lundi 30 octobre 2006

OUROBOUROS

Voici une de mes nouvelles créations à contrainte : un poème dont les vers riment bout à bout de manière homophonique. Je le baptise "Ourobouros" car, à l'image de ce serpent qui se mord la queue, il symbolise l'éternel retour, la boucle bouclée et aussi peut-être une cercle qui se veut versé à défaut d'être vertueux...



Ici c'est plus lisible :

Je dis en ce jour de jeudi :

- « C’est aujourd’hui que je m’amuse ! »

J'accuse que mon époux Jacques s’use

Mais je vois soudain mon amant tout transi

J'enfile un slip et lui dis : « Jean, file !

Ciel ! mon mardi est arrivé pile ! »

Ramdam affreux je rame, dame,

Pour tenter d’éviter le drame

Mes cieux sont tombés, messieurs

Oh la scène qu’il m’assène, parbleu !

Ce qu’on raconte donc sur ce con

Mon époux n’est qu’un vieux barbon !

C’est vérité, toute sa sévérité

C’est pas pour ça que je l’ai épousé !

- « Jeunesse ô ma femme, que je naisse

Se passe » me dit-il, « tu m’abandonnes…

Matin chagrin si bien m’atteint

J’aurai souffert en mon automne…

J'enviais les bourgeons de janvier

Quand j’étais encore jeune homme,

Je niais l’amour, tel un jeune niais

Et dans mes nuits c’était tout comme…

Mais j’errais pour une mégère

Au moindre pied posé dehors…

Je ne voulais pas d’une femme si jeune

Et pourtant je t’ai liée à mon sort

C’est que je t’aime ! Mais aimer un cœur sec

Qui vous tue à coups d’amants

Non, sans rire, c’est un non sens !

Une femme infâme, oui, je la rends :

Pars donc, emporte avec toi mon pardon ! ».

« Bouc en colère, il m’indiffère ton boucan !

Lui répondis-je. Oui, je rejoins là mon amant :

J’étais si sûre d’être jetée

Que j’avais déjà pris les deux vents !

mardi 24 octobre 2006

L i b é r e z l e s a i l é s,
D é v i s s e z l e s s c e l l é s !



Voilà de bien drôles volatiles volubiles qui virevoltent dans tous les sens...à vous de les répertorier tous ! Je profite de l’opportunité pour vous donner un aperçu du travail de Djoulian (cf. ci-dessus). Merci à lui.

* * *

Coucou : c'est deux fois plus de torticolis, mais le col y brille
Comme un cygne précurseur, avant-coureur en bas résille,
Emu l’émeu se meut au mieux dans son armure, serein et lent,
Terne flamant gris qui n’atteint l’éclat ni de la flamme ni de l’amant.

On se gave des fois gras mais cécité fait l'oie : c'est l'oisiveté...
De la caille, oui mais en gelée, faisons-là réchauffer
Avec un hibou à cent degrés qui ne fait pas toujours "cuit ! cuit !"
La pie d'air est lapidaire : lapeuse au tapis, tapeuse au lapis...

Naïf, le pigeon déplumé crie bis : "au vol ! au vol !" mais qui l'eut grue ?
Le go ! élan n'est jamais plus vif au ciel que transporté aux nues.
Caca tôt est-ce ? Déjà les dindons dodelinent en mare à boue
Où donc trouveront-ils leur divine aigrette, sera-ce alouette d'Eden ? Où ?

« Y a qu’à faut qu'on » nargue le pervers épervier, tournez vos tours !
Oh ! mon héron, carré dans son plumage, fait la manche haut pour les sourds
Le canard est meilleur sauvage : mais il se lit mieux enchaîné que libéré...
Ai-je l'air âgé d'un geai dégénéré si j'éjecte de légers jets jais ?

Je lis, note, et cache mes yeux de merle enfouis à la dérive
Nous en pinçons assez pour change eider, mais comment faut-il que je l’égrive ?
Tout fout le camp...tout : quand ? On s’interroge sur ces collègues :
En effet, momot, bulbul et caracara sont de bien drôles de bègues

Et si le moineau n'est pas nécessairement un petit cistercien
Perruche et perroquet sont la quiétude des abeilles et des chiens ;
Les colombes à rhum, hors nid, tôt trinquent, car mises en bières
Et le corbeau ? quel corps ce laid, sortez vos nichoirs ! - et une guêpière...

Le paon talonne, le jar téléphone, et le pélican cane, quels butors !
Pas mieux que ce pic-sou de pingrouin : c'est un con d'or...
Ma préférée est chouette, et pourtant il y en a qu'elle effraie :
Quand elle perd la parole, bah…moi j'en reste mouette !

* * *



Admirez ce magnifique « touc en cage » qui nous regarde avec son oeil bleu presque humain, triste, derrière cette grille...Voir les animaux derrière des barbelés, ça me fait toujours quelque chose. Ca me met terriblement mal à l'aise. Ce soir, j'ai une pensée pour eux.

lundi 16 octobre 2006

R-h-y-m-i-n-g T-a-u-to-l-i-p-o-g-r-a-m


Celui-ci m’a fait baver des ronds de chapeaux : pas un seul "e" qui n’aime le "m"…un texte dont on omet volontairement un ou plusieurs caractères s’appelle un lipogramme (grec
leipô = laisser + gramma = lettre), tandis que si les mots d’un texte commencent tous par la même lettre, on l’appelle tautogramme (grec to auto = le même). Voici donc un poème qui mixe les deux et que j’appellerai en toute logique un « tautolipogramme », celui-ci ayant en plus la particularité de contenir des rimes.



Mardi, montrant mon minois matutinal,
Mon miroir mural, maculant magma, marquait minuit...
Marginal, mon moignon marron muta mal
Ma main mollit, mon mascara mixa, manuscrit

Minant mon moral mistigri, mon micmac matou mis !
Maudit maboul mordu morfla manu militari
Malabar malpoli, moi murmurant "motus, minus !" :
Marmot malappris mâchait mon mamelon mou.

Maint masculin malfrat malaxa mon mol mucus,
Maillon minimal mastiquant mollo mon minou,
Mais moins malin monta mon mohair mirador
Mamours morts, moutons moribonds, malfaisants matadors !

Malandrin maladroit mimant mastard mondial
Mon mac Max mit mordicus massifs mammouths :
Modifia manants, mania millions, mina mazout,
Moissonnant moisi, massacrant milliards, miaulant mistrals !

Max-imal mordit moult macadams mandchous,
Misant mah-jongs, mignons mikados, moulant maman,
Mais mondain mandarin migra monobloc, matraquant
Mon mur mastoc. Motif : mata mari, mon mauvais manitou…


PS : ci-dessous le classement du concours de dingbats...

DINGBATS RESULTS

Voici le tableau de résultats des participants de talent, avec en peloton de tête très net la facétieuse Bérénice avec 24 (!) bonnes réponses, suivie de près par le croquemitaine (euh…pardon je voulais dire « croquis-m’étonne ») Dark 2 (19) et de la non moins émérite Diane (8)… L’expression exacte à laquelle je pensais c’est « faire le tour de la question » mais bon dans ma grande magnanimité je vous l’accorde ;-)

Spécial place d’honneur à Zecoco qui, non content de plancher à fond sur le Livre Noir II, trouve encore le temps d’inventer des expressions..
moi je dis : !!!

dimanche 15 octobre 2006

Autant n’en emporte pas le vent…

Un seul souffle suffirait-il à essaimer tout ça ?

Chers blogpotes,

Après de longues séances de triturage de cerveau pour écrire mes textes à contraintes et rébus de tout poil, je ressens le besoin de reposer quelque peu mes méninges endolories. Connaissez-vous ce jeu qui consiste à taper dans Google un mot au hasard suivi de « c’est » puis à recopier les résultats cohérents qui s'affichent, en prenant les plus intéressants ? Voilà ce que ça donne avec « le pissenlit». Je me suis limitée à 10 résultats, en changeant l’ordre au feeling mais ça donne un texte rigolo…on peut essayer aussi avec son prénom. La photo, c’est dans un jardin, à Flacey (21).

Le pissenlit…

c'est pissant !
c’est le cauchemar des amateurs de pelouses bien vertes
c'est la chaleur de genièvres, de capucines, d'églantines, de marguerites, de pivoines
c'est l'astre et la bougie
c'est la plante qui guérit l'énurésie
c'est aussi le dent-de-lion (rapport à la forme des feuilles)
c’est la vie, les hommes qui l’oublient, c’est la racine du mal
c'est ma fleur préférée, on dirait un petit soleil
c'est comme un bonbon !
c'est le symbole de Larousse, mais avant que les graines essaiment...

mardi 10 octobre 2006


Saviez-vous qu’en typographie il existe des mots complètement biscornus ? Car, si le couillard est un ornement que l'on met à la fin des chapitres, la colombelle ou gouttière est l'espace séparant deux colonnes de texte. Le colophon colle au fond, puisqu’il désigne la note finale d'un manuscrit ou d'un imprimé contenant les références de copie ou d'impression.

L'esperluette est le logogramme &, et l'arrobe, ou arobase @, proviendrait de l'arroba, unité de mesure de poids et de capacité autrefois en usage en Espagne et au Portugal et qui était désignée par le même symbole. D'après une autre étymologie populaire, arobase proviendrait de la contraction du terme typographique « a rond bas » (bas pour bas-de-casse, caractère minuscule). En anglais, cela pourrait être une contraction de arrow back, par analogie avec une flèche empennée s'éloignant du tireur.

DINGBAT

Le dingbat est une police qui au lieu d'avoir des lettres a des motifs ou ornements. Il sert le plus souvent de séparateur. Le mot proviendrait d’une onomatopée forgée de l’anglais : l’espace autour du texte ou du motif serait rempli en faisant tinter (« dinging ») l’ornement dans la page puis en battant (« bating ») ferme pour le préparer à l’encrage. Dingbat veut aussi dire imbécile en anglais, peut-être l’équivalent de notre «toc-toc» ou «toqué» pour reprendre une onomatopée à nous…

Mais le dingbat est aussi un jeu de mots d'origine anglaise, inventé en 1987 par Paul Sellers, journaliste anglais et auteur de bandes dessinées. La caractéristique du dingbat est qu'il ne fait appel à aucune connaissance particulière, mais uniquement à l'astuce. Entre rébus et définition de mots croisés, il peut consister en une sorte de traduction graphique d’expressions toutes faites. Ex.: PLAplatsTS = mettre les petits plats dans les grands.

Selon ce principe, saurez-vous retrouver ceux-ci, dont une bonne moitié sont issus de mon imagination délirante ?

Sources : Wikipedia





lundi 2 octobre 2006

Sonnet à cordes

  • A l’heure où je te parle, j’entends un violon
  • Dont l’archet semble crisser sur mes os en poussière
  • Une poudre de notes sourdes qui sans aucune raison
  • Incinère ainsi mes nerfs comme une craie sur du verre
  • Allongée sur un sommier jonché de harpes noires,
  • Leurs cordes vibrent en moi d’une douleur suprême :
  • Laisse-moi je t’en prie d’un seul coup âpre boire
  • Cette pluie d’éternité que j’emporte en emblème !
  • Car ce blason de fer, emmêlant trèfles et sang
  • Est un bien piètre écu contre qui m’assassine :
  • Un vampire, ma corde sensible qui lacère mes chairs
  • Un vent pire m’accorde sans cible, qui lasse, erre, et m’est cher
  • Vibrato barbelé, je t’écoute et te sens :
  • Tu étoiles mon corps de constellations sanguines.