lundi 29 janvier 2007

BOUT-A-BOUTIQUES

Voilà qui donne le ton : un mot


C'est du baratin pour bistro


On s'alphabétise mais à la lettre on succombe :


La folie des grandeurs nous élève et on tombe


De très haut ! on y perd même ses cheveux


A force de trop réfléchir...c'est pas mieux !


A trop lire on ne vit plus, on s'isole et c'est l'enfer


Mieux vaut parfois se délivrer des livres et s'en défaire


Ils empestent nos vies avec leurs pages cornées


Ils nous font oublier que la chair est bien plus gaie,


Que la substantifique mie est plus tendre que le papier !

J'adore flâner des heures dans Paris, mais c'est toujours plus amusant de se donner des buts, des jeux...alors j'ai commencé à repérer les enseignes rigolotes comportant des jeux de mots (certes parfois cousus de fil blanc !), et j'en ai fait un petit montage "bout-à-boutiques" avec un poème léger, intercalé, et qui fait office de transition entre chaque photo. Ces clichés ont été pris récemment dans les rue Ramay et la rue des Abbesses (18ème), le boulevard Magenta, la rue du Fbg St-Denis et la rue de Valenciennes (10ème), la rue de Gramont (2ème), la rue d'Amsterdam et la rue Bergère (9ème). J'espère bien en trouver d'autres ! Si vous en connaissez n'hésitez pas à me tuyauter !

vendredi 19 janvier 2007

ROYAL ATTITUDE



Bravitude serait-elle l’abréviatique de « brave attitude ? » La témériste Ségolène ne souffre en tout cas pas de froigidité aux yeux et nous assène avec aplombage une citation de son inventabilité qui lui collera longtemps à la peau : « Comme le disent les Chinois, qui n’est pas venu sur la Grande Muraille n’est pas un brave, et qui vient sur la Grande Muraille conquiert la bravitude ». Non, non, ce n’est pas du chinois mais bien du français. Enormitude, disent les commentataires...

Et pourquoi pas ? Oui, pourquoi les candidateurs aux présidencements ne seraient-ils pas en même temps révolutionnatistes de la languité francisquaise, oui, pourquoi n’aurions-nous pas, à l’instar des plus audaciables programmismes que l’on proposationne au peuplage, une révolutionnabilité totale ? A bas la chômitude, les imposages, l’insécurisme, et vive le sauvement des valeurités de la républiquitude par le Ségolinisme ! Il faut un récupérage des votes au nom d’un discours politationnaire nouveau, portif de sens, et faisant fi des conventismes et des carcans syntagmiques. Car si la languité revêt une symbolité forte, il n’en demeure pas moins que seuls le culturage éclairé et la ténacitude charismatable d’une femme comme Ségolène peut nous sortir d'une marasmitude certaine : l’élucubratisme de certains politicards nous renvoie sans cesse devant cette certainabilité que notre pays n’est pas convenabliquement représentationné et que l’on court droit au catastrophitisme ! Alors, si nous voulons la gagnitude et l’assurabilité d’un avenir royal, votons Ségo ! Ségo, plus fort que les mots.

Et pour prouvationner que tout le mondisme peut sans peinitude comprenir et maîtrisoir le ségolinien, voici une petite amusation; traduisissez en ségolinien le paragraphaire suivant :

Le politique constitue l’un des champs d’exercice privilégié de l’argumentation. Chargé de conviction et orienté par l’action, le discours politique ne peut s’envisager sans une attention particulière à des questions depuis toujours soulevées par la tradition rhétorique et reprises par les théories actuelles du discours et de la communication : le discours politique peut-il être défini comme un genre spécifique ? quels sont les rapports établis entre les théories, les modèles et les pratiques effectives ? quelles relations le discours politique entretient-il avec l’art littéraire ? quelle part accorder à la théâtralité dans le dispositif scénique où il prend place ? peut-on évoquer, à côté de la démonstration et de la séduction, la figure de la manipulation ? comment la conduite du discours s’accommode-t-elle de la violence, celle des actes qu’il régulerait et celle qui lui est propre ? l’idée d’une dégénérescence du discours politique correspond-il à une réalité ou n’est-elle qu’un lieu commun ? (texte fort à propos trouvé sur http://www.ccic-cerisy.asso.fr/argumentation01.html)

vendredi 12 janvier 2007

III – LA VUE
(Glasser & Levenson)



Le troisième dimanche de novembre, je me trouvais assise proche du crématorium qui surplombait la plus célèbre nécropole parisienne. La chaise était pers (vert tirant sur le bleu) et le panorama de croix ornées de tous récents chrysanthèmes ressemblait à mille levers de soleil. Examinant la scène d’un œil attentif, je cherchais le moindre signe ou symbole, la moindre saynète ou bizarrerie…j’observais sans relâche chaque recoin de ce grand jardin où les vivants viennent voir la vérité en face et où les morts leur présentent une dalle impavide, un dédale ou un pas vers le vide. Des filles éplorées s’agrippaient à des colonnes néogothiques et souffletaient de douces épitaphes en prenant leur plus belle pose, tandis que les poètes gravaient leur plus belle prose.

Car tout chantait, tout vibrait d’amour ici-bas ; en scrutant cette cité d’âmes on déstèle aisément : liaisons scandalleuses, amours tumulutueuses ou passions au tombeau qui tombent parfois de haut…Et pour assurer ces liens que la mort ne saurait enterrer complètement, je traquais les racines sarcophages, véritables passerelles entre les sépultures et qui, non contentes d’ingérer des pierres tombales tant elles avaient la dalle, jouaient de leurs langues de bois pour assurer la connexion intra-muros. C’était le téléphone à arbres. Si vous preniez le temps de vous arrêter un peu après avoir repéré un de ces tortueux entrelacs, vous sonniez à l’interfaune : des caprices d’écorces dessinaient sur les troncs des tronches atrocement ridées, distendues et desséchées par une sève absente depuis trop longtemps. Ces anamorphoses moroses me mettaient plutôt en joie ! Je voyais des marcheurs qui n’étaient pas moins rabougris et prenais un malin plaisir à faire d’amusantes comparaisons.

Dans l’allée transversale n° 2, 85ème division, deux tombes jumelles avaient attiré mon attention. Il n’est pourtant pas rare de constater que beaucoup de tombes se ressemblent, construites par le même tailleur, à quelques pas les unes des autres. Ainsi certains travaux de ferronnerie, certaines portes ornées d’urnes drapées sont facilement repérables. Mais ces deux-là, montées comme deux cabines téléphoniques et séparées par moins de deux mètres, étaient tellement pareilles que n’ai pu m’empêcher de les scruter, de les inspecter : à première vue rien ne pouvait supposer un lien quelconque entre elles.

La consonance des noms vaguement néerlandaise ou russe pouvait être un indice éventuel : Glasser et Levenson…si personne de l’une ou l’autre de ces deux familles n’était enterré dans le caveau voisin, elles avaient en commun des noms russes. Cela aurait pu être une explication logique à cet effet de miroir. En néerlandais Leven-son signifierait «vie - fils» et Glasser «verres». Là pour le coup le verre était plutôt opaque car la connivence n’était pas évidente. Mais pas de doute : la calligraphie des noms était quasiment la même ; les concessions dataient toutes deux de l’année 1894 et leur numéros étaient très rapprochés (238 et 288) ; les portes, les enjolivements, un trèfle étoilé sur le côté, la même signature («PJ»), les dimensions à l’identique…Le G en caractère gothique inscrit dans l’œil de bœuf faisait écho au double L formant un X, symbole du croisement, du point de contact, de la multiplication, de la luXure et de l’inconnu : que de coïncidences ! X, c’est aussi le Christ, fils de dieu (en anglais «Noël» s’abrège en Xmas). Et surtout, j’étais troublée par ce terme «admante» gravé en bas à droite de la porte, très lisible chez les Levenson, et à peine effacé chez les Glasser, comme pour rappeler la dureté de l’adamante ou la douceur d’une amante.

Quel secret avait pu être enfoui là, qui ressortait mystérieusement à la surface pour narguer les esprits retors ? Quel feu follet avait vu les funestes ébats de ces deux familles qui poussaient le vice jusqu’à laisser en testament ces sépulcres suspects ? Le glas des Glasser cachait-il la naissance d’un fils né sous X (« Leven-son »), chromosome masculin bâtard sur lequel on aurait mis une croix dessus, et qu’on aurait donc éliminé ? Le double L dissimulait-il une double vie ? L-L, 50-50 en chiffres romains, donc fifty-fifty : chacun avait sans doute sa part de responsabilité dans cette conception à perpétuité. Ah ! fantasme, quand tu nous tiens…quel délire de passer les amours mortes au rayon X, de surfer sur les deux L du mystère…Personne ne se serait donc aperçu de l’existence de cet hypothétique X iLLégitime après tout ce temps ? Voilà une bien belle et authentique énigme que je ne pourrai hélas jamais résoudre, n’étant pas détective et ne possédant pas le don de seconde vue (en fait je suis plutôt myope et astigmate) – donc, à moins de posséder des « glasser » taille XXL…vraiment, je ne vois pas.

jeudi 4 janvier 2007

PRINCE CHARMANT A PINCER MARCHANT


Pavés moussus, ne vous dérobez pas troP
Rêvant de vos ombres grises j'y reste à l'abrI
Il pleut sur mes yeux un crachin d'abandoN
Néfaste rosée qui m'emplit d'un stupide traC
Comme je voudrais bien te pincer princE
Et vers toi marchant, charmant mon espoiR

Courrais-tu après moi sur le noir macadaM ?
Haranguant mon prénom comme dans un opérA
Aimerais-tu me suivre même si je veux m'enfuiR
Rirais-tu avec moi de ma vie mise à saC
Malmenée au fil de ce bien triste almanacH
Avec pour seules histoires l'ennui d'un long comA
Nuit riche d'un mâle poursuivi sans raisoN
Toi que je cherche, ne seras-tu qu'un suivanT ?


Bonne année à tous les crapauds et princesses qui peuplent le monde merveilleux des blogs...Que 2007 soit une année de rêves, d'amour, de dessins, de bons mots et de poèmes et...vive la galette des princes !