, se défiltrent…c’est un toucher mortel qui semble pointer de l’index l’encart « fumer tue ». Mais ça ne me tue pas plus que d’arpenter le sol noir de Paris où je compte les grains de goudron entre deux vapeurs grises, qui m’imprègnent d’une essence de pétrole.

J’ai vu, alors que mes pieds s’embourbaient dans les caniveaux, accrochés à des feuilles d’automne en charpie, ces petits chiens écrasés de tendresse au bout d’une laisse qui les étrangle, la langue pendante. Ce regard parfois énamouré dont ils gratifient leur maître m’a toujours émue, bizarrement. Une passante mange une glace qui dégouline dans son décolleté. Elle lèche ses doigts et s’essuie lentement sur sa jupe, discrètement. Quand elle marche, on entend bruisser le nylon de ses bas, c’est comme une brise humide. Un frisson me parcourt l’échine – j’ai senti l’air glacial.

Je m’assois sur un banc et décide d’en faire mon mirador de fortune : observant des mirages de ville, avec deux mille virages dans mon cerveau en ébullition, je zieute un couple qui s’embrasse sur le banc d’à-côté. L’un chatouille, tripote, l’autre rit en palpitations saccadées. Puis ils s’en vont. J’aurais pu les suivre, mais le souffle tactile du vent soulève mes cheveux que je n’ai pas attachés ; je marche comme un tourbillon et les pans de mon manteau bâillent d’effroi car ne suis pas suffisamment couverte. Au moment de me lever, je commence à trembloter. Je sens qu’on pose un bras autour de mon cou, cette emprise m’étouffe. Je pense au chien en laisse, à la glace qui coule, à fumer qui tue. Je pense à toi Caresse, toi qui un jour m’a fait toucher les étoiles pour mieux me frapper en plein cœur. Je ne suis plus intacte. Je n’ai plus de tact pour rien.

D’un geste machinal, je rabats mon col et me dirige vers une cabine téléphonique. Là, je compose des numéros au hasard. « Le numéro que vous avez composé n’est pas attribué ». Les touches chiffrées en métal argenté me procurent une sensation désagréable, comme le picotis d’une multitude de fourmis dans les doigts, comme une petite décharge électrique. Je compose un autre numéro. Ca sonne dans le vide. N’y a t-il donc personne qui puisse me répondre ce soir ? Frissonnante, j’abandonne la cabine et heurte de plein fouet une silhouette longiligne. Je trébuche et tombe puis, sur le point de me relever, je vois une main tendue que je saisis. Onde de choc terrible : j’ai peur de ce qui pourrait ne pas m’arriver. J’ai 69 ans : à cet âge du cancer et des symboles, j’ai tout oublié des positions érotiques.

jeudi 16 novembre 2006

Je lance un nouveau déFibs


One
Small,
Precise,
Poetic,
Spiraling mixture:
Math plus poetry yields the Fib.




Gregory K. Pincus, écrivain américain ici en lien (gottabook.blogspot.com, cf. divers liens sur les fibs) a eu la bonne idée d’inviter les lecteurs de son blog à écrire des "fibs," petits poèmes de 6 lignes utilisant une progression mathématique connue sous le nom de suite de Fibonacci, déterminant ainsi le nombre de syllabes de chaque vers. La structure de la forme est très simple, mais restreinte. On commence avec 0 et 1, puis on les ajoute pour obtenir 1; puis on additionne 1 + 1 = 2. Puis on additionne les deux vers suivants (2 + 1 = 3) et ainsi de suite. La séquence se définit ainsi : 1, 1, 2, 3, 5, 8.

Le créateur de cette nouvelle forme poétique s’est limité à 6 vers mais on peut continuer : 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, etc. En anglais, le mot « fib » joue à la fois sur le sens, « bobard », et les premières lettres de Fibonacci. L’auteur a eu à cœur de demander à ses lecteurs de propager cette « fibbery » sur la blogosphère, ce qui a marché mais surtout chez les anglophones. Je vous propose donc de continuer la chaîne en français ! Ce qui est bien avec cette forme originale, c’est qu’on n’a pas besoin nécessairement d’avoir la « fib » poétique…Il faut juste savoir un peu compter…alors si ça vous dit^^


Mais (0 + 1)
Qui (1)
Pourra (2)
Donc faire fib (3)
D’une telle contrainte (5)
Sans jamais sur ses doigts compter ? (8)

mardi 7 novembre 2006


e. e. cummings (1894-1962)
(poète, essayiste, peintre et dramaturge américain)

Musicalité, déni de la ponctuation et des titres, défragmentation, choc des mots, non-sens ou trop plein de sens…calligrammes. Il est difficile de décrire l’impact produit par les poèmes d’Edward Estlin Cummings. Difficile de les traduire et de les analyser, mais je vais m’y essayer ici : tout seul ce flocon (un éclair) en surplombe un plus grave tout seul OU unique ce flocon (un éclair) est au-dessus d’une tombe. Tradutore traditore. Autrement dire traduire, c’est trahir. Une multitude d’interprétation est donc possible…le « one » du haut surplombe le « one » du bas. Le plus grave (si on l’admet dans le sens « accentué ») est forcément le plus bas. Le terme « (a lightning) » ondule comme un éclair justement, et s’abat sur les autres mots qui, éclatés par cette foudre, s’éparpillent en caractères solitaires. Cet éclair central du poème, mis entre parenthèses et donc comme désolidarisé des autres mots, est pourtant sa clé de voûte ! il divise un (one) pour donner un (one). Il est l’unificateur, disloquant pour mieux ressouder. Mais « gravest one » c’est aussi « gravestone », autrement dit la pierre tombale. Et le verbe « alight » signifie aussi « descendre ». Verticalité de la stèle et du style…C’est beau non ? Et si la verticalité était la métaphore des règles de syntaxe, et le zigzag de l’éclair celle qui les pulvérise pour mieux les faire voler en éclats ?

  • one
  • t
  • hi
  • s
  • snowflake

  • (a
    • li
      • ght
    • in
  • g)

  • is upon a gra
  • v
  • es
  • t
  • one
(les puces ne sont pas dans le texte mais impossible de respecter le bon alignement sinon...)

Ainsi E. E. Cummings asseoit sa parfaite maîtrise de l’effet visuel et du rythme tout en illustrant son propos. Un autre de ses poèmes énigmatiques pose en effet le souci du poète et de l’homme qu’il était de se détacher des contingences qu’il estime superflues (tout comme dans sa vie il combattit le rigorisme intellectuel et le puritanisme de son éducation). Ce texte, entre autres, est une projection des aspirations personnelles du poète quant aux normes qu’il bouscule, ce qui constitue un trait caractéristique de son art. Je le traduis aussi fidèlement que possible.

          • since feeling is first
          • who pays any attention
          • to the syntax of things
          • will never wholly kiss you;
          • wholly to be a fool
          • while Spring is in the world
          • my blood approves,
          • and kisses are a far better fate
          • than wisdom
          • lady i swear by all flowers. Don't cry
          • --the best gesture of my brain is less than
          • your eyelids' flutter which says
          • we are for eachother: then
          • laugh, leaning back in my arms
          • for life's not a paragraph
          • And death i think is no parenthesis

* * *

puisque la sensation prime
qui se soucie
de la syntaxe des choses
ne t’embrassera jamais totalement

totalement pour te mystifier
tandis que le printemps est sur la terre

mon sang approuve,
et les baisers sont un sort bien meilleur
que l’érudition
femme je ne jure que par les fleurs. Ne pleure pas
-- la plus belle expression issue de ma cervelle est moindre que
celle du battement de ta paupière qui dit

nous sommes faits pour l’unl’autre : alors
ris, reposant dans mes bras
car la vie n’est pas un paragraphe

Et la mort je pense n’est pas une parenthèse


* * *
Pour moi ce poème c’est le retour à la vraie vie, animale, primaire (« first ») avec un jeu d’opposition fort entre le désir, les sentiments, le sang et la sève, le bourgeonnement, l’aspect tactile des choses (« kiss, kisses, Spring, blood, flowers, flutter, laugh, life ») et l’intellect avec toute ce qu’il comporte de cloisonné et de convenu (« syntax of things, fool, wisdom, brain, paragraph, death, think, parenthesis »).

Le poète console son amante qui semble déplorer sa propre sensiblerie, ses sentiments et ses intuitions, en les comparant au savoir et à la cérébralité de son amant. Emotion féminine et pensée masculine pourtant se complètent ici parfaitement, là où les manifestations de l’esprit sont des futilités face à celles de l’amour. Regardez comme la première « strophe » ou salve, est laconique, quand elle parle froidement de syntaxe : c’est l’homme. Et regardez juste après le bloc ondulant qui suit le rythme d’un baiser, le sang qui s’agite dans les veines sous l’émotion, le ressac de l’étreinte : c’est la femme. Les mots semblent s’étaler comme le flux et le reflux d’une vague. Quelques allitérations en « f » et « w » (waves…) parachèvent l’effet d’onde.

Le poète met aussi en balance une chose aussi anodine en apparence qu’un battement de cil (mais qui dit battement de cil dit aussi battement du cœur, vibration de vie par excellence) à une expression de l’esprit. Ce « each other » ne devrait pas être collé grammaticalement : il ne fait qu’un parce que le poète décide de les faire se toucher et s’embrasser (en français « chacun » est en un seul mot mais pas en anglais). La chute du poème est une sorte de chiasme, cette figure qui fait se croiser des termes antithétiques pour mieux mettre en valeur ce qui les rapproche le plus souvent : la vie n’est pas un paragraphe. Elle ne se borne pas à quelques lignes, elle est si riche qu’il faut la sentir pleinement (« wholly » x 2) et sans limites : il faut remplacer les parenthèses étriquées par des bras grands ouverts (« leaning back in my arms ») et les virgules par des baisers. La mort n’est pas une parenthèse…on ne peut la supprimer au gré de ses envies, ce n’est pas un détail. Et c’est peut-être pour cela que Cummings en a fait un seul vers, isolé à la fin, se détachant du reste en guise d’épilogue -- le seul à comporter une majuscule.

La mort, c’est le point final qui justifie la quasi absence de toute ponctuation. La syntaxe, on peut la systématiser, la structurer, l’appréhender. Mais un baiser ? Qu’y a-t-il justement de plus évanescent qu’un baiser ? Essayer de rationaliser à tout prix, n’est-ce pas un peu fuir la vie ? Alors, nous dit le poète : mélange de langues, oui. Mais langue de bois, non. Pas de fioritures dans ce texte d’une extrême simplicité, clé de sa vérité et de sa beauté.

(…et c’est moi qui dis ça ! moi la walkyrie des contraintes, du vers maîtrisé, de la strophe alambiquée…hééééé oui !!!!!).
- Bouh ! le bilinblog ! -

lundi 30 octobre 2006

OUROBOUROS

Voici une de mes nouvelles créations à contrainte : un poème dont les vers riment bout à bout de manière homophonique. Je le baptise "Ourobouros" car, à l'image de ce serpent qui se mord la queue, il symbolise l'éternel retour, la boucle bouclée et aussi peut-être une cercle qui se veut versé à défaut d'être vertueux...



Ici c'est plus lisible :

Je dis en ce jour de jeudi :

- « C’est aujourd’hui que je m’amuse ! »

J'accuse que mon époux Jacques s’use

Mais je vois soudain mon amant tout transi

J'enfile un slip et lui dis : « Jean, file !

Ciel ! mon mardi est arrivé pile ! »

Ramdam affreux je rame, dame,

Pour tenter d’éviter le drame

Mes cieux sont tombés, messieurs

Oh la scène qu’il m’assène, parbleu !

Ce qu’on raconte donc sur ce con

Mon époux n’est qu’un vieux barbon !

C’est vérité, toute sa sévérité

C’est pas pour ça que je l’ai épousé !

- « Jeunesse ô ma femme, que je naisse

Se passe » me dit-il, « tu m’abandonnes…

Matin chagrin si bien m’atteint

J’aurai souffert en mon automne…

J'enviais les bourgeons de janvier

Quand j’étais encore jeune homme,

Je niais l’amour, tel un jeune niais

Et dans mes nuits c’était tout comme…

Mais j’errais pour une mégère

Au moindre pied posé dehors…

Je ne voulais pas d’une femme si jeune

Et pourtant je t’ai liée à mon sort

C’est que je t’aime ! Mais aimer un cœur sec

Qui vous tue à coups d’amants

Non, sans rire, c’est un non sens !

Une femme infâme, oui, je la rends :

Pars donc, emporte avec toi mon pardon ! ».

« Bouc en colère, il m’indiffère ton boucan !

Lui répondis-je. Oui, je rejoins là mon amant :

J’étais si sûre d’être jetée

Que j’avais déjà pris les deux vents !

mardi 24 octobre 2006

L i b é r e z l e s a i l é s,
D é v i s s e z l e s s c e l l é s !



Voilà de bien drôles volatiles volubiles qui virevoltent dans tous les sens...à vous de les répertorier tous ! Je profite de l’opportunité pour vous donner un aperçu du travail de Djoulian (cf. ci-dessus). Merci à lui.

* * *

Coucou : c'est deux fois plus de torticolis, mais le col y brille
Comme un cygne précurseur, avant-coureur en bas résille,
Emu l’émeu se meut au mieux dans son armure, serein et lent,
Terne flamant gris qui n’atteint l’éclat ni de la flamme ni de l’amant.

On se gave des fois gras mais cécité fait l'oie : c'est l'oisiveté...
De la caille, oui mais en gelée, faisons-là réchauffer
Avec un hibou à cent degrés qui ne fait pas toujours "cuit ! cuit !"
La pie d'air est lapidaire : lapeuse au tapis, tapeuse au lapis...

Naïf, le pigeon déplumé crie bis : "au vol ! au vol !" mais qui l'eut grue ?
Le go ! élan n'est jamais plus vif au ciel que transporté aux nues.
Caca tôt est-ce ? Déjà les dindons dodelinent en mare à boue
Où donc trouveront-ils leur divine aigrette, sera-ce alouette d'Eden ? Où ?

« Y a qu’à faut qu'on » nargue le pervers épervier, tournez vos tours !
Oh ! mon héron, carré dans son plumage, fait la manche haut pour les sourds
Le canard est meilleur sauvage : mais il se lit mieux enchaîné que libéré...
Ai-je l'air âgé d'un geai dégénéré si j'éjecte de légers jets jais ?

Je lis, note, et cache mes yeux de merle enfouis à la dérive
Nous en pinçons assez pour change eider, mais comment faut-il que je l’égrive ?
Tout fout le camp...tout : quand ? On s’interroge sur ces collègues :
En effet, momot, bulbul et caracara sont de bien drôles de bègues

Et si le moineau n'est pas nécessairement un petit cistercien
Perruche et perroquet sont la quiétude des abeilles et des chiens ;
Les colombes à rhum, hors nid, tôt trinquent, car mises en bières
Et le corbeau ? quel corps ce laid, sortez vos nichoirs ! - et une guêpière...

Le paon talonne, le jar téléphone, et le pélican cane, quels butors !
Pas mieux que ce pic-sou de pingrouin : c'est un con d'or...
Ma préférée est chouette, et pourtant il y en a qu'elle effraie :
Quand elle perd la parole, bah…moi j'en reste mouette !

* * *



Admirez ce magnifique « touc en cage » qui nous regarde avec son oeil bleu presque humain, triste, derrière cette grille...Voir les animaux derrière des barbelés, ça me fait toujours quelque chose. Ca me met terriblement mal à l'aise. Ce soir, j'ai une pensée pour eux.

lundi 16 octobre 2006

R-h-y-m-i-n-g T-a-u-to-l-i-p-o-g-r-a-m


Celui-ci m’a fait baver des ronds de chapeaux : pas un seul "e" qui n’aime le "m"…un texte dont on omet volontairement un ou plusieurs caractères s’appelle un lipogramme (grec
leipô = laisser + gramma = lettre), tandis que si les mots d’un texte commencent tous par la même lettre, on l’appelle tautogramme (grec to auto = le même). Voici donc un poème qui mixe les deux et que j’appellerai en toute logique un « tautolipogramme », celui-ci ayant en plus la particularité de contenir des rimes.



Mardi, montrant mon minois matutinal,
Mon miroir mural, maculant magma, marquait minuit...
Marginal, mon moignon marron muta mal
Ma main mollit, mon mascara mixa, manuscrit

Minant mon moral mistigri, mon micmac matou mis !
Maudit maboul mordu morfla manu militari
Malabar malpoli, moi murmurant "motus, minus !" :
Marmot malappris mâchait mon mamelon mou.

Maint masculin malfrat malaxa mon mol mucus,
Maillon minimal mastiquant mollo mon minou,
Mais moins malin monta mon mohair mirador
Mamours morts, moutons moribonds, malfaisants matadors !

Malandrin maladroit mimant mastard mondial
Mon mac Max mit mordicus massifs mammouths :
Modifia manants, mania millions, mina mazout,
Moissonnant moisi, massacrant milliards, miaulant mistrals !

Max-imal mordit moult macadams mandchous,
Misant mah-jongs, mignons mikados, moulant maman,
Mais mondain mandarin migra monobloc, matraquant
Mon mur mastoc. Motif : mata mari, mon mauvais manitou…


PS : ci-dessous le classement du concours de dingbats...

DINGBATS RESULTS

Voici le tableau de résultats des participants de talent, avec en peloton de tête très net la facétieuse Bérénice avec 24 (!) bonnes réponses, suivie de près par le croquemitaine (euh…pardon je voulais dire « croquis-m’étonne ») Dark 2 (19) et de la non moins émérite Diane (8)… L’expression exacte à laquelle je pensais c’est « faire le tour de la question » mais bon dans ma grande magnanimité je vous l’accorde ;-)

Spécial place d’honneur à Zecoco qui, non content de plancher à fond sur le Livre Noir II, trouve encore le temps d’inventer des expressions..
moi je dis : !!!

dimanche 15 octobre 2006

Autant n’en emporte pas le vent…

Un seul souffle suffirait-il à essaimer tout ça ?

Chers blogpotes,

Après de longues séances de triturage de cerveau pour écrire mes textes à contraintes et rébus de tout poil, je ressens le besoin de reposer quelque peu mes méninges endolories. Connaissez-vous ce jeu qui consiste à taper dans Google un mot au hasard suivi de « c’est » puis à recopier les résultats cohérents qui s'affichent, en prenant les plus intéressants ? Voilà ce que ça donne avec « le pissenlit». Je me suis limitée à 10 résultats, en changeant l’ordre au feeling mais ça donne un texte rigolo…on peut essayer aussi avec son prénom. La photo, c’est dans un jardin, à Flacey (21).

Le pissenlit…

c'est pissant !
c’est le cauchemar des amateurs de pelouses bien vertes
c'est la chaleur de genièvres, de capucines, d'églantines, de marguerites, de pivoines
c'est l'astre et la bougie
c'est la plante qui guérit l'énurésie
c'est aussi le dent-de-lion (rapport à la forme des feuilles)
c’est la vie, les hommes qui l’oublient, c’est la racine du mal
c'est ma fleur préférée, on dirait un petit soleil
c'est comme un bonbon !
c'est le symbole de Larousse, mais avant que les graines essaiment...

mardi 10 octobre 2006


Saviez-vous qu’en typographie il existe des mots complètement biscornus ? Car, si le couillard est un ornement que l'on met à la fin des chapitres, la colombelle ou gouttière est l'espace séparant deux colonnes de texte. Le colophon colle au fond, puisqu’il désigne la note finale d'un manuscrit ou d'un imprimé contenant les références de copie ou d'impression.

L'esperluette est le logogramme &, et l'arrobe, ou arobase @, proviendrait de l'arroba, unité de mesure de poids et de capacité autrefois en usage en Espagne et au Portugal et qui était désignée par le même symbole. D'après une autre étymologie populaire, arobase proviendrait de la contraction du terme typographique « a rond bas » (bas pour bas-de-casse, caractère minuscule). En anglais, cela pourrait être une contraction de arrow back, par analogie avec une flèche empennée s'éloignant du tireur.

DINGBAT

Le dingbat est une police qui au lieu d'avoir des lettres a des motifs ou ornements. Il sert le plus souvent de séparateur. Le mot proviendrait d’une onomatopée forgée de l’anglais : l’espace autour du texte ou du motif serait rempli en faisant tinter (« dinging ») l’ornement dans la page puis en battant (« bating ») ferme pour le préparer à l’encrage. Dingbat veut aussi dire imbécile en anglais, peut-être l’équivalent de notre «toc-toc» ou «toqué» pour reprendre une onomatopée à nous…

Mais le dingbat est aussi un jeu de mots d'origine anglaise, inventé en 1987 par Paul Sellers, journaliste anglais et auteur de bandes dessinées. La caractéristique du dingbat est qu'il ne fait appel à aucune connaissance particulière, mais uniquement à l'astuce. Entre rébus et définition de mots croisés, il peut consister en une sorte de traduction graphique d’expressions toutes faites. Ex.: PLAplatsTS = mettre les petits plats dans les grands.

Selon ce principe, saurez-vous retrouver ceux-ci, dont une bonne moitié sont issus de mon imagination délirante ?

Sources : Wikipedia





lundi 2 octobre 2006

Sonnet à cordes

  • A l’heure où je te parle, j’entends un violon
  • Dont l’archet semble crisser sur mes os en poussière
  • Une poudre de notes sourdes qui sans aucune raison
  • Incinère ainsi mes nerfs comme une craie sur du verre
  • Allongée sur un sommier jonché de harpes noires,
  • Leurs cordes vibrent en moi d’une douleur suprême :
  • Laisse-moi je t’en prie d’un seul coup âpre boire
  • Cette pluie d’éternité que j’emporte en emblème !
  • Car ce blason de fer, emmêlant trèfles et sang
  • Est un bien piètre écu contre qui m’assassine :
  • Un vampire, ma corde sensible qui lacère mes chairs
  • Un vent pire m’accorde sans cible, qui lasse, erre, et m’est cher
  • Vibrato barbelé, je t’écoute et te sens :
  • Tu étoiles mon corps de constellations sanguines.

dimanche 24 septembre 2006

Prose fromagère

Je me sens mimolette aujourd'hui…un peu comme passée à la raclette. J’ai l’impression que je ne vaux pas mieux qu'une vieille croûte moisie, devant ce seul fait accompli : je vieillis, et le temps m'est comté...Je suis si fatiguée, c’est l’époisses ; et, mental à plat, je me morfonds comme un morbier sur son lit de paille, et ma bataille de reblochon se soldera d’un somme. Je rêverai encore de cet homme qui, beau, fort, a su égayer mon automne : Eh dame ! c'est qu'il était tel un roc fort, un étal sur lequel je pouvais me reposer. Mais goût d'aventure, quant à lui, il en faisait ses affaires de cœur, oh quels caprices odieux ! M'aimait-t-il ? C'est un munster, une énigme aux trous béants de gruyère : je n'en ferais pas tant de tommes ni tout un fromage s’il ne m’obsédait pas tant. Qu’il me dise « cheese ! » et je souris, ou « camembert ! » et je me tais. Je faisselle qui obéis, sans qu’il débourse un effort. Masse d’âme à penser, masse d’amour à donner, j’ai la patte molle, et suis un bas-bleu : pâte cuite entre ses mains, comme je rêve qu’il me pasteurise, me pétrisse, m’en fourme ! Mais ce songe de cheddar ne saurait se déguster que fondu, et si fondue je suis, c’est à corps et à brie ! Or je me fais du sang caillé pour celui qui me fêta, un soir seulement, moulée à son corps je me revois fermentée de soupirs fondants et d’effluves rances de cave…à présent mon cœur est de brique et mes larmes coulommiers.

dimanche 17 septembre 2006

Bonjour à tous,

Voilà près de 3 mois que je n'ai pas remis les "doigts" ici, 3 mois que je suis en panne sèche d'inspiration. Ce que j'écris est nul, convenu, sans saveur. Alors j'attends, j'attends que ça me revienne...il faut dire que j'ai un peu lâché le clavier pour retourner un peu à la vraie vie, bassement terrestre, qui me retient de ses chaînes en brimant ma capacité de créer. Alors je n'ai pas visité vos blogs, ou très peu, non pas par manque d'envie car j'y pense souvent, mais par flemme, par lassitude. Ce passage à vide, j'espère qu'il ne durera pas, et que je retrouverai le goût de l'écriture ludique, du vers tortueux, de la rime assassine.

J'étais d'ailleurs flattée d'être "googlelisée", en tapant mon nom, un poème que j'avais mis sur mon blog a été publié sur le site de Fatrazie : http://www.fatrazie.com/autresholorimes.htm Pour ceux qui ne connaissaient pas encore mon patronyme, voilà qui est fait:-) Je n'ai d'ailleurs pas été informée de cette publication, mais ça ne fait rien. Ca fait toujours plaisir.

Une nouvelle page se tourne dans ma vie et c'est la raison pour laquelle je risque de ne pas souvent prendre le temps de revenir. Mais j'essaierai de vous donner ici quelques poèmes ou dessins en pâture...pour qu'au moins ce blog vive chichement mais survive. Si vous avez des idées de contraintes littéraires, des suggestions, des défis à relever...ça pourra peut-être me motiver ? En ce moment je suis très "coeur de pierres"...alors je ne suis pas tout à fait venue pour rien. Voici un poème un peu facile, un peu cousu de fil blanc...mais c'est tout ce que j'ai pu cracher pour l'instant...

Gemmes

Gemme l'émeraude, ce serpent en maraude
Il fait pâlir d'envie : le péridot s'érode

Gemme ce cristal, qui sous ses airs d'opale
Transcende les mystères de fantômes au teint pâle

Gemme la belle améthyste, véritable élitiste
Dont la couleur mystique ravit le symboliste

Sur l'ongle d'un rubis au reflet cramoisi
Le grenat s'évanouit en goutte de sang tari

Devient résine d'ambre, et se câbre, et se cambre
Agrume ocre incrusté de zestes de citrine

Le quartz rutile et la nacre s'irise, si fine,
Au vent leur feu s'échappe, vibrant comme des membres ;

Lorsque perle et onyx rivalisent dans le noir
C'est une nuit de saphir sur fond d'étoiles à voir,

Mais si bien malachite ne profite jamais
Et que la pierre qui roule n'amasse pas la mousse

L'argent lunaire imprime sur ma triste frimousse
La marque de l'hiver : c'est un diamant glacé.

Statue de sel quand l'érosion l'agate,
Je suis ce zircon froid dont les couleurs s'effacent

Le lapis de mes yeux est un lac sur ma face :
Mort, l'éclat turquoise d'une oeillade délicate

Qui sculptait autrefois ton corps laiteux de jade
Tu étais mon frisson, mon topaze, mon corail

Mais notre amour fossile a péri, camarade :
Car j'ai enfoui tes "j'aime" au fond de mes entrailles.

mercredi 21 juin 2006

Merci à Moukmouk pour son idée lumineuse :)

Ses jeux de mots ornithologiques ne pouvaient que m’enchanter !

Voici donc ma contribution à son coucours d'oiseaux improbables

Le panaris jaune

A Paname ou Paris mon appât n’a pas ri
A Paris ou Paname mon rire n’a pas d’âme

Ton macadam a pourri et mon ongle s’enflamme
Sur ton bitume noir je reprends les paris

Car un canari jaune a poussé sur mon pouce
C’est une canne à pus et j’ai le doigt qui mousse !

Paris j’ai pour toi l’infection d’un ami
Je ris jaune panaris car ce jus qui m’a pris

A l’effet du napalm et la couleur du riz
Amidon de l’effroi, ami dont je pâtis

De mal en pis, de mal en pas, de mal en pus,
Mal m’en a pris, mon doigt pané a disparu

A Paname ou Paris mon appât n’a pas d’âme
A Paris ou Paname ô que mon pus se pâme !

mercredi 31 mai 2006

LE LASER
LA LACERE...
LASSE, ELLE ERRE
MAIS CETTE SERRE
NECESSAIRE : CA LA SERT
C'EST UNE PRISON DE VERRE



L'Envol, d'après cette pub :



jeudi 18 mai 2006


Encore une fable ! LA POULE ET LE POULET

Sur un grand lit une catin
Se prélassait d'un air taquin

Elle repoussait un type vicieux :
Jamais elle n'avait fait si vieux !
"- Arrête de me reluquer !
"- Et toi cesse donc de reculer !"
Elle aurait voulu tout bâcler
L'animal était bien câblé
Trompée par ses deux yeux pochés
L'autre l'avait bien chopée
Sitôt repérée, sitôt coffrée !
Elle n'avait plus qu'à le froquer
"Ca t'apprendra à trop zoner..."
Fit le vieux flic. "T'as la nausée ?
Viens donc, approche ma pétasse,
Et montre moi toutes tes passes
Je veux toucher tous ronds tes flancs
Et ta chair blanche comme le flétan
Ton abdomen couleur baleine
Que j't'en mettrai toute la benne
Tes ongles pointus, tes dents de requin
De loin, deux seins, yeux, mains, queue, reins !"
Voyant d'elle s'approcher le touffu
Elle se croyait déjà foutue
Car c'était un monstre poilu
Quel vieux poulet ! Que la loi pue !
"Sale maquereau faut pas ramer,
Car c'est plus l'heure de la marée,
Tu croyais avoir un ticket ?
C'est le bon sens qui t'a quitté !
Mets toi au cul tes pieux aveux,
Tes vieux poèmes ils sont vaseux !"

POST SCRIPTUM : il est parfois instructif de se balader sur Google et de faire une recherche sur son propre blog...J'ai ainsi découvert un blog anglophone dans lequel son auteur a traduit un de mes textes en anglais à l'aide, je crois, d'un traducteur automatique !!! Je ne savais pas que mes délires verbaux pouvaient s'étendre à l'international ;-) Cest là, mais ce blog a l'air en stand-by : http://odalisquednogoodend.blogspot.com/2005_09_01_odalisquednogoodend_archive.html

lundi 8 mai 2006


LASSE DE TREFLES...

Et je pèse mes mots ! Pendant mes vacances, je suis tombée sur un jardin exceptionnel : j'y ai déniché 42 trèfles à 4 feuilles et pas mois de 10 à 5 feuilles: obsédée, je voyais des trèfles partout ! Sur les bisounours, les serrures, les vitraux, les dalles, etc. Enfin, une telle concentration de trèfles à 4 et 5 feuilles au même endroit m'a donné à penser que finalement ils n'étaient pas si rares que ça, et que j'étais blasée. De dépit, j'en ai dessiné un blason (prochain post). Puis j'ai gribouillé un petit truc, que j'ai intitulé "bague à part". Enfin, j'ai écrit un poème pour célébrer mon nouvel emblème. Obsédée, je vous dis !

Le trèfle au trépan

L'hiver mou, sorte de saison très flappie
Est ce long sommeil que m'inflige le dépit

Mon visage automnal s'éfeuille, est très flétri
Par des années d'été et de sève meurtrie

Désormais mon miroir a le tain très flippant
Et reflète un teint blanc où le massacre y pend

C'est une tige craquelée qui n'est plus très florale
D'où le printemps a fui emportant mes pétales

Alors j'exhale un souffle devenu très fluet
L'envers d'une carte noire : je suis ce valet muet

Qui de ses flancs foutus aux abords très floutés
S'affale au fil d'un vent au parfum frelaté.

dimanche 16 avril 2006

En ce moment je suis assez prolifique en écriture, et c'est en découvrant les dessins d'Emilie Decrock, dessinatrice et coloriste talentueuse, que m'est venue l'idée de ce poème. En particulier, la rubrique "Projet Jeanne" de son blog m'a particulièrement plu (même si je dois dire que tout le travail d'Emilie est beau, plein de recherche, de symboles, de détail cachés...)
Bref, son univers vaut le détour (cf. dans mes liens) et pour le dessin qui m'a inspirée, c'est ici :


LE REVE DE JEANNE

Blottie au bord de son rêve - c’est son privilège -,
Jeanne déguste un croissant de lune et soupire :
« Si seulement je pouvais monter sur ma neige !
Ce carrousel qui tourne avec son dôme de cire,

Traînées de trots, galops de poudre : je serais un flocon
Dans l’écrin de la croupe d’un cheval de toits,
Caracolant dans la nuit au flanc des maisons,
Musicienne à ma zone, portée de sabots, moi,

Ma clé de sol, c’est aussi un nuage tendre
Et mon oreiller blanc, il peut toujours attendre !
Il n’écoute jamais mes peines, mes peurs, mes pleurs,
Et mes draps sont trop froids pour réchauffer mon cœur
».

Quelle belle perspective que d’être cavalière
Quand on n’a que son lit pour tout cheval d’arçon !
Mais, dans l’obscurité, Jeanne ricane à son
Chevet : car c’est un poulain dont les pieds n’ont pas de fers…

Chrixcel

dimanche 9 avril 2006

dimanche 2 avril 2006

WAULSORT, Belgique


Waulsort, c'est le nom du bled où nous nous sommes réunis le week-end dernier pour l'enterrement de vie de garçon de notre pote Vincent. Comme on peut le constater, le week-end fut coloré malgré le temps incertain et la bonne volonté de chacun nous a donné des déguisements plus ou mois "maison". Voici une modeste sélection (car il y avait bien d'autres personnages mais impossible de les mettre tous !) : un Batman qui n'avait pas tout à fait les yeux en face des trous, un Superman et une Superwoman fort bien assortis, une Madame Claude très pince-sans rire, un cloclo (le futur marié) et quelques greluches s'efforçant d'imiter les Clodettes pour agrémenter le tout. A votre avis, où suis-je ?

lundi 27 mars 2006


J’avais promis au priM@tt que j’ajouterais une corde à son Arche : un spécial mots-fléchés animaux. Le voilà !!!!! Assorti de la version "Chrixcel" fait à partir du site de Southpark.

CLIQUEZ POUR VOIR EN PLUS GRAND ET A VOS CRAYONS !
ATTENTION, C'EST UN CHTI PEU DIFFICILE ;-)


Et hop, pour se détendre, en prime un petit lien sympa d'un videoblog amateur : http://www.dailymotion.com/

mardi 21 mars 2006

COME BACK EN VRAC


Le déménanniversaire du 12 mars dernier s’est bien passé, heureusement nous étions une bonne douzaine. Nous disposions d'un camion de 20 m3 (conduit par un Coco fabuleux de flegme et de professionnalisme - qui eût cru Coco à l'aise en poids lourd ?)...un seul voyage pour transporter tout le barda (ouf !) nous a suffi. Une bonne dose d'activité corporelle, 30 bougies (es)soufflées pour l'occasion sur un excellent gateau au chocolat fait par Momo, et un peu de sport cérébral (montage de meubles IKEA oblige) ne m’ont pas empêchée de m’apercevoir en cours de route que j’étais en train de clouer le fond de mon meuble à chaussures à l’envers ! C’est le champagne, M’dame, c’est le champagne…le sens caché du fond cloué à l’envers, une façon de se dire : « je ne le touche pas encore » (le fond…).

Bref, il nous reste encore quelques cartons à mettre à la cave mais, après des soirées passées à trier la paperasse envahissante, l’essentiel du boulot est derrière nous. La question est de savoir si je pourrai un jour atteindre cet idéal de vie qui consiste à ne vivre avec rien, c'est à dire à me suffire à moi-même, à me contenter de quelques nippes, d’un bol de soupe, d’un matelas pourvu d'une latte et demie pour coucher par terre, sans télé, sans ordi, dans l’ascétisme le plus total, et ce afin d'atteindre le nirvana domestique. La réponse est : NON. Arrêter d’acheter, de consommer, de me laisser tenter : définitely NOT. Je suis un pur produit de la société de « con-sommation», phénomène aggravé par le fait que je sois une femme. Si j’assume ? Complètement. Si j’ai honte ? Un peu. Si ça m’empêche de dormir la nuit ? Ben non. Tant pis, on est contente, c’est bien. Déménager, c'est aussi...se ménager !

* * *

P.S. : Deux véritables photos d'animaux provenant du site de CNN pour agrémenter le relevé crypto, envoyées par mon très cher Darling Dear Love qui se reconnaîtra. Admirez cet étrange crustacé, homard hirsute issu des profondeurs abyssales qui vit non loin de l'île de Pâques, et dont le nom scientifique est kiwa hirsuta. Ses pinces, recouvertes de longs poils duveteux blonds, nous font penser à quelque drag queen marin. Et que dire de cet étrange rat-écureil (laonastes aenigmamus), espèce qu'on croyait disparue il y a des millions d'années et qui resurgit quelque part dans une forêt oubliée du Laos ?? Bon, évidemment, ce petit rongeur nocturne est beaucoup moins spectaculaire, mais il fait l'objet de controverses scientifiques quant à sa classification spécifique. Ah, la nature...

mercredi 1 mars 2006

POUR LUNABA'S BOUDOIR
"Chairâmi"



Icebergs, sphères de glace...
Ce frémissement qui dessine sa grimace
En moi regimbe, me crispe, me surprend de sa verve !
Bercée par des flots imaginaires j’embrasse, nue, cet îlot de fièvre
Et la petite mort sabre ma volonté, m’attriste d’une allégresse paradoxale
Rendant toute lutte vaine ; je ne suis plus qu’un flocon agrippé à la nuit. J’avale des
Gerbes d’eau qui gercent mes lèvres bleues ; puis je rougis, je gémis, je jouis, je gis, je gèle
Sous la coupure fatale d’une vague d’émotion infinie : l’amour qui monte en moi et défie l’éternel.


dimanche 26 février 2006

TOUT LE MONDE EMPALE
(Kitapki sur l’invitation de Gilroy)

Il y a tout un monde de la chanson française qui m’insupporte : mercantilisme oblige, la « star’ abracademy », se veut une sorte d’Académie Française populaire transformant comme par magie Monsieur et Madame tout le monde en stars éphémères, étoiles filantes du mauvais goût et du formatage de cerveaux lents.

J’éprouve d’ordinaire une certaine indifférence pour cet univers, mais parfois j’ai des relents de dégoût quand j’aperçois, au détour d’un kiosque à journaux, l’une de ces tronches ultra-maquillées, couvertures sur papier glacé qui réussissent à peine à masquer l’ordinaire et la vulgarité de ces faces qui s'effacent, heureusement, avec le temps, mais qui sont remplacées par d'autres, qui leur ressemblent, avec la logique implacable d'un mécanisme rodé et bien huilé. On ne change pas un business qui marche.

J’aurai pu ainsi trancher le cou de toutes celles que j’appelle « les brailleuses » ou les étrangler avec leurs propres cordes vocales, mais j’ai préféré la bonne vieille méthode, et je les ai empalées non sans une certaine satisfaction. Ici sur leur pal sanguinolent rien moins que Lââne, « Peter » Diam’s et Lara Fabule, mais j’aurais eu plaisir également à épingler Mollewen, Céline Fuyons, Emma Daubasse, une Hélène qui S’égara dans les comédies musicales à deux balles ou encore Lorible...

Vous les avez reconnues, eh oui, elles sont redoutables, certaines ont comme point commun une voix faite de trémolos de gueulantes et d’autres beuglent sans savoir même ce qu’est une note de musique. Elles ont des piercings pour faire re-belle, ont toutes posé à poil ou presque, ont toutes les mêmes sourcils dessinés à la décalcomanie ou des brushings meringués. Les voici donc, telles qu'en elles-mêmes.



P.S. : Je précise à tout fan de ces greluches qui passerait par ici que, même si en ce moment le type d’expression qui consiste à caricaturer les idoles est quelque peu controversé, cela n’engage que ma propre responsabilité et reste avant tout la manifestation de la liberté d’expression, droit fondamental. Toute ressemblance avec des personnages de la télé réalité serait purement fortuite.

mercredi 22 février 2006

Le Télérime définitionnel

Pour revenir à mes passe-temps oulipiens, j’ai composé un poème dont la contrainte est la suivante : les vers riment 2 à 2, vers dont les pieds sont constitués de termes qui en cachent un seul autre, lequel s’efforçant de coller à la signification du vers même ou des vers suivants. Ce « mot de la fin » est une définition, en quelque sorte, concrètement ou métaphoriquement au sens interne, du poème.
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ALLAITEMENT

Un têtard à sa mère, crâne nu : un vent tif
De ses gargouillis intestinaux se déclare, hâtif :

« Poitrine pouilleuse ! Ôte de tes seins tes tiques ! »
La mère, siliconée, arbore un profil lactique...

Ce faisant elle cherche à faire sans délai taire
Les cris de son petit, patiente et fait « mère ».

Elle attire son enfant sur ses seins et vainement
Car de ses ongles il perce leur chair et les fend.

Autrefois fœtus, la vivante cellule ose
Une main assassine qui agit en dix poses

La molle poitrine devenant en un sens, cible
De ces jeux pervers : elle a un, dix, six bleus !

Maman elasto-mère pleure mais bébé, gêné râle :
« Ô mer à fossés, cache tes habits sales ! »

Le père, sévère, arbore un hâle pas gai :
Prenant le biberon, s’échauffe, simule l’arrêt, niais :

L’enfant le regarde, ses yeux mi-clos aqueux
Affectant le sourire du petit mâle heureux

Car dans ce biberon blanc il voit l’acte et
Tout moyen, même plastique, qui le nourrit, sied

A sa terrible soif infinie de masse à créer
Le sein remodelé qui lui reste en famille lié.

Et voici l'insub-mère-cible :

dimanche 19 février 2006

BRAVO DIANE !!!


§§§§§§§§§§§§ Félicitations encore pour ta performance, Diane ! Les mots-croisés, un passe-temps comme le dessin...en pleins cartons de déménagement, j'en profite pour trier les vieilleries que je n'arrive pas à jeter par sentimentalisme. Et voilà que, plongée dans mes vieux cours d'allemand, je retrouve sur une page un croquis de femme coiffée de serpents, une méduse d'opérette sur laquelle j'ai passé l'heure de cours, qui devait passablement me barber. De mémoire, la prof était loin d'être une vipère, mais je devais ruminer quelque venimeuses pensées lorque l'envie m'a piquée de faire serpenter ces volutes inachevés sur mon cahier de cours de langue...bifide à défaut d'être bilingue. Dire que ce croquis a plus de 10 ans...ça ne me rajeunit pas ! §§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§§

mercredi 15 février 2006


(¯`'•.¸(¯`'•.¸(¯`'•.¸(¯`'•.¸M O T S CROISES¸.•'´¯)¸.•'´¯)¸.•'´¯)¸.•'´¯)

Avis tous les webcruciverbistes ! J’ai concocté une grille personnalisée pour vous faire un peu travailler les méninges. A vous de jouer...

HORIZONTALEMENT
1. Des mondes virtuels très…personnels.
2. Revers de saison. Refus.
3. Pronom masculin. Galvanisai.
4. Gaussait (se). Pareils.
5. Colles.
6. Obsession de l’agent Mulder. Titre d’un film de James Cameron.
7. Riz anglais ou auteur d’Entretien avec un vampire. Meuble en désordre. Particule.
8. Congé religieux. Interdis.
9. Conjonction. Etalé sur les blogs. Marque de sport en abrégé.
10. Fille de famille. Organe de filtration.
11. Indispensable pour bloguer. Roulé. Voyelle doublée.
12. Général nordiste. Châtiant.

VERTICALEMENT
a. Objets d’un passe-temps cher à Doune.
b. Note. Acide.
c. Métal. Rassis. Possédée.
d. Etat des USA. Couleur tirée du jaune.
e. Version anglaise inversée. Symbole chimique. Entreprise Industrielle.
f. Semblable. Genre littéraire.
g. Types de journaux virtuels.
h. Invente des histoires. Existes.
i. Eludes. Ruisseaux.
j. Peut se retourner.
k. Disperse. Habitant du désert.
l. Souviens-toi du vase de…. Immense toile.




lundi 6 février 2006

A PARIS, TU RIS PAS

C’est lundi. Aujourd’hui j’ai pris la résolution d’arrêter de faire ma tête de cochon. De me lever du bon pied, avec ou sans café, de ne pas jeter de regard noir à mon homme à chaque fois qu’il occupe les chiottes de la salle de bains. De ne pas pester contre le voisin du dessus qui joue de la gratte avec ses pieds et de ne pas en vouloir au monde entier parce que je dois me lever, me réveiller de cette douce torpeur dans laquelle j’étais si bien, si bien…

Je sors de l’appartement, un franc sourire plaqué aux lèvres, et je descends jusqu’à l’arrêt du bus 81. Vingt deux minutes d’attente. Vingt-deux. Putain mais qu’est-ce qui se passe encore ! Au loin je vois cligner de leur lumière agaçante les gyrophares. Un accident. Moi qui voulais être cool aujourd’hui, c’est raté. Je respire une goulée d’air et m’enfonce dans ce trou noir tant haï, le métro. La ligne 13 est une des pires lignes qui soient, ça n’arrange pas mes affaires. Je vais essayer de pas faire la gueule, mais je râle intérieurement. C’est à peine supportable, avec ces néons agressifs, les gens qui me bousculent et qui me frôlent, seulement à quelques millimètres de mon corps en ébullition. Stupides, hagards, on se retrouve en troupeaux serrés dans un écheveau de fatigues humaines. Les yeux sont mornes, tristes, tandis que mes écouteurs diffusent l’Hiver des 4 saisons de Vivaldi. J’écoute avec une sorte de jouissance violente, comme si ce mouvement raisonnait en echo de mon chaos intérieur.

A la fois lasse et soulagée, je sors du métro en me faisant la réflexion que les gens ne peuvent pas être si noirs, qu’il faut que je me force à être un peu sympa, moins égoïste et tournée vers mon petit cauchemar personnel et dérisoire. Accepter l’autre, accepter la promiscuité, voilà la clé. C’est sûrement ça qui me réconciliera avec le monde. Après tout, je ne suis pas obligée de faire comme tous les Parisiens à la mine grise et au teint pâle, dont les seules valises, symboles d’un voyage qui se limite à l’intra-muros, sont des attachés-cases ou des ombres sous les yeux.

Comme je deviens aigrie, comme eux, je deviens méfiante, haineuse, et je pers mon sens de l’humour. Avant, j’avais ce détachement qui me permettait le haussement d’épaules fataliste de qui sait apprécier sa ville avec ses défauts, ses tares, ses travers. Maintenant, je l’aime et je la déteste. Je l’aime par ce qu’elle est belle, et en cela je retombe du côté superficiel et de l’apparence. Et je la hais parce que ses intestins me digèrent et me bouffent. Les amibes qui y pullulent sont devenues des ennemis qu’il faut cataloguer, critiquer, détester. C’est dans ces moments-là que me viennent à l’esprit toute l’ampleur et la pertinence de l’expression "humeur massacrante".

vendredi 3 février 2006

>>>>>>>>>>>>>>SKI > SKY > SKAÏ > S'CAILLE !!!!^^^^^^^^^^^^

Quelques pix de l'église de la Giettaz, du Montblanc, de la copine Valérie en snowboard, pi moi...C'était la semaine dernière, y avait du soleil et c'était troooop cooool ! Fourbus de nos 6 heures à donf sur les pistes, ça finissait en tartiflette ou en fondue -- et dire qu'on espérait fondre après comme neige au soleil sur les pistes (pfffu !!!). Poudreuse aux yeux, on se fumait au UNO, jeu de prédilection pour se détendre les genoux et les cuisses malmenées à coups de virages toniques. A - 10 sur les pistes, on se réchauffait le midi au vin chaud à la cannelle mhmmh ! Que c'était bon. Faudra attendre l'année prochaine...