lundi 30 mars 2009

CANAL FLUX


OURQ CANAL

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Je me crois bien mise mais je suis floue et pas au point,
Point de vue imprenable du haut d'un grand toit clair
Toi sur ma tête, le soleil couchant darde ses pics de verre
Vers mes yeux : le canal lacrymal s'écoule et je ne vois rien !


GLASS STARS
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Je voudrais découvrir dans ce trou de lumière l'essence :
Les sens de tes rêves et l'onde de tes secrets ;
Se créent des liens au fil de tous ces signes muets
Mués en débris épars troublant ma paix intense...

PEACE SYMBOL
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Il y a un temps pour tout dit-on, à trouver nos élans
Poncifs de la raison quand le coeur dit autre chose
Chose espérée : que tu m'ouvres cette porte close,
Sous ce vent de poussière, Pantin qui tue mes tympans !



BROKEN
HEART
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Pans teints de tags, murs, je me perds dans vos veines
Vaines réponses si j'écoute le cri de vos silences
Si lentes soient mes pensées, à rouiller elles s'enchainent
Sans chaine pour les retenir à ma voix qui s'élance...

RAILWAY SUNSET

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lundi 23 mars 2009

HIGHGATE

Cela faisait longtemps que je voulais visiter le cimetière de Highgate. J'ai eu l'occasion lors de mon récent week-end à Londres d'y passer une délicieuse matinée. Ce cimetière fut créé en 1839 (partie Ouest) et étendu en 1854 (partie Est). Coïncidence, c'est à cette même date que fut ouvert le cimetière de l'Est de Paris que nous connaissons sous le nom de Père-Lachaise. Mais, si la visite de notre célèbre nécropole n'est ni payante ni soumise à conditions, j'ai été un peu déçue de ne pouvoir visiter que la partie est et de devoir m'acquitter d'un droit d'entrée...cela s'explique par le fait que le cimetière est privé et ne "survit" que grâce à des subventions et une association qui veille bénévolement à son entretien. La section la plus ancienne et probablement la plus intéressante n'ouvrait que l'après-midi. Elle est en effet fermée en dehors des heures de visite à cause des agissements de fanatiques profanateurs. Cela ne m'a cependant pas empêchée de rester 3 bonnes heures dans ce jardin oublié où pas âme ne passe. Ce cimetière fut le théâtre de nombreux événements paranormaux au XIXème siècle. Il inspira notamment Bram Stoker pour l'écriture de Dracula après l'exhumation du corps de la jeune poétesse Elizabeth Sidal, qui fut l'épouse du peintre préraphaélite Dante Gabriel Rossetti...les vampires reprirent ensuite du service en 1970...mais personnellement, je n'en ai croisé aucun !
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Alors, que fait-on pendant 3 heures dans un cimetière ?

C'était un havre ensoleillé ce jour-là. En dehors des sentiers goudronnés, je fus d'abord frappée par la folie d'herbes sauvages et de ronces qui se faufilait au travers d'une forêt de stèles ébréchées aux croix entrelacées de racines tortueuses. Des écureuils sautillaient sur les chemins encore boueux d'une pluie récente, et je m'efforçais de les suivre en évitant les flaques. Mais ils étaient bien trop rapides, les épines se piquaient dans ma peau et m'empêchaient de courir. J'avançais donc lentement entre les buissons et les tombes, tout en ouvrant de grands yeux, à l'affût du moindre détail à prendre en photo. Les statues d'anges, dont l'expression changeait au gré des nuages qui filtraient la lumière, semblaient sourire à mon approche. J'étais bien. Je goutais la paix, comme en écho à cette croix de pierre où les mots "Peace, perfect peace" étaient gravés.
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A Highgate, la végétation est parfois si dense qu'on ne peut faire autrement que de marcher sur les dalles, sur la pointe des pieds, comme pour ne pas réveiller les morts. Des bancs de bois attendent à la croisée des chemins qu'un promeneur vienne se caler au creux de leurs accoudoirs. C'est sur l'un de ces bancs que je fis une série d'autoportraits; je m'amusais avec la lumière du soleil qui frappait de plein fouet mon visage un peu trop blanc.

L'endroit se prêtait à une douce rêverie romantique. J'y rencontrais des yeux d'écorce qui semblaient m'inviter à lire les épitaphes anciens.

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Le temps d'une pause, j'aurais pu m'adonner au fameux tea time anglais, mais il était trop tôt pour cela, et je ne trouvai pas de tasse dans les enchevêtrements de lierre jonchant le sol. A 1 o'clock, j'étais imprégnée du lieu, j'avais respiré de l'air pur, et j'avais offert mon visage à la caresse du soleil. C'était suffisant, et pourtant je m'arrachai à cette terre avec quelque regret. Je savais que je reviendrai ici pour visiter la partie secrète lors d'un prochain passage à Londres. Ces prémices m'avaient ouvert la voie d'un ailleurs mystérieux...à creuser !

mardi 10 mars 2009

DES ACROSTICHES...POUR LES ARTISTES QUI M'INSPIRENT !

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Pour FKDL


Session collages "Rue STICK" rue du Roi de Sicile le 1er mars 2009 à l'initiative de Skio


Fariboles de papier en petites coupures
Régalant de couleurs les crépis de nos murs
Avec des arabesques qui chassent le cafard :
Nos bribes d'existence semblent y trouver l'espoir
Comme des fantômes noirs, éphémères insomniaques
Kaléidoscopiques, ils clinquent et puis claquent !
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Dansez donc, figures de fête, que l'on décolle !
Un pas vers le ciel et un autre dans la rue
Voici venu le temps des belles farandoles
Amour, échanges et liberté sont ces mots qui tuent
L' indifférence urbaine et les misères humaines.

Le blog de Franck

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Pour RUE MEURT D'ART
Visite de l'atelier de Jean-Marc Paumier début 2009


Louise Brooks, cité Prost, Paris (crédit photo : Gérard Lavalette, merci à lui)



Rue, tu t'émeus quand mes émois se meurent :
Une âme sensible et nue se mue en un murmure
Et d'un mouvement magique à méditer, le mur

Me raconte un poème de mots en mi majeur.
En mes mirettes alertes s'essaiment tes messages,
Une rumeur m'aligne en une tumeur maligne :
Rhume semant des perles d'art à mon cou que j'incline
Très haut pour y revoir s'imprimer tes visages.

D'une main je salue ces mômes de papier
A effets de fée, je musarde et m'amuse, car
Rutilant joyeusement sous mes fémurs défaits
Ton macadam est libre et joue ses avatars.

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Pour Guilhem et son JADIKAN LIGHTNING PROJECT

Session light graff dans une ancienne boîte de nuit avec le PGC

(aux lumières : Cxl, Tat, Thias et Guilhem - crédit photo Guilhem)


Graphes de lumières, de lasers en loupiotes
Une symphonie de tons pour éclairer tes notes
Illusions, lettres de feu dont l'écho nous étonne !
La nuit se fait l'écrin de tes spectres dansants
Habillés des étoiles que tes diodes fredonnent
En calligrammes de feu surgissant dans le noir :
Magie blanche mystérieuse parfois née du hasard...

Son Flickr

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MERCI A EUX !

mercredi 4 mars 2009

QUAND LA MORT S'AFFICHE

En histoire de l'art, les memento mori ou les natures mortes sous forme de vanités sont un rappel du caractère transitoire des plaisirs de la vie. Ces questions philosophiques se retrouvent à travers les âges et dans l'iconographie contemporaine (publicité, mode et arts), qui décline la tête de mort sous une multitude de formes dans une symbolique commune. Ce qui me fascine c'est l'ingéniosité des artistes illusionnistes qui se jouent du subconscient tout en créant un effet visuel étonnant. Le graveur hongrois Istvan Orosz a donné dans ses illustrations toute la mesure de sa maîtrise du trompe-l'oeil. Dali, Zurbaran, Charles Allan Gilbert et bien d'autres, on travaillé sur des illusions d'optique incluant des crânes (voir ci-dessous).
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On retrouve de façon récurrente des jaquettes de films d'épouvante basées sur le même principe. L'affiche de Terminator montre un plan aérien d'une ville faite de composants électroniques à l'image des robots qui l'exterminent à petit feu. The Descent est un calque de la photo de Dali dont l'installation savante de corps humains repliés forme un visage. The Ferryman ("le passeur") met en scène un bateau "nasal" sur front de mer brumeux. The Chill ("coup de froid") affiche les hublots orbitaux des portes, tandis que The Cavern reprend l'aspect troglodyte de notre os creux. Sur l'affiche de Shrooms (abréviation de mushrooms = champignons) se profilent une truffe sombre et deux orbites fongiformes en contre jour avec un paysage lunaire. L'affiche de Pathology est une habile mosaïque de négatifs en clair obscur, là où Cabin Fever et Evil Woods jouent sur l'aspect touffu des feuilles et des ombres pour créer un visuel un peu grossier.

(cliquez +)

Ces affiches ont beau jouer de leur petit effet trompe-l'oeil pour appâter le premier clampin au rayon "direct to DVD", elles ne cachent pourtant pas un scénario souvent cousu de fil blanc ! Dans Shrooms, une bande de potes décide d'aller se perdre en pleine forêt pour se taper un trip aux champis version hallu qui tourne au glauque. Pour continuer dans le thriller forestier, une bande de potes (pas la même heureusement) loue une cabane dans les bois mais se retrouve nez à nez avec un ermite infecté d'une fièvre mortelle qui pourrit quelque peu l'ambiance dans Cabin Fever. Dans Evil Woods ("les bois maléfiques"), on retrouve tous les ingrédients du film d'épouvante pour prépubères avec bien sûr la clique d'ados qui picole de la bière, se raconte des histoires qui font peur autour d'un feu de camp, baise, fume du hash et se fait massacrer par un maniaque de la hache à l'accoutrement ridicule. Une autre bande, de spélélogues cette fois-ci, se fait trucider tout le long de The Cavern, par le mystérieux habitant des lieux. The Descent reprend exactement le même scénario mais avec un groupe de 6 femmes. Pas mieux dans The Ferryman, où un groupe de touristes embarque dans son yacht de plaisance un étrange et débonnaire vieillard rescapé de la dernière marée qui s'avère être un terrible meurtrier ! Dans The Chill, un écrivain raté se prend un job alimentaire dans une épicerie dont le propriétaire prétend avoir une maladie rare qui le contraint à vivre quasiment cryogénisé. Dans l'intervalle, deux prostituées sont portées disparues...un secret se cache derrière les murs glacés du lieu de son nouvel emploi ! Pathology semble sortir du lot avec l'histoire de cette bande d'étudiants en médecine déjantés qui décident d'inventer le crime parfait.

Comme on le voit, ce sont les thrillers et les films d'horreur qui donnent la part belle à la représentation de la mort sur leurs posters. Evidemment ça serait surprenant s'agissant d'une comédie romantique, mais ce qui m'a particulièrement intéressée c'est cette recherche dans la suggestion de la mort par l'image en reprenant le décor et le thème du film. Comme si, finalement, quels que soient les éléments du décor, le visage humain se fondait dans le paysage avec une adaptabilité étonnante. Tout ce qu'on a dans le crâne, tout de même, c'est dingue non ?

Et pour ne pas être en reste, je vous propose un parallèle avec mon billet sur Photograff Collectif, où l'on voit que les artistes de rue aiment eux aussi particulièrement jouer avec l'imagerie de la mort...